Un médicament contre l’alcoolisme pourrait combattre le neuroblastome

MONTRÉAL — Une molécule utilisée depuis des décennies face à l’alcoolisme chronique pourrait se révéler utile pour combattre le neuroblastome, une forme potentiellement catastrophique de cancer du cerveau chez les enfants.

Un criblage pharmacologique sophistiqué a mis le chercheur Noël Raynal, du Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, et son équipe sur la piste du disulfirame, un médicament dont les propriétés anticancéreuses avaient déjà été décrites par d’autres chercheurs.

«Parmi les lignées pédiatriques qu’on a au laboratoire, les cellules de neuroblastome semblaient vraiment les plus sensibles parmi toutes celles qu’on a testées à l’effet anticancéreux du disulfirame», a résumé le professeur Raynal.

Le disulfirame, a-t-il expliqué, permet de combattre l’alcoolisme chronique en bloquant l’effet d’une enzyme qui semble aussi être très importante pour les cellules cancéreuses.

Le disulfirame atténuerait l’expression des gènes favorables au cancer par les cellules de neuroblastome, réduisant ainsi leur capacité à se multiplier.

D’autres chercheurs s’étaient précédemment intéressés à l’action anticancéreuse du disulfirame, entre autres pour combattre les cancers du sein et du poumon.

Lors d’une étude, par exemple, le groupe de patients soignés par une chimiothérapie classique et à qui on avait aussi donné du disulfirame a survécu plus longtemps que le groupe soigné seulement par chimiothérapie, sans augmentation de la toxicité.

Les cellules du neuroblastome semblent toutefois encore plus sensibles à l’action de la molécule que les cellules des cancers du sein et du poumon.

«Nous sommes très encouragés», a dit M. Raynal.

Le neuroblastome est une maladie dont la présentation peut être passablement hétérogène. Si certains petits patients pourront se rétablir avec un minimum de traitements, d’autres auront besoin d’interventions lourdes, sans garantie de guérison. C’est à ces derniers que le disulfirame pourrait profiter le plus.

Même si le disulfirame est utilisé depuis 70 ans et même s’il s’agit d’une molécule dont la toxicité est bien connue, il faudra encore plusieurs années de travail avant qu’elle ne soit ajoutée à l’arsenal des armes contre le cancer.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par Scientific Reports.