Une coalition étudiante demande la fin des exportations de pétrole

QUÉBEC — Le mouvement étudiant entreprend une nouvelle bataille: il veut faire stopper les exportations d’hydrocarbures du Canada.

Une coalition qui avait déjà milité activement contre le projet de terminal gazier de GNL-Québec à Saguenay veut donc maintenant faire pression sur les élus fédéraux.

Les associations étudiantes brandissent le rapport de l’ONU publié cette semaine qui prévient que les États du monde ont trois ans pour plafonner leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), sinon la hausse moyenne des températures sur la planète ne pourra être limitée à 1,5 degré et il s’ensuivra de plus en plus d’épisodes météo extrêmes.

«Il nous reste trois ans pour éviter un point de non-retour dans le réchauffement climatique, la catastrophe climatique est à nos portes», a déclaré le porte-parole de la coalition, Simon Guiroy, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Regroupées dans le Front étudiant d’action climatique (FÉDAC), les associations qui représentent 330 000 étudiants exigent donc que le Canada mette fin à ses exportations de gaz et de pétrole.

M. Guiroy a rappelé qu’en 2019, le Canada a émis au total dans tout le pays 730 mégatonnes de GES, mais a exporté pour 954 mégatonnes de GES liés aux hydrocarbures, ce qui augmente donc les émissions partout sur la planète. 

«Le Canada est principalement un pays exportateur de combustibles fossiles, donc sa vraie contribution à la crise climatique se trouve dans ses exportations», selon le porte-parole. 

Le gouvernement fédéral doit donc comptabiliser aussi dans son bilan de GES les émissions qu’il contribue à générer ailleurs, estime la coalition.

Or dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, beaucoup de pays notamment en Europe cherchent à s’affranchir de leur dépendance envers le pétrole russe et pourraient être intéressés par l’approvisionnement canadien. 

Cependant, le mouvement étudiant écarte même ce scénario de substitution. 

«La solution pour éviter la dépendance aux hydrocarbures russes, ce n’est pas d’autres hydrocarbures, c’est d’aller dans la transition énergétique», a argué le porte-parole. Des pays d’Europe sont engagés dans la transition, a-t-il plaidé. 

Le FÉDAC réclame par ailleurs l’abandon du projet controversé d’exploitation pétrolière Bay du Nord au large de Terre-Neuve-et-Labrador, qui vient d’être approuvé par le fédéral. 

«Ça n’a pas de sens, a commenté M. Guiroy. Il faut abandonner tous les nouveaux projets qui entraîneraient une augmentation de la production.»

Note aux lecteurs: Dans cette dépêche transmise vendredi, M. Guiroy rappelait qu’en 2019, le Canada a émis 730 mégatonnes de GES liés aux hydrocarbures, mais a exporté pour 954 mégatonnes de GES liés aux hydrocarbures, ce qui augmente donc les émissions partout sur la planète. Dans les faits, le Canada a émis au total dans tout le pays 730 mégatonnes de GES.