Une nouvelle centrale 9-1-1 desservira tous les villages du Nunavik d’ici 2029

MONTRÉAL — Appeler le 9-1-1 en cas d’urgence est la norme en Amérique du Nord depuis plusieurs décennies. Or, les communautés du Nunavik, qui étaient jusqu’ici exclues de ce service, seront désormais desservies par une centrale d’appels d’urgence qui sera située dans les Laurentides.
La Ville de Saint-Eustache a annoncé mardi matin la mise en service d’une centrale d’appels 9-1-1 exclusivement dédiée aux villages nordiques du Nunavik. Pour l’instant, cinq des 14 villages sont desservis par une centrale, et les autres seront intégrés graduellement d’ici la fin de 2029.
À terme, les autorités s’attendent à recevoir 60 000 appels par année pour les 14 000 habitants du Nunavik. À titre comparatif, la MRC de Deux-Montagnes, qui compte environ 106 000 habitants, reçoit 75 000 appels annuellement.
La nouvelle installation, qui a été aménagée dans des locaux adjacents à la centrale actuelle, vise à améliorer la gestion des urgences dans les communautés du Grand Nord en centralisant les opérations.
Dans un communiqué, la Ville de Saint-Eustache explique qu’il y a eu une augmentation du volume d’appels «au fil de l’intégration de nouveaux villages» et que cela «a mis en évidence la nécessité d’un espace dédié, capable de soutenir une charge opérationnelle croissante».
En point de presse à Saint-Eustache, le directeur adjoint du Service de police du Nunavik, Shaun Longstreet, a rappelé que l’initiative d’implanter un service 9-1-1 indépendant a été portée par une tragédie.
À la suite du décès du policier Steve Déry, survenu en 2013 à Kuujjuaq, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) avait recommandé d’améliorer la répartition des appels d’urgence puisque les policiers s’occupaient eux-mêmes des appels.
Des appels confidentiels pour une meilleure sécurité
En conférence de presse, le maire de Saint-Eustache, Pierre Charron, ainsi que le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, ont fait valoir que le fait que la centrale soit implantée hors du Nunavik permettra une meilleure confidentialité, et incitera peut-être la population à dénoncer davantage, entre autres en ce qui a trait à la violence conjugale.
«D’appeler et de se faire répondre par quelqu’un de la famille, un cousin, quelqu’une de proche, ça peut aussi être un frein à porter plainte», a soutenu M. Lafrenière.
«Je pense que ça peut amener une sécurité fort importante aux gens, peu importe c’était quoi la cause, a renchéri M. Charron. Ce qui me vient à l’esprit qui est important, si on parle de violence conjugale, j’espère que des gens, avant de poser des gestes, vont se dire: ”il y a de bonnes chances que je sois dénoncé, que je ne sois pas protégé”. Donc, ça peut faire en sorte que la population, en partie les femmes, se sentiront en plus grande sécurité.»
D’autre part, le ministre Lafrenière s’est réjoui que certains membres de l’équipe des répartiteurs se soient rendus au Nunavik pour comprendre la réalité des habitants et tisser des liens avec les communautés.
Le directeur général de l’Administration régionale Kativik (ARK), Ron Bowles, a d’ailleurs souligné l’expertise des répartiteurs et la formation qu’ils ont reçue sur la coordination et la priorisation, «quelque chose qu’on n’a jamais eu avant», a-t-il dit.
Les répartiteurs auront accès à un lexique avec les mots les plus importants à savoir en inuktitut en cas d’urgence. Le logiciel d’appels est aussi doté d’un système de traduction pour certaines langues autochtones.
Le ministre Lafrenière ira à Puvirnituq
Les autorités assurent que la nouvelle centrale permettra un traitement plus rapide des appels d’urgence «tant sur le plan de la police que des incendies, tout en assurant l’enregistrement systématique des communications».
Cela n’est pas sans rappeler l’incendie qui a ravagé deux maisons il y a un mois dans le village de Puvirnituq qui était aux prises avec une importante pénurie d’eau depuis des mois en raison d’un tuyau qui avait gelé.
Le ministre Lafrenière a dit qu’il prévoyait se rendre à Puvirnituq la semaine prochaine «pour voir ce qui est arrivé et aussi pour soutenir les gens qui ont fait un très bon travail».
«Ce qu’on fait présentement avec l’ARK, on regarde quelles sont les meilleures pratiques, qu’est-ce qui est mis en place, qu’est-ce qui aurait pu être corrigé», a-t-il ajouté.
Le gouvernement du Québec versera une somme 4,27 millions $ à l’ARK pour la centrale d’appels, qui s’inscrit dans la suite du projet pilote amorcé en mars 2023, mené en collaboration avec le ministère de la Sécurité publique.
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