La face cachée du monde de la lutte

RING.Ils sont policiers, mécaniciens, étudiants ou encore médecins. Une soirée par année, ils troquent le métier qu’ils exercent pour enfiler des bottes et des costumes moulants, le tout, pour divertir une foule endiablée. Ce sont de véritables «fans» de lutte. Et n’allez surtout pas leur dire que leur sport préféré, «c’est arrangé»!

Mathieu Grenier s’est joint au groupe ELA de Coaticook en 2005. Le colosse de 6’1 » et 255lb est bien placé pour affirmer que la lutte, ça fait mal. «C’est facile de regarder ça à la télé et de penser que n’importe qui peut en faire, lance-t-il. Oui, on peut dire que c’est arrangé, qu’il y a une certaine chorégraphie, mais, je peux dire que c’est certainement le sport le plus demandant physiquement que je n’ai jamais pratiqué. Pour ma part, je me lève souvent le lendemain d’un match complètement raqué et même si tout s’est bien passé dans le ring.»

«L’an dernier, mon adversaire m’a soulevé et m’a lancé par-dessus le troisième câble. J’ai atterri sur le dos sur un matelas d’un pouce d’épais. Ceux qui étaient assis à proximité ont senti le plancher vibrer lors de l’impact. En plus, cette journée-là, j’avais une hernie», rajoute celui qui se fait appeler MG Animal.

Les blessures dans le ring, ou en dehors des cordes, arrivent plus souvent qu’on ne le pense. Jean-François Grenier, le frère de l’autre, s’est fracturé les deux bras lors d’un récent gala. Difficile d’expliquer cette situation à son employeur. Yannick Lévesque, lui, a complètement amoché son genou droit, en 2012. Ligament intérieur déchiré, rupture de la corne et fracture du tibia. «C’était une "bad luck". C’est sûr que c’est plate quand ça arrive, mais j’aurais pu me faire cette blessure en marchant sur le trottoir», raconte ce travailleur autonome.

Même certains médecins du Centre de santé et de services sociaux de la MRC-de-Coaticook se prêtent au spectacle. Leur place sur la carte est bien déterminée, puisque ceux-ci doivent quitter avant la fin du gala pour effectuer leur quart de travail, en soirée. Peut-être auront-ils la visite de leurs collègues du ring. Mais, on ne leur souhaite pas!

Performer, c’est leur paie

Les raisons sont multiples de monter sur un ring. Pour certains, il s’agit d’une échappatoire de la vie quotidienne. Pour d’autres, c’est une façon de se garder en forme. Au-delà de ces explications, il y a en a une qui revient à tout coup, celle de s’offrir en spectacle devant une foule.

Le grand manitou des quatre dernières éditions, Yannick Lévesque, en rajoute. «C’est sûr que c’est plaisant être hué ou acclamé par la foule, mais, moi, je le fais pour la communauté. C’est ma paie de venir en aide à des organismes, comme la Fondation de l’hôpital et le Relais pour la vie, ou encore à des familles dans le besoin.»

Recruter des gens afin de poursuivre cette mission, ce n’est pas toujours facile, confie Lévesque. Heureusement, des nouveaux venus viennent s’ajouter à l’équipe. C’est le cas d’Anthony Chapdelaine. Ce dernier vivra un double stress cette année. Après avoir monté sur le ring une première fois en 2013, il occupera deux rôles lors du gala du 3 mai. «Je vais chanter ma "toune" d’entrée, en plus de participer à un combat. C’est la première fois que mon band va se donner en prestation devant une aussi grosse foule. Ça va être un peu comme la lutte. Je vais jouer un personnage», raconte celui qui se décrit comme un jeune homme gêné.

On peut qualifier Scott Paxton comme vétéran. Celui qui a ramené les galas de lutte à Coaticook en 2005 se joint une fois de plus à la troupe. «Mon oncle, qui est maintenant décédé, prenait part à ce genre d’événements dans les années 1990. Vers la fin de sa maladie, il m’a dit qu’il fallait que j’essaie ça un jour. C’est ce que j’ai fait et je ne le regrette aucunement. Je suis très fier de voir que ça se poursuit encore.»