Logement: Québec solidaire demande des mesures pour aider les aînés

MONTRÉAL — Devant la multiplication du nombre d’aînés jetés à la rue par des évictions, Québec solidaire demande au gouvernement Legault d’élargir la portée des mesures visant à les protéger.

L’ex-deputée solidaire Françoise David, marraine d’une loi à cet effet qui porte son nom, était aux côtés du député Andrés Fontecilla et de deux femmes faisant l’objet de menaces d’éviction pour demander de bonifier les mesures de protection des locataires aînés.

«Je n’ai rien, je suis dans la rue»

«Je n’ai rien, je suis dans la rue. À l’âge où je suis rendue, est-ce que c’est possible d’au moins avoir un toit, juste un toit?», a raconté Jeannette Chiasson, une aînée évincée de son logement parce qu’il manquait quatre mois aux dix ans requis pour avoir droit à la protection de la loi. Certes, Mme Chiasson a fini par se trouver un autre logement après avoir ainsi plaidé aux instances municipales et obtenu leur aide, «mais je passe d’un 5 1/2 à un 3 1/2 avec 150 $ de plus à payer».

Et pourtant, Mme Chiasson est l’une des chanceuses. Katherine McIntosh, directrice du Refuge du Coeur de l’Île, une ressource d’hébergement pour personnes en situation d’itinérance, a décrit une situation alarmante: alors que le refuge n’avait pas l’habitude de voir plus d’une personne aînée à la fois, il en a accueilli 40 depuis juin dernier.

«Un scandale»

«Franchement, sérieusement, est-ce qu’au Québec, qui est un territoire où il y a de la richesse (…) est-ce que c’est logique que sur ce beau territoire du Québec, on condamne des aînés à la rue? Franchement, moi j’appelle ça un scandale», a pesté Françoise David.

La «Loi Françoise David» actuelle empêche un propriétaire d’évincer des aînés de 70 ans et plus qui occupent leur logement depuis au moins dix ans et dont le revenu est équivalent au seuil maximal pour être admissible à un logement social. Rappelant le contexte dans lequel elle avait présenté ces mesures – adoptées à l’unanimité par l’Assemblée nationale en 2016 – Mme David a souligné que «l’immense majorité étaient des femmes seules, pauvres habitant dans leur logement, souvent depuis 20, 30, 40 ans et du jour au lendemain, on leur disait « on veut rénover », ce qui, en général, n’est pas très vrai. On veut surtout pouvoir louer plus cher. Ça, on ne le dit pas, mais c’est ça la réalité.»

À l’ouverture de l’étude détaillée du projet de loi 31, mardi, Andrés Fontecilla reviendra à la charge avec la demande solidaire de février dernier d’abaisser l’âge de la protection à 65 ans, la durée d’occupation à cinq ans et de rehausser de 50 % le seuil de revenu admissible.

Abandonnés aux forces spéculatrices

M. Fontecilla n’est pas tendre face au refus du gouvernement Legault d’accueillir ces mesures l’hiver dernier. «Le gouvernement (…) n’a jamais manifesté la moindre intention d’améliorer la protection des locataires aînés», a-t-il pesté.

Soulignant qu’il y a, au Québec, 1,3 million de ménages locataires, le député de Laurier-Dorion a accusé le gouvernement caquiste «d’abandonner ces locataires à la crise du logement, aux forces spéculatrices du marché et de ne pas bouger le petit doigt pour les aider, alors que les injustices deviennent de plus en plus flagrantes».

À coût nul

Il fait valoir que ces mesures ne coûteraient pas un sou au gouvernement et amélioreraient considérablement la protection des aînés qui, en raison de la crise du logement, ne sont plus capables de se loger au même prix lorsqu’ils sont évincés. Conséquemment, ces aînés se retrouvent de plus en plus à la rue faute de se trouver un logement ou d’avoir les moyens de se payer ceux qui sont disponibles.

Françoise David, elle, a invité politiciens et population à voir la question d’un autre angle. «S’il s’agissait de notre mère, de notre grand-mère, de notre tante bien-aimée, comment on prendrait ça que cette personne-là soit évincée de son logement, soit souvent obligée de s’en aller dans un autre quartier avec la perte totale de repères dont on vient de parler, comment on prendrait ça si c’était nous? C’est ça la question qu’il faut se poser.»