La vitesse dans le sang

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Gilles Gagné n’a pas froid aux yeux. Après avoir obtenu un record mondial de vitesse de 340 km/h avec sa motoneige, ce Coaticookois tentera de nouveau de repousser les limites du possible, du 27 août au 1er septembre, mais cette fois-ci sur une moto qu’il enfourchera lui-même.

Il s’agit là d’un passage du rêve à la réalité pour ce passionné, qui a consacré les 36 dernières années de sa vie à fabriquer de ses mains des motos pour la route et la compétition. Plusieurs de ses œuvres ont d’ailleurs permis à des pilotes d’atteindre des vitesses jamais inégalées, comme Francis Morin qui s’est vu confier les commandes de la motoneige lors du record en septembre 2009. Jusqu’à ce jour, M. Gagné a toujours préféré demeurer à l’écart des projecteurs en regardant le clou du spectacle sur les lignes de côté au lieu d’en être la vedette.

Mais tout récemment, un élément déclencheur est venu complètement changer la donne. «Un soir, mon petit-fils Samuel à demander à sa mamy pourquoi ce n’est pas moi qui avais conduit lorsqu’on a battu un record. J’ai alors compris à quel point il aurait été fier de moi s’il avait pu dire à ses amis que c’était son grand-père le plus rapide en motoneige. De plus, mon épouse m’a toujours dit qu’elle sera à mes côtés le jour où je construirai un bolide que je piloterai. C’est ce qu’il me fallait pour allumer ce rêve vieux de 40 ans qui sommeillait en moi, car c’est à 14 ans que j’ai vu pour la première fois des images de Bonneville à la télévision.»

Pour les néophytes en matière de course, Bonneville n’est rien de moins que la capitale mondiale de la vitesse. Chaque année, des milliers de participants se donnent rendez-vous sur ce lac salé, situé dans les plaines de l’Utah, pour battre des records. Pour ce défi, le motocycliste a choisi une Yamaha sportive de 600cc qui est éligible pour la classe 650cc. La marque à battre dans cette catégorie est de 232 km/h. Il tentera également sa chance dans la classe 350cc en utilisant seulement la moitié de son moteur. Un autre de ses objectifs est de se qualifier pour un essai sur la piste internationale. Pour ce faire, il doit atteindre une vitesse de 280 km/h sur la piste normale.

Le propriétaire du magasin Gagné Lessard Sports est bien conscient des risques qu’il encourt en tentant d’inscrire son nom dans le livre Guinness. Mais à ce stade-ci, rien ne l’arrêtera. «J’ai le goût d’enfiler le casque et de faire partie de cette équipe de champion pour lequel j’ai fabriqué des bolides toute ma vie. À ceux qui prétendent que c’est risqué et qui me trouvent un peu fou, je réponds que le plus grand risque serait celui de ne pas le faire. Je risquerais alors de le regretter pour toujours», conclut l’homme de 54 ans.

Il est important de noter que Gilles Gagné ne sera pas le seul Québécois à prendre d’assaut cette piste légendaire, alors qu’il fera équipe avec Stéphane Lefebvre de Toxic Cycle. Véritable connaisseur des Harley Davidson, cet homme de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix a décidé lui aussi de relever ce défi pour une première fois. Pour sa part, M. Lefebvre a préparé une Harley de 100 pouces cube pour s’inscrire dans la catégorie 1650cc. La vitesse qu’il atteindra à Bonneville sera celle à battre, car il s’agit d’une catégorie ouverte. Et comme la moto possède son carénage et ses valises d’origine, elle sera éligible à la bourse de motos Bagger dont le record est de 290 km/h.

Principal commanditaire de l’équipe, Importation Thibault deviendra grâce à cette épreuve le premier distributeur canadien de pièce de moto à s’engager dans un évènement d’envergure internationale.