Secteur public: le front commun a dit oui à 74,8 %
MONTRÉAL — C’est finalement à 74,8 % que les syndiqués du front commun du secteur public ont adopté l’entente de principe qui avait été conclue avec Québec quant au renouvellement des conventions collectives.
Le front commun, qui est constitué de l’APTS, de la CSQ, de la FTQ et de la CSN, représentant 420 000 travailleurs dans la santé et l’éducation, en a fait l’annonce vendredi à Québec.
Cela met ainsi un terme à cette négociation qui aura duré plus d’un an. Les demandes du front commun avaient été déposées à l’automne 2023; les offres gouvernementales en décembre 2023.
Le nouveau contrat de travail, qui sera en vigueur du 1er avril 2023 au 31 mars 2028, prévoit des augmentations de 17,4 % sur cinq ans. À cela s’ajoute une clause de protection contre l’inflation, pouvant aller jusqu’à 1 % pour les trois dernières années de la convention collective si l’inflation dépasse un certain seuil.
Avec un appui des trois quarts, «la réponse a été intéressante», a résumé Éric Gingras, président de la CSQ.
«Nous sommes satisfaits du chemin parcouru avec le front commun dans les derniers mois. Les ententes auxquelles nous sommes parvenus sont le fruit d’une volonté commune de négocier différemment et d’adapter nos façons de faire aux réalités de 2024 afin d’améliorer les services aux Québécois», a fait savoir la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
«On a qualifié ça d’impulsion», parce que tous les problèmes des réseaux de la santé et de l’éducation ne sont pas réglés avec cette convention collective. Les parties devront donc continuer à discuter des problèmes qui persistent, a plaidé M. Gingras.
«S’ils veulent des forums, bien c’est le temps-là», a lancé la présidente de la FTQ, Magali Picard. Elle fait ici référence aux fameux forums de discussions que le gouvernement du Québec insistait pour lancer, au tout début de la phase de négociation, il y a plus d’un an. À l’époque, les organisations syndicales n’en voulaient pas, jugeant que c’était le moment de renégocier les conventions collectives, pas de tenir des discussions générales sur les différents problèmes dans les services publics.
Pas responsables du déficit
Interrogés à savoir s’ils croyaient que les travailleurs de l’État, à cause des augmentations de salaire consenties, étaient responsables des déficits à venir, ils ont été unanimes.
«Absolument pas. Les travailleurs de l’État n’ont pas à se sentir coupables d’avoir été oubliés pendant de décennies. C’est ça que ça vaut en 2024 des services publics de qualité», a lancé Magali Picard, de la FTQ.
Elle a plutôt montré du doigt, pour ce déficit, les «chèques cadeaux» aux contribuables, les diminutions d’impôt, les subventions aux entreprises, etc.
Le vice-président de la CSN, François Enault, a admis que certaines déclarations maladroites du premier ministre François Legault, des ministres Christian Dubé (Santé) et Bernard Drainville (Éducation) avaient même aidé le front commun à mobiliser ses membres.
Les quatre dirigeants syndicaux ont rappelé que certaines catégories d’employés, particulièrement ceux du soutien, se sont senties délaissées dans cette entente. Comme leurs salaires sont plus bas et que les augmentations sont données en pourcentages, l’écart continuera de se creuser avec les plus hauts salariés.
Aussi, au sein des syndicats qui ont pris deux votes séparés, l’appui aux ententes sectorielles — celles qui portent sur les conditions de travail dans les secteurs de l’éducation et de la santé — est moins fort que l’appui à l’entente intersectorielle — portant sur les salaires, le régime de retraite.
«Beaucoup de nos membres estiment que ça aurait pris davantage», a rapporté le président de l’APTS, Robert Comeau.
«Ce n’est pas à coups de brassage de structures qu’on va réussir à régler ça», a ajouté M. Gingras, de la CSQ.
«Avec ces ententes, on redonnera un nouveau souffle au réseau de la santé. Elles permettront d’avoir la marge de manoeuvre nécessaire sur le terrain pour améliorer les services aux patients», ont fait savoir les ministres Christian Dubé et sa collègue Sonia LeBel.
«Il s’agit d’un véritable changement de culture dans nos établissements de santé. Nous nous donnons les outils pour avoir une réelle gestion de proximité. Tout ça, dans l’objectif de redevenir un employeur de choix et d’offrir les soins de santé que les Québécois méritent», ont ajouté les deux ministres.