L’entraîneur-chef d’ÉCJ Alan Letang en a fait du chemin, de Renfrew à Zagreb

Alan Letang se souvient encore de l’appel téléphonique. 

C’était en 2009, et sa carrière totalisait déjà 14 saisons de hockey professionnel en Amérique du Nord et en Europe.

La voix à l’autre bout du fil lui a posé une question. 

«Il y a une équipe en Croatie… est-ce que tu voudrais t’y joindre?, s’est souvenu Letang après avoir répondu. Je me disais: ‘Quoi? La Croatie? Qu’est-ce que ça signifie? Est-ce que ma carrière est terminée?’

«J’ai pris une chance», a-t-il ajouté.

Cette escale, l’une des nombreuses qui ont ponctué la carrière de Letang dans ce sport, en acceptant de se joindre au Medvescak de Zagreb, en KHL, l’a éventuellement propulsé à l’avant-scène — derrière le banc d’Équipe Canada au Championnat du monde de hockey junior. 

«Une expérience formidable, a-t-il confié à propos de son séjour dans la capitale croate. Je n’y changerais rien si c’était à refaire. Les gens, le pays, l’équipe, la manière dont j’ai été accueilli. Tout.»

L’homme originaire de Renfrew, en Ontario, a passé cinq campagnes à la ligne bleue de l’équipe croate avant de devenir entraîneur adjoint en 2014. 

Letang est éventuellement rentré au Canada en compagnie de sa femme, Krystie, et de leurs deux jeunes enfants, après qu’il eut accepté un poste avec l’Attack d’Owen Sound, dans l’OHL. 

Il a été promu entraîneur-chef en 2019, et a occupé le même poste avec le Sting de Sarnia en 2021. Pendant cette période, Letang a commencé à s’impliquer auprès de Hockey Canada. 

Il était en quelque sorte le superviseur sur la galerie de presse — celui qui transmet les informations aux entraîneurs derrière le banc — lors de la conquête de l’or du pays aux Mondiaux de 2020 et 2023. Il fut également l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne des moins de 18 ans qui a remporté la coupe Hlinka Gretzky l’été dernier. 

Ce triomphe lui a ouvert la voie pour le poste qu’il occupera à Göteborg, en Suède, à compter de mardi dans le prestigieux tournoi réservé aux meilleurs joueurs âgés de moins de 20 ans sur la planète. 

«Un très bon entraîneur, et une meilleure personne encore, a dit Peter Anholt, d’Hockey Canada. La décision a été très facile à prendre.»

L’objectif de l’homme âgé de 48 ans sera de mener le Canada — qui sera privé de nombreux joueurs très talentueux qui se démarquent dans la LNH, dont Connor Bedard — vers la conquête d’un troisième titre mondial consécutif, un exploit qu’il tentera d’accomplir pour la première fois depuis 2009. 

«Les Canadiens jouent d’une façon particulière, a évoqué Letang. C’est notre profondeur, et notre talent, qui nous démarquent des autres. Il faut bâtir des liens avec les joueurs, puis ensuite ajouter ta touche personnelle à la ‘manière canadienne» de faire les choses.

«Tout le monde a un rôle à jouer et des responsabilités. C’est important que chacun d’entre nous accepte ce contrat», a-t-il poursuivi. 

Comme c’était le cas pour Letang lorsqu’il s’est retrouvé à Zagreb, il y a près de 14 ans. Il a tout sacrifié. 

«Mes deux enfants ont grandi en parlant un peu croate, a confié Letang. J’ai appris quelques phrases de base — comment sacrer et commander quelques bières.»

Il s’assurait également que le Mondial junior soit diffusé à la télé du bar qu’il fréquentait chaque Noël, surtout afin d’aider les Canadiens qui avaient le mal du pays à se sentir un peu plus à la maison pendant les Fêtes. 

«Nous aimions crier et encourager l’équipe, s’est souvenu Letang. Il y avait des Européens dans l’équipe, ainsi que certains Nord-Américains. 

«Une saine rivalité», a-t-il précisé. 

Et les partisans du club de Zagreb, s’ils décident de regarder le tournoi cette année, pourront voir un visage familier derrière le banc canadien à l’occasion de la journée du Boxing Day.