Rassemblement conservateur à Québec: Éric Duhaime lance sa campagne électorale

QUÉBEC — Le soir du 3 octobre, la circonscription de Chauveau fera partie de celles vers lesquelles tous les yeux seront tournés.

C’est celle où le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a décidé de tenter sa chance pour faire son entrée à l’Assemblée nationale et faire en sorte que les libertés individuelles soient hissées au sommet des priorités des législateurs.

Alors que le Québec doit composer avec une sixième vague de la pandémie de COVID-19, le parti tenait mardi soir un grand rassemblement de ses membres destiné à appuyer la candidature de leur chef, dans cette banlieue nord de la ville de Québec, réputée pour pencher vers la droite de l’échiquier politique.

Dans son discours, il a présenté son parti comme la véritable opposition au gouvernement caquiste et «la seule option» politique capable de battre François Legault le 3 octobre, le jour de l’élection « la plus importante de notre vie ».

Il a multiplié les attaques contre la gouvernance caquiste, lui reprochant notamment d’avoir mis la démocratie « sur pause » pendant deux ans, d’avoir abandonné les aînés à leur sort, de gouverner par décrets, de multiplier les contrats donnés sans appels d’offres, les promesses non tenues, les manquements à l’éthique et les mensonges.

À l’échelle locale, il a fait une nouvelle sortie contre le projet de tramway dans la capitale, «un projet qui va détruire la ville de Québec », selon lui.

À première vue, la marche est haute pour le chef conservateur. En 2018, les électeurs de Chauveau ont voté massivement pour la Coalition avenir Québec (CAQ) et son candidat Sylvain Lévesque, qui s’est acquis une confortable majorité de 9627 voix et entend bien conserver son siège lors du prochain scrutin. Le Parti conservateur, alors dirigé par Adrien Pouliot, n’avait récolté que 8% d’appuis.

Auparavant, Chauveau était un fief de l’ancienne Action démocratique (ADQ) d’abord avec Gilles Taillon, puis avec Gérard Deltell, avant et après la fusion entre l’ADQ et la CAQ en 2011. Au fédéral, les gens de Chauveau votent pour le Parti conservateur.

Depuis le début de la pandémie, M. Duhaime a profité de toutes les tribunes pour s’opposer aux mesures sanitaires imposées par le gouvernement Legault, critiquant abondamment le prolongement de l’état d’urgence sanitaire, réussissant au fil des mois à fédérer autour de lui les mécontents et les opposants aux diverses consignes et restrictions édictées par le gouvernement.

Ancien animateur de radio à Québec, M. Duhaime est bien connu des électeurs de la capitale et reconnu pour son franc-parler. Chef de sa formation politique depuis un an, il avait dit qu’il serait candidat dans une circonscription de la région de Québec, un terreau fertile pour son parti et ses idées.

Chauveau n’a pas été choisie par hasard. Le parti, dont la popularité est à la hausse depuis un an, surtout dans la capitale et ses environs, si on se fie aux sondages, soutient avoir réussi à attirer 56 000 membres depuis que M. Duhaime le dirige. Selon le site de projections électorales Qc125, le PCQ irait actuellement chercher environ 13% du vote populaire. Dans Chauveau, la CAQ et le PCQ seraient au coude à coude.

Lors de la prochaine campagne électorale, un des principaux enjeux promus par le PCQ sera d’accroître la place du secteur privé dans l’offre de soins de santé. Un colloque sur le sujet est d’ailleurs à l’horaire du parti le samedi 30 avril.

Dans son discours, livré dans un centre communautaire bondé de la circonscription (certains militants ont dû rester à l’extérieur de la salle), M. Duhaime a dit que la gestion de la pandémie avait été l’élément déclencheur de sa carrière politique, tellement il s’est alors senti «trahi» par les gouvernants, en voyant la démocratie bafouée, de même que les droits et libertés des citoyens.

Le chef a été présenté par plusieurs personnalités, dont sa candidate dans l’élection complémentaire dans Marie-Victorin, la comédienne Anne Casabonne, l’ancien chef du parti, Adrien Pouliot, l’ex-maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, et le sénateur Pierre-Hugues Boisvenue, la députée Claire Samson, conservatrice transfuge de la CAQ, l’ex-ministre conservatrice Josée Verner, désormais active dans l’organisation du PCQ, et la militante de droite Joanne Marcotte, cofondatrice avec M. Duhaime du Réseau Liberté Québec, qui a vanté l’importance de « restituer la souveraineté des individus ». Elle a qualifié le chef conservateur de « brasseux de cage » et de « populiste », dans le sens « noble » du terme.

Il s’est défini comme « le prochain premier ministre conservateur du Québec », devant ses militants, la grande majorité d’entre eux ne portant pas de masque.