McGill menace d’annuler le semestre à la faculté de droit, paralysée par une grève

MONTRÉAL — L’Université McGill menaçait lundi d’annuler les cours de droit pour le reste du semestre si elle ne parvenait pas à conclure une entente ce jour-là avec un syndicat de professeurs qui a déclenché la grève en août. Mais le syndicat a répliqué qu’il ne cédera pas.

L’université montréalaise affirme qu’elle abandonnera sa contestation judiciaire du droit de ces professeurs à se syndiquer — une demande clé de l’Association mcgillienne des professeurs de droit — si le syndicat accepte de négocier les conditions de travail de ses membres en même temps que d’autres syndicats de McGill.

Mais le syndicat des professeurs de droit qualifie l’entente proposée de «non-offre» et affirme qu’en acceptant de mettre fin à la grève, McGill aurait toutes les cartes en main.

L’ultimatum de McGill constitue le dernier développement d’une saga qui se déroule depuis que les professeurs de droit ont choisi de ne pas retourner en classe au début du semestre d’automne, laissant les étudiants dans l’incertitude quant à l’impact que cette grève pourrait avoir sur leur avenir universitaire.

L’administration de McGill a envoyé lundi matin un courriel aux étudiants de la faculté de droit, leur indiquant que le syndicat devait accepter ce jour-là de mettre fin à sa grève, sans quoi l’université annulerait dès mardi les cours dispensés par ces professeurs.

«Je suis conscient […] que l’incertitude entourant le semestre pèse lourdement sur de nombreux étudiants, au détriment de leur bien-être, écrit le vice-recteur principal aux études de McGill, Christopher Manfredi. Je n’aurais jamais voulu que nous en arrivions à ce point. Mais […] je ne peux pas considérer comme plausible que les cours enseignés par les membres (du syndicat) puissent commencer à la huitième, à la neuvième ou à la dixième semaine de la session et se terminer à temps.»

McGill a envoyé dimanche au syndicat une offre qui comprenait une promesse de retirer la contestation de son accréditation «tant que des progrès seront réalisés, au cours des cinq prochaines semaines, dans des négociations de bonne foi en vue d’un système ‘fédéré’», qui verrait certaines conditions de travail établies à l’échelle de l’université, plutôt que sur une base facultaire, a expliqué M. Manfredi.

«Rien en retour»

Mais Kirsten Anker, vice-présidente du syndicat, a soutenu en entrevue que McGill demandait aux professeurs de droit de retourner au travail sans offrir grand-chose en retour. «La contrepartie est que nous abandonnons définitivement notre droit de grève, tandis qu’ils pourront décider éventuellement s’ils veulent ou non abandonner la contestation» de l’accréditation, a-t-elle déclaré. «Nous ne pouvons pas accepter cela.»

Le Tribunal administratif du travail du Québec a accrédité l’Association mcgillienne des professeurs de droit en novembre 2022, mais le syndicat n’a pas encore conclu sa première convention collective. L’université avait prévu de contester en décembre prochain l’accréditation syndicale en Cour supérieure.

Le syndicat, qui représente plus de 40 professeurs de droit, a déclaré que ses membres ne retourneront pas en classe tant que McGill n’aura pas abandonné cette contestation judiciaire. Il exige également de meilleurs salaires et une plus grande implication dans la gouvernance de la faculté.

La faculté de droit de McGill est le premier groupe de professeurs à se syndiquer à l’université, bien que la plupart du personnel non enseignant soit syndiqué. Depuis la création du syndicat des professeurs de droit, leurs collègues des départements d’éducation et des arts ont également déposé une demande d’accréditation syndicale.

Selon Mme Anker, le syndicat est ouvert à la négociation conjointe de certaines parties de sa convention collective avec d’autres syndicats de professeurs.

L’Association des étudiants en droit de McGill affirme que cette offre n’est «rien de plus que de la poudre aux yeux» et affirme que l’université et le syndicat doivent être plus flexibles.

«Il est désormais clair que McGill met en péril nos semestres et la qualité de notre éducation de manière imprudente pour servir ses propres intérêts», a estimé l’association dans un communiqué. Mais elle ajoute aussi que le syndicat avait «clairement fait savoir […] qu’il était prêt à sacrifier le semestre et que la prise en compte de nos intérêts n’est pas pertinente dans la façon dont la situation devait être gérée».

Mme Anker soutient qu’il n’y a pas de moment précis à partir duquel le semestre deviendrait impossible à sauver. Elle a déclaré qu’il serait possible de prolonger une partie de ce semestre sur le prochain, afin de rattraper les semaines perdues sur une période plus longue.