Discussion avec deux arbitres de Coaticook : pas toujours facile d’enfiler le chandail rayé au hockey

COATICOOK. Les arbitres. Quelques partisans aiment les huer pour aucune raison dès qu’ils font leur entrée sur la glace. Des entraîneurs râlent souvent contre leurs décisions, tandis que certains joueurs ne mâchent pas leurs mots à leur égard lorsqu’ils sont envoyés au cachot. N’empêche, il ne faut pas oublier que derrière ces gilets zébrés se cachent de « vraies » personnes, mais surtout des passionnés de hockey. Discussion avec deux d’entre eux, qui sont attitrés à l’Association de hockey mineur de -Coaticook.

D’abord, difficile de passer sous silence ce qui est arrivé à l’officiel de 15 ans, qui s’est fait violemment frappé par un autre jeune joueur, à la mi-mars, au -Centre récréatif -Gérard-Couillard. «Il ne faut absolument pas que ça se reproduise », commente d’entrée de jeu l’arbitre en chef de l’Association de hockey mineur de -Coaticook, -Francis -Robert.

«C’est absolument inadmissible, rajoute Dominic Tremblay, lui aussi officiel au sein du même circuit. Je peux comprendre que le hockey, c’est un sport d’émotion et d’action, mais en aucun cas, on devrait frapper un officiel ou encore toute autre personne qui se retrouve sur la glace. La violence n’a pas sa place au hockey ou encore dans n’importe quel autre sport. »

Bien qu’il n’ait jamais été frappé en 15 ans de carrière, Francis Robert a cependant été témoin de quelques scènes disgracieuses. «Certains de mes collègues ont vu les vitres de leur voiture être cassées. Dans certains cas, ils s’en sont pris à leurs pneus. Oui, ça peut aller jusque là et c’est vraiment malheureux.»

La violence psychologique fait aussi partie du quotidien des officiels. «Ouvre tes yeux, l’cave.» « Maudit jambon.» Ce ne sont que quelques exemples de commentaires pas trop méchants auxquels les arbitres peuvent faire face. «Ça arrive souvent lorsqu’il y a déjà une rivalité établie entre deux équipes ou encore lorsque les enjeux sont plus grands, comme lors d’une finale de tournoi. On se fait crier des noms. C’est facile de dire qu’on se fait une carapace, en tant qu’adulte. Mais, lorsqu’il s’agit de jeunes, la confiance en soi prend le bord assez vite», confirme M. Tremblay.

UN PEU DE POSITIF

Néanmoins, il y aura toujours les côtés positifs du boulot. « S’il n’y en avait pas, je ne me serais pas réinscrit il y a trois ans pour être arbitre », soutient Dominic Tremblay, 38 ans, qui a déjà officié des rencontres de certaines ligues de garage alors qu’il était adolescent.

«Ce qui est aussi agréable, c’est de gérer le match et faire respecter les règlements, poursuit-il. Sans nous, le jeu ne pourrait pas se passer. Et contrairement à ce que certains peuvent penser, c’est loin d’être un « power trip ». Oui, ça exige une certaine prestance et une rigueur, mais on ne s’enfle pas la tête pour ça.»

Il y a aussi la camaraderie au sein de la brigade, comme l’explique Francis Robert. « Je me suis fait beaucoup d’amis que je n’aurais probablement pas connu si j’étais resté chez nous les fins de semaine. Devenir arbitre, ça nous permet aussi de demeurer un peu en forme. En une fin de semaine, tu peux faire jusqu’à une dizaine de matchs. »

L’aspect confiance en soi n’est pas à négliger non plus. «On développe une certaine capacité d’analyse au fil du temps, qui nous aide aussi à prendre des décisions dans la vie courante et de les assumer. C’est un complément dans notre vie civile», confirme M. Tremblay.

Malgré tous ces aspects positifs, le recrutement des officiels demeure difficile pour les organisations de hockey mineur de la région. « Je dirais à ceux qui souhaitent se joindre à nous que c’est une belle école de vie. On voit le jeu d’une façon différente. Jouer au hockey, c’est une chose, l’arbitrer, c’en est une autre. Chose certaine, on a tous la passion pour ce sport », commente Francis Robert.

« Après que t’aies enfilé le chandail rayé noir et blanc, t’es en mesure de comprendre certaines décisions des arbitres et de tempérer tes commentaires lorsque tu vas voir ton jeune jouer. Tu peux facilement te mettre dans sa peau et comprendre. Je suis sûr que ça peut en adoucir plusieurs», rigole Dominic Tremblay.

Une formation est offerte pour les gens intéressés à devenir arbitre pour une prochaine saison. Pour obtenir plus de détails, on peut envoyer un courriel à l’adresse ahmcoaticook@hotmail.com.