Les sacs de plastique jetables sont officiellement bannis à Montréal

MONTRÉAL — Les Montréalais qui n’ont pas encore pris l’habitude de traîner leurs sacs réutilisables risquent d’avoir une mauvaise surprise à leur arrivée à la caisse de leurs commerces fétiches, puisque les sacs de plastique jetables sont officiellement interdits depuis mardi dans la métropole.

Annoncée l’an dernier par la mairesse Valérie Plante, la mesure visant l’abolition des objets de plastique à usage unique entre progressivement en vigueur. On débute par l’interdiction des sacs ce mardi, puis de nombreux autres articles suivront en mars prochain, dont les assiettes, les contenants et les couvercles, les tasses ou les verres, les pailles et les ustensiles.

En ce qui concerne les sacs de plastique, l’interdiction vise tous les types, qu’ils soient biodégradables, compostables ou non dégradables. Des exceptions demeurent toutefois pour les sacs qui servent au transport hygiénique des denrées alimentaires à l’intérieur d’un commerce.

L’interdiction s’applique à tous les commerces de détail ainsi qu’à tous les commerces de restauration dans tous les arrondissements.

En contrevenant au règlement, les gens s’exposent à des amendes variant entre 200 $ et 1000 $ pour une première infraction ou 300 $ et 2000 $ pour une récidive. Dans le cas d’une personne morale, les amendes peuvent varier entre 400 $ et 2000 $ pour une première infraction ou 500 $ et 4000 $ pour une récidive.

Dans les cas des commerces d’alimentation, il semble que la transition soit déjà amorcée depuis un moment et que le choc ne devrait pas se faire trop ressentir. Selon le président et directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), Pierre-Alexandre Blouin, la plupart des détaillants montréalais avaient déjà commencé à retirer les sacs depuis quelques semaines, voire quelques mois.

Ce qui facilite la transition, souligne M. Blouin, c’est l’abondance d’options de rechange puisque l’on peut se tourner vers des sacs de papier, des boîtes de carton ou les sacs réutilisables. De plus, la décision ayant été annoncée il y a un an, les commerçants ont pu se préparer. D’ailleurs, l’ADA dit avoir apprécié la façon de faire de la Ville de Montréal dans le processus, surtout en ce qui concerne les consultations auprès des entreprises.

Il reste tout de même que «tous les commerçants ne sont pas nécessairement égaux», tient à préciser Pierre-Alexandre Blouin. «Certains petits commerçants sont peut-être plus inquiets, moins prêts, ou leur clientèle est peut-être moins sensibilisée», mentionne-t-il.

De manière générale, les autres commerçants aussi étaient prêts pour cette fameuse journée. Le directeur général de l’Association des sociétés de développement commerciales de Montréal (ASDCM), Billy Walsh, souligne que puisque la règle s’applique à tous les commerçants, tout le monde se trouve sur un pied d’égalité. De plus, le fardeau de trouver une solution de remplacement repose sur le client. 

D’après des données fournies par la Communauté métropolitaine de Montréal, on estimait il y a quelques années qu’environ deux milliards de sacs d’emplettes, principalement faits de matière plastique, étaient distribués chaque année au Québec. Étant donné le poids démographique de Montréal, sa part de sacs pèse évidemment très lourd.

Des obstacles en vue

C’est la prochaine phase d’interdictions qui s’annonce plus difficile à affronter. Le PDG de l’ADA insiste sur la nécessité de trouver des options de remplacement efficaces et accessibles avant de procéder au retrait d’un produit d’emballage.

«Le consommateur est très sensible au prix par les temps qui courent, donc c’est important d’avoir des alternatives et de pouvoir les commander», soutient M. Blouin qui rappelle aussi l’importance de bien sensibiliser la clientèle au changement.

Dans le cas des détaillants en alimentation, les plats préparés sur place et le prêt-à-manger prennent de plus en plus de place et «on ne peut pas se passer de ces nouvelles tendances», affirme le PDG de l’ADA.

Certains commerçants ont commencé à se tourner vers des produits de carton ou des produits de plastique plus résistants, donc réutilisables, mais les solutions ne paraissent pas aussi évidentes qu’avec les sacs d’emplettes.

Même discours du côté de Billy Walsh qui réclame de la flexibilité, une période tampon et de l’accompagnement avant l’entrée en vigueur de la prochaine phase. Il rappelle que les entrepreneurs ne font qu’encaisser les coups durs depuis deux ans et que le moment n’est peut-être pas idéal.

«Je pense qu’il n’y a jamais un bon « timing » pour être capable de mettre des mesures comme celles-là et je pense qu’il n’y aura jamais un bon « timing » pour travailler sur la transition écologique. Mais avec une pandémie, une inflation et une rareté de main-d’œuvre… On pourrait parler de quelque chose comme ça», plaide-t-il.

Pour M. Walsh, les clés d’une transition réussie sont «flexibilité, pédagogie et communication personnalisée» auprès des commerçants. Il suggère que de l’aide financière pourrait aussi être bienvenue.

Au niveau fédéral, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a annoncé en juin dernier que le Canada interdirait progressivement, à partir de décembre, la fabrication, la vente et l’importation de contenants à emporter, de bâtonnets à mélanger, de sacs de vente au détail, de couverts et de la plupart des pailles.

Les anneaux servant à retenir ensemble les canettes de boissons ou les bouteilles seront interdits de fabrication et d’importation en juin 2023, puis de vente en juin 2024. Les exportations de tous ces produits doivent se terminer en décembre 2025. Un groupe de fabricants conteste cependant cette réglementation devant les tribunaux.