Eugène Lapierre quitte l’Omnium Banque Nationale, cède les rênes à Valérie Tétreault

MONTRÉAL — Pendant leur conférence de presse conjointe jeudi, Eugène Lapierre et Valérie Tétreault ont tour à tour fait référence à l’esprit de famille qui règne dans les bureaux montréalais de Tennis Canada. Les liens sont tissés si serrés que le premier a décidé de quitter ses fonctions de directeur de l’Omnium Banque Nationale et d’en laisser les destinées à la seconde, l’esprit bien en paix.

Ébruitée mercredi soir, la nouvelle a été confirmée lors d’une conférence de presse tenue au siège social de Tennis Canada. Après 21 ans comme grand patron de l’événement, Lapierre s’attaquera à un nouveau défi: celui d’augmenter la participation au tennis à travers la province.

Lapierre a expliqué les raisons de son départ en toute sérénité, sans trémolos dans la voix qui auraient été compréhensibles après tant d’années à occuper un rôle qui l’a tant passionné.

«Je n’ai pas trop de nostalgie, ou de tristesse ou quoi que ce soit. Je vais continuer de travailler sur une autre affaire qui me tient vraiment à coeur, je vais être proche de la gang, puis ma porte est ouverte. Ils savent qu’ils peuvent venir me voir n’importe quand. Je vais sûrement à avoir à répondre à des questions sur une base régulière dans les prochains mois, certainement. Pour moi, il n’y a pas une si grosse différence que ça, mais j’ai hâte de commencer à m’atteler à la prochaine étape.»

Dans le cadre de cette prochaine étape, Lapierre veut contribuer au développement du tennis en augmentant l’accès à des terrains à l’année longue au Québec.

«Depuis plusieurs années, on a bien développé le sport à Tennis Canada, mais surtout, de ce qu’on voit des résultats, on a bien développé le haut de la pyramide. On a bien fait les choses et on a des bons résultats. On a des jeunes champions qui vont porter le tennis pendant des années sur la scène internationale», a d’abord noté Lapierre.

«Par contre, a-t-il renchéri, on n’est pas encore là du côté de la participation. Quand on se compare avec des pays européens, les États-Unis, des pays d’Amérique du Sud, certains pays d’Asie, on n’a pas une grosse participation. Dans ce sens, on a probablement fait des miracles, avec la participation qu’on avait, d’être capables de sortir des champions sur la scène internationale. C’est assez exceptionnel.»

Lapierre a aussi précisé qu’il songeait à la possibilité de céder sa place depuis quelques années déjà. Il avait élaboré un scénario qu’il a dû modifier pour des raisons que le monde entier ne connaît que trop bien.

«Je me disais, après 20 ans à la direction du tournoi, ça serait un bon chiffre. Mais 20 ans, ç’a coïncidé avec la COVID. Alors en 2020, il n’y a pas eu de tournoi, et je me suis dit que ça serait bien plate d’arrêter à ce moment-là. En 2021, un tournoi à moitié, ou même au quart. C’était pas terrible. J’avais commencé à me dire que 2022 serait sans doute ma dernière année.»

Lapierre a aussi justifié sa décision par le fait qu’il a l’impression de céder les rênes du tournoi à une équipe aguerrie, composée de gens qu’il a qualifiés de «professionnels».

«C’est une équipe vraiment incroyable. J’ai l’impression que j’en parle souvent, mais c’est vrai. On a du bon monde. C’est une équipe solide, c’est une famille. On a beaucoup de plaisir à organiser le tournoi.»

À la tête de cette équipe se trouvera dorénavant Tétreault, une ancienne joueuse professionnelle qui a pris sa retraite en 2010 et qui a joint Tennis Canada en 2011 dans le rôle de coordonnatrice des communications, avant d’être nommée directrice de ce service en 2018.

«C’est un immense honneur pour moi que d’être nommée directrice. Le tennis est au coeur de ma vie depuis que je suis toute petite (…) C’est vraiment une consécration à laquelle je n’aurais même pas pu rêver, je crois, que de devenir directrice d’un tournoi que j’adore profondément depuis que j’ai sept ou huit ans», a déclaré Tétreault, qui a fait référence à ses consoeurs et confrères de travail comme une «deuxième famille».

«Mes aspirations à moi, a-t-elle aussi déclaré, c’est de pouvoir rester presque aussi longtemps qu’Eugène, évidemment, dans ce rôle-là pour que moi aussi je puisse, éventuellement, poser mon empreinte sur ce beau tournoi, mais aussi sur le développement du tennis au Canada. Après, on va y aller une journée à la fois avant de commencer à penser à 22 ans parce que ça donne un peu le vertige.»

Lapierre demeurera disponible pour guider les premiers pas de celle dont il a découvert les talents de communicatrice un peu par hasard.

«Pendant le tournoi en 2010, on a annoncé des travaux majeurs ici, et je me disais que  ce serait le fun d’avoir une joueuse. J’avais vu Valérie, je ne la connaissais pas super bien mais je l’avais vue à l’occasion et je trouvais qu’elle pouvait enligner quelques mots sans trop s’enfarger. Je lui ai demandé de dire un petit mot, on ne lui a rien écrit. Elle avait volé le show. Son ‘speech’ avait été incroyable. Elle avait enflammé tout le monde», a relaté Lapierre, qui a aussi loué le «leadership naturel» de Tétreault.

La nouvelle directrice de l’Omnium Banque Nationale est consciente qu’elle prendra les guides d’un événement qui, bon an mal an, se classe parmi les plus populaires et les plus réussis à travers le monde, qu’il s’agisse du volet féminin ou de celui réservé aux joueurs de l’ATP.

Ça ne veut pas dire qu’elle se lance dans une aventure sans grands défis devant elle.

«On va passer à 96 joueurs, au lieu de 56», a fait remarquer Tétreault en précisant que cette hausse des joueurs est prévue en 2025 à Montréal.

«Ça veut dire un tournoi qui est plus long, donc plus de billets à vendre. On doit s’assurer aussi d’optimiser un peu les espaces que l’on a. On n’a pas nécessairement le site qui est le plus grand si on se compare aux autres Masters 1000 par exemple. Il faut s’assurer d’avoir cette capacité d’accueil. Déjà là, ce sont de très beaux défis et il y en aura plein d’autres à venir.»