Un musée de Calgary rappelle que les Noirs se sont battus dans les guerres des Blancs

CALGARY — Le passé militaire des Noirs est mis à l’honneur dans une exposition réalisée par Musée militaire de Calgary.

Ils ont joué leur rôle dans les guerres des Blancs.

Allan Ross, un chercheur bénévole qui est le conservateur de l’exposition, dit que les racines du rôle militaire des Noirs canadiens remontent au XIXe siècle. Certains ont combattu les Américains lors de la guerre de 1812. D’autres ont contribué à réprimer une rébellion dans le Haut-Canada en 1837.

Anderson Abbott, le premier médecin noir canadien, a servi dans l’armée nordiste pendant la Guerre de Sécession. Il a même été plus tard un des médecins du président américain Abraham Lincoln.

Selon M. Ross, le racisme a vraiment montré son hideux visage lors de la Guerre des Boers, en Afrique du Sud, de 1899 à 1902. Au cours de ce conflit colonialiste, quelque 7000 volontaires canadiens ont servi au sein des forces britanniques.

Des soldats issus des minorités souhaitaient s’enrôler, mais ils ont été rejetés, victimes du préjugé voulant qu’ils s’enfuissent dès le début d’une bataille.

«C’est à ce moment-là que l’expression ‘c’est une guerre des Blancs’ a été entendue pour la première fois», raconte M. Ross.

La discrimination raciale ne s’est pas arrêtée à la Guerre des Boers.

Les autorités militaires canadiennes ont refusé d’enrôler des Noirs pendant la Première Guerre mondiale. Certains ont finalement pu se joindre au Corps expéditionnaire canadien, mais ils étaient habituellement assignés à des tâches non combattantes.

Une unité ségréguée, le 2e Bataillon de construction, a été formée en Nouvelle-Écosse. Elle a été envoyée en France afin de fournir du bois pour les tranchées, les routes et les voies ferrées.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le commandement de la marine et des forces aériennes craignait que les Noirs ne pussent pas servir à bord des avions ou des bateaux, mentionne M. Ross.

«Il croyait que le confinement à bord d’un avion ou d’un bateau entraînerait des conflits ou des altercations entre eux.»

M. Ross dit que les Noirs ont été plus acceptés lors des conflits subséquents, notamment en Corée et en Afghanistan.

Malgré la discrimination, les Noirs ont souvent exprimé une volonté de vouloir servir au sein des Forces armées.

«Pourquoi ces hommes voulaient-ils porter l’uniforme? demande M. Ross. Parce qu’ils se disaient qu’ils étaient eux aussi des Canadiens. Ils voulaient prouver qu’ils faisaient partie d’un plus grand ensemble.»

Oral Virtue s’est enrôlé au sein des Forces armées canadiennes. Il a été déployé à Chypre, en Bosnie et ailleurs en Europe. Il s’est retiré en 2007 alors qu’il faisait partie du Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians), une unité blindée. 

Il savait dans quoi il s’engageait, mentionne-t-il.

«Je n’étais pas aveugle à ce qui se passait autour moi. J’étais évidemment au courant de l’existence du racisme. Quand je me suis enrôlé, il y a quelques gars des Caraïbes qui sont venus me prévenir à quoi je devais m’attendre. Leur expérience m’a ouvert la voie.»

Et l’histoire tend à se répéter.

Les femmes ont subi les mêmes discriminations que les soldats noirs avant de pouvoir servir dans des unités combattantes, rappelle M. Ross.

«Quand j’étais à la base de Cornwallis, nous avions des femmes dans notre section. On leur promettait qu’elles pourraient combattre. Aucune n’a pu le faire, raconte-t-il. Beaucoup plus tard, je suis allé en Europe. À mon retour, j’ai pu remarquer les premières femmes dans nos véhicules. Elles ont eu des moments très très difficiles.»

«La discrimination, cela demeure de la discrimination!»