Les syndiqués du front commun québécois ont voté à 95 % en faveur de la grève

MONTRÉAL — C’est dans une proportion de 95 % que les syndiqués du front commun du secteur public ont voté en faveur d’un mandat de grève à exercer au moment opportun.

Le front commun représente 420 000 travailleurs dans la santé, les services sociaux et l’éducation, membres de syndicats de la CSN, de la CSQ, de l’APTS et de la FTQ.

Le mandat qui a été accordé prévoit ultimement une grève illimitée, mais elle serait précédée de «séquences» de grève, vraisemblablement des journées de grève isolées ou regroupées.

«C’est historique. On le disait dès le départ que le mouvement était historique — le plus large front commun, le plus nombreux, avec un mandat qui n’a pas été demandé depuis 40 ans. Je dois vous dire qu’on s’attendait à un bon appui, mais là, vraiment là… Ce que les membres sont venus nous dire, c’est seulement deux choses : ils sont tannés, ils sont écoeurés et ils veulent améliorer leurs conditions de travail», s’est exclamé en entrevue Éric Gingras, président de la CSQ, la centrale la plus représentative du milieu de l’éducation.

«Je pense que si la ministre du Conseil du trésor avait besoin d’un autre signal de notre côté, de la part de ses travailleuses et travailleurs, bien ils l’ont maintenant là. À 95 %, écoutez, c’est fou là! C’est du jamais vu», s’est exclamée la présidente de la FTQ, Magali Picard.

«Très heureux! On sentait déjà que les membres étaient derrière nous à cette négo-là. Ils s’informaient de la négociation; ils étaient outrés. Mais, de le voir, avec un pourcentage aussi élevé, bien ça nous donne quand même un solide coup de barre dans l’appui que nos membres nous portent, parce qu’on porte leur voix dans cette négociation. Ça nous donne un bon rapport de forces à la table de négociation», a commenté Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

«Un mandat de grève, c’est un moyen de pression en soi et, à 95 %, j’espère que le gouvernement va prendre en considération la hauteur» du mandat obtenu de la part des syndiqués, a souligné le vice-président de la CSN, François Énault.

Il souligne des taux de participation importants aux assemblées syndicales. «Pour mon organisation, la CSN, c’est variable d’un secteur à l’autre, mais c’est définitivement les meilleurs taux de participation depuis les deux dernières rondes de négociations». Mme Picard, de la FTQ, évoque aussi des taux de participation «beaucoup plus élevés que dans le passé».

À quand une première journée de grève, si les parties en viennent effectivement là? «Avec tous les délais qu’on a, je dirais que c’est clair que ça devrait plus être en novembre», a indiqué M. Énault.

S’il y a effectivement grève, des services essentiels sont prévus dans le milieu de la santé et des services sociaux, mais pas dans celui de l’éducation.

 Les négociations 

 Malgré ce vote de grève, les négociations se poursuivent avec le Conseil du trésor et les ministères concernés. Mais M. Comeau rapporte que depuis des mois, «on ne fait que parler des priorités gouvernementales» sans aborder celles des syndicats.

Québec offre 9 % d’augmentations sur cinq ans et un montant forfaitaire de 1000 $ pour la première année. À cela, il ajoute une somme équivalant à 2,5 % réservée à des «priorités gouvernementales», ce qui fait qu’il présente son offre comme valant 13 % sur cinq ans.

Le front commun, quant à lui, réclame un contrat de trois ans, soit 100 $ par semaine ou l’Indice des prix à la consommation plus 2 % pour la première année – selon la formule la plus avantageuse pour les travailleurs – puis l’IPC plus 3 % pour la deuxième année et l’IPC plus 4 % pour la troisième année.