Notre gouvernement provincial fait-il fausse route?

Indépendamment des partis politiques, j’ai toujours eu une très grande admiration pour la majorité de ces femmes et de ces hommes passionnés qui consacrent leur vie à la politique dans le but d’améliorer les services à la population et d’assurer le mieux–?être des citoyens.

J’ai toujours respecté les décisions prises par nos représentants politiques et je n’ai jamais manifesté publiquement mon désaccord avec certaines de leurs décisions. Aujourd’hui, la situation politique m’inquiète et j’ai le goût d’exprimer publiquement mes réflexions.

Il y a un an, avec la venue d’un gouvernement libéral majoritaire ayant à sa tête, selon mes perceptions, une personne compétente et expérimentée, il était plausible de croire que le Québec pourrait poursuivre son avancement. En effet, M. Couillard, en tant que ministre de la santé et des services sociaux, avait fait ses preuves. Il a mis en place une réforme qui créait un Centre de santé et de services sociaux dans presque toutes les MRC du Québec. Il assurait ainsi une participation citoyenne active favorable au développement des réseaux locaux de santé et de services sociaux adaptés aux besoins des populations et de la proximité des services requis.

Par ailleurs, nous sommes conscients que les défis pour le nouveau gouvernement étaient très grands. Au niveau financier particulièrement, nous sommes d’accord qu’il fallait donner un coup de barre et que cela ne se ferait pas sans heurts. Cependant, j’étais loin de me douter que les moyens envisagés par notre nouveau premier ministre provoqueraient autant de répercussions sur le développement des régions et sur le climat social au Québec.

Depuis une trentaine d’années, les régions avaient réussi à faire accepter au gouvernement central la décentralisation de certains pouvoirs afin que les décisions qui touchent la santé, l’éducation et le développement local puissent se prendre le plus près possible du lieu où elles doivent s’appliquer. Certes, il y avait peut–?être quelques ajustements à apporter mais, globalement, je crois que les communautés locales ont démontré au cours des années qu’elles pouvaient se prendre en mains et offrir des services de qualité adaptés aux citoyens.

Après une année au pouvoir, notre gouvernement démontre une fermeté sans borne, incapable d’écoute et de transparence. Il emprunte une route sinueuse aux pentes abruptes où il impose, à grande échelle, des mesures financières et administratives qui forcent le démantèlement d’organisations légitimes touchant ainsi plusieurs programmes essentiels pour le développement économique et social du Québec (ex : l’abolition des conférences régionales des élus (CRÉ), la diminution des budgets des centres locaux de développement (CLD), la restructuration des centres de santé et des services sociaux (CSSS), les fusions des commissions scolaires et les ponctions fiscales dans les transferts aux municipalités).

Ce procédé politique qui s’étend à toutes les régions du Québec crée beaucoup d’inquiétudes chez la population. Cela est accentué par la manière de faire du gouvernement Couillard que je considère anti–? démocratique, puisque les décisions imposées se prennent à huis clos quelque part à Québec.

Le ton utilisé par notre gouvernement provoque la confrontation. Les régions se sentent rejetées. Les associations professionnelles, les médecins et les syndicats voient bien qu’il n’y a pas de place pour la discussion et qu’ils ne participeront pas aux solutions. Ces intervenants, directement concernés par ces mesures qualifiées d’austères par l’opinion publique, sont tout simplement écartés de la réflexion et du processus décisionnel. Pour en arriver à des solutions originales et prometteuses, il est désolant de constater que l’exercice démocratique de consultation et de discussion n’est pas dans le programme du gouvernement actuel. Ici, le bât blesse et mes valeurs personnelles de respect des individus, des groupes et des institutions sont heurtées de plein fouet. Est-ce vraiment ce gouvernement que les citoyens du Québec croyaient mettre en place il y a un an? J’en doute!

Nous assistons actuellement à une hypercentralisation des pouvoirs vers Québec et/ou vers des mégas structures régionales qui mettront en danger, selon moi, la proximité, la qualité des services la participation citoyenne qui se faisait habituellement par des personnes bénévoles et engagées. Selon mon expérience, l’hypercentralisation n’est pas une garantie de diminution des coûts de système. Bien au contraire, une centralisation qui va trop loin amène des dépenses administratives plus grandes et ne permet pas d’économies récurrentes permettant d’être réinvesties dans les services. L’assainissement des finances publiques auraient pu se faire autrement sans provoquer de changements majeurs au niveau des structures et surtout pas au détriment du développement des régions.

Pour ma part, ces changements en train de s’implanter m’enlèvent le goût de m’impliquer. J’orienterai à l’avenir mon bénévolat vers des services directs auprès d’individus dans le besoin. Toutefois, malgré la désolation qui m’habite, je m’efforce de faire encore confiance à ces politiciens, administrateurs, gestionnaires et bénévoles qui, malgré ce virage drastique, ne perdent pas espoir et donnent encore de leur temps au mieux–?être de la population.

Gérard Ruest,

Bénévole au sein de la MRC de Coaticook