La Banque Scotia suspend son parrainage de Hockey Canada

TORONTO — La Banque Scotia a mis sa commandite de Hockey Canada sur la glace. Et d’autres importantes entreprises l’ont imitée.

L’institution financière a fait savoir que cette pause durera jusqu’à ce qu’elle soit convaincue que les bonnes mesures sont prises pour améliorer la culture au sein du sport.

Plus tard en journée, le géant du détail Canadian Tire et la société de communications Telus ont annoncé qu’ils retiraient leur soutien en prévision du prochain Championnat de hockey mondial junior.

Ces développements surviennent après la décision du gouvernement fédéral de geler le financement public de l’organisation sportive nationale la semaine dernière dans la foulée de sa gestion d’une agression sexuelle présumée et d’un règlement à l’amiable.

Hockey Canada a discrètement réglé une poursuite le mois dernier après qu’une femme ait allégué avoir été agressée par huit membres de l’équipe nationale junior médaillée d’or en 2018 lors d’un gala et d’une activité de golf il y a quatre ans à London, en Ontario.

Aucune des allégations n’a été prouvée devant les tribunaux.

Les dirigeants de Hockey Canada ont été convoqués la semaine dernière devant le Comité permanent du patrimoine canadien.

«Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été consterné par les récentes informations d’agressions présumées impliquant de jeunes ambassadeurs du hockey canadien, a écrit le président et chef de la direction de la Banque Scotia, Brian J. Porter, dans une lettre ouverte. Nous croyons que nous avons la responsabilité, en tant qu’amateurs et commanditaires du hockey, de contribuer à un changement positif dans le sport.

«Nous nous engageons à faire en sorte que le hockey soit sécuritaire, inclusif et accessible.»

Porter a ajouté que le marketing et les événements prévus par la Banque Scotia lors des mondiaux juniors 2022 reportés par la pandémie jusqu’en août sont annulés, les investissements étant redirigés vers d’autres programmes, dont un qui vise à aider à éliminer les obstacles financiers pour les jeunes dans le sport, et le Championnat du monde féminin.

Dans un communiqué transmis par courriel, Canadian Tire a déclaré que l’entreprise est «profondément déçue du manque de transparence et de responsabilité de Hockey Canada concernant les allégations d’agression».

En plus de retirer son soutien au Championnat mondial junior, Canadian Tire a déclaré qu’elle «réévaluait sa relation avec Hockey Canada».

De son côté, Telus redirige l’argent de son parrainage de Hockey Canada et du Championnat du monde junior vers des organisations canadiennes qui soutiennent les femmes touchées par la violence sexuelle.

«Nous sommes consternés par les récents rapports d’agression impliquant des membres de l’équipe du championnat du monde junior 2018», a déclaré l’entreprise, dans un communiqué.

Telus a déclaré qu’elle continuerait à soutenir les événements destinés aux femmes et les programmes de soutien aux jeunes dans le domaine du hockey.

Le développement des affaires et les partenariats représentaient auparavant 43% des coffres de Hockey Canada, selon les chiffres de l’organisation, devant les organismes de financement (14%), les primes d’assurance (13%), les revenus d’intérêts (10%) et l’argent des contribuables (six pour cent).

La Banque Scotia a annoncé qu’elle faisait un don à la Fondation canadienne des femmes, qui soutient les victimes de violence fondée sur le sexe. Elle s’attend également à ce que Hockey Canada coopère pleinement à la vérification demandée par le gouvernement fédéral et s’assure que le financement de l’entreprise a été utilisé comme prévu.

Hockey Canada a déclaré, mardi, dans un communiqué qu’il «tient en haute estime» sa relation avec la Banque Scotia, ajoutant que «nous respectons et comprenons leur décision».

«Hockey Canada travaille à changer la culture du hockey ainsi qu’à rendre le sport plus sécuritaire et inclusif, autant dans les arénas que dans nos communautés, peut-on lire dans un communiqué de l’organisme. C’est une démarche que nous avons entamée il y a longtemps, mais nous reconnaissons qu’il faut en faire plus, et ce, plus rapidement.»

Hockey Canada a reconnu la semaine dernière qu’il devait «faire plus» pour bâtir une culture plus sécuritaire après une semaine tumultueuse au cours de laquelle le président Scott Smith et le chef de la direction sortant Tom Renney ont été convoqués par des parlementaires.

«Nous attendions tous des réponses aux nombreuses questions concernant la façon dont ils ont géré la situation, a déclaré St-Onge, la ministre des Sports du gouvernement fédéral, aux journalistes à Ottawa, mercredi dernier.

«Malheureusement, nous n’avons pas reçu beaucoup de réponses.»

St-Onge a révélé à ce moment-là que Hockey Canada ne recouvrerait son financement du gouvernement qu’une fois que ses dirigeants auraient produit un rapport incomplet du cabinet d’avocats tiers embauché pour enquêter sur l’incident de 2018 qui aurait impliqué huit joueurs juniors.

Elle a ajouté que Hockey Canada doit également devenir signataire du Bureau du commissaire à l’intégrité, une nouvelle agence gouvernementale ayant le pouvoir d’enquêter de manière indépendante sur les plaintes d’abus et d’imposer des sanctions.

La femme qui a allégué avoir été victime d’agression, maintenant âgée de 24 ans, réclamait 3,55 millions $ en dommages-intérêts à Hockey Canada, à la Ligue canadienne de hockey et aux joueurs anonymes.

Les détails du règlement n’ont pas été rendus publics, mais Smith a prétendu que Hockey Canada avait fourni les fonds, ajoutant qu’aucun argent du gouvernement n’avait été utilisé. St-Onge a ordonné la vérification pour s’assurer que c’est bien le cas.

Le Comité permanent du patrimoine canadien doit se réunir les 26 et 27 juillet pour entendre d’autres témoins. Il a également demandé à voir une copie expurgée de l’accord de non-divulgation lié au règlement à l’amiable et une longue liste des communications de Hockey Canada.

St-Onge a révélé qu’elle n’avait appris la situation que lors d’un appel téléphonique avec Renney quelques jours avant que TSN ne dévoile l’affaire le mois dernier. Hockey Canada a déclaré avoir informé Sport Canada de la situation en juin 2018.

La Chambre des communes a approuvé à l’unanimité une motion du Bloc québécois visant à mener une enquête indépendante sur la façon dont Hockey Canada a traité les allégations.