Les fonctionnaires fédéraux devront travailler davantage au bureau à partir de lundi
OTTAWA — Lundi, les fonctionnaires fédéraux retourneront au bureau au moins trois jours par semaine, même si c’est à contrecœur.
Les syndicats de la fonction publique commenceront la semaine par un rassemblement matinal pour s’opposer à cette politique. Malgré «l’été de mécontentement» des syndicats et une contestation judiciaire en cours, les nouvelles règles entreront quand même en vigueur le 9 septembre.
Les syndicats s’engagent à continuer de se battre, même s’ils reconnaissent que cela prendra du temps.
«Nous ne gagnerons peut-être pas demain. Nous ne gagnerons peut-être pas la semaine prochaine. Mais si nous continuons à nous battre, c’est le nouvel avenir du travail pour les fonctionnaires fédéraux et pour les travailleurs du monde entier», a soutenu Jennifer Carr, présidente de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada, lors d’un rassemblement organisé jeudi.
Ottawa a annoncé la politique, qui stipule également que les cadres devront être au bureau au moins quatre jours par semaine, en mai. Les syndicats ont réagi en promettant un «été de mécontentement».
L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) a notamment déposé des plaintes pour pratiques de travail déloyales et des griefs de principe, ainsi qu’une demande à la Cour fédérale. Juste avant le week-end de la fête du Travail, la Cour fédérale a accepté d’entendre l’affaire.
Cette décision de la cour «n’affecte pas la décision sur l’augmentation de la présence en personne», a déclaré le Conseil du Trésor dans un communiqué, soulignant que les deux parties auront la possibilité de présenter leurs arguments au tribunal.
La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, a maintenu qu’Ottawa avait la compétence pour apporter les changements et que les modalités de travail hybride ne figuraient pas dans les conventions collectives avec les syndicats.
Auparavant, la plupart des fonctionnaires fédéraux devaient être au bureau au moins deux jours par semaine. Ces règles ont été mises en place en mars 2023, deux ans après que les gens ont commencé à travailler à distance en raison de la pandémie de COVID-19.
Malgré les promesses du syndicat de lutter contre les nouvelles règles, les fonctionnaires devront les respecter. «La règle d’un syndicat est toujours d’obéir et de déposer un grief», a expliqué Mme Carr, en entrevue.
Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels, a refusé de préciser les tactiques exactes que les syndicats inciteront leurs membres à utiliser, mais a déclaré qu’elles pourraient inclure des pétitions demandant une exemption à la politique et des mesures visant à exploiter les contradictions dans diverses politiques gouvernementales.
L’une des préoccupations des syndicats est qu’il n’y aura pas assez d’espace pour tout le monde au bureau, affirmant que les travailleurs ont déjà du mal à trouver des bureaux et des salles de réunion disponibles.
Dans un communiqué, Services publics et Approvisionnement Canada a dit qu’il travaillait avec les ministères et organismes fédéraux pour s’assurer que suffisamment d’espaces de bureau soient fournis.
Des difficultés de transport anticipées par les syndicats
Alex Silas, vice-président exécutif national de l’AFPC, prédit «beaucoup de chaos lundi».
«Je pense que beaucoup de gens vont malheureusement se présenter dans des bureaux qui ne sont pas prêts à accueillir ce retour», soit parce que les bureaux eux-mêmes ne seront pas prêts, soit parce qu’il n’y a tout simplement pas assez d’espace pour que tout le monde puisse travailler.
Le gouvernement fédéral a indiqué dans le budget de cette année qu’il prévoyait de réduire de moitié son parc de bureaux et de transformer les «bureaux gouvernementaux vacants» en logements.
M. Silas a fait valoir que lorsqu’il s’agit de «forcer les gens à retourner au bureau tout en prévoyant de convertir certains de ces bureaux, il y a une dissonance. Ces plans ne fonctionnent pas ensemble».
Les syndicats signalent également des inquiétudes concernant les transports, étant donné que le système de transport en commun d’Ottawa a récemment annoncé des réductions de service en dehors des heures de pointe.
«La plupart des fonctionnaires fédéraux vivant dans la région d’Ottawa en particulier ne croient pas que le système de transport en commun ici est fiable», a affirmé M. Prier.
Le rassemblement de jeudi a été marqué par des autocollants sur les pare-chocs indiquant : «Désolé pour le trafic, je dois me rendre à un appel vidéo».
Mme Carr a déclaré qu’il «faudra plus de temps aux gens pour se rendre au travail». «Imaginez que vous ayez tous ces bouleversements qui se sont produits avant d’arriver au bureau, et que vous vous asseyiez ensuite au bureau et fassiez exactement la même chose que vous auriez pu faire à la maison. Cela ne fera qu’engendrer du ressentiment et de la colère», a-t-elle affirmé.
Pat Scrimgeour, directeur des systèmes de transport et de la planification, a déclaré que le système de transport en commun de la ville peut gérer l’augmentation.
«La capacité du réseau O-Train et des autobus est suffisante pour soutenir les fonctionnaires qui retournent plus souvent au bureau. Nous continuerons de surveiller la demande d’achalandage au cas où il y aurait un endroit ou un moment où l’achalandage augmenterait plus que prévu», a-t-il soutenu dans un communiqué.
La date à laquelle l’affaire sera entendue par le tribunal n’a pas encore été fixée. M. Silas a dit que le syndicat attend avec impatience «d’entendre enfin l’employeur quant aux raisons de cette politique de retour au bureau».
En fin de compte, la question pourrait aboutir à des négociations collectives. M. Silas a souligné que la prochaine ronde de négociations de l’AFPC avec le Conseil du Trésor débutera en 2025.
«Si le gouvernement fédéral ne règle pas cette question de son plein gré, s’il ne fait pas la lumière sur ses propres conditions et ne voit pas les aspects positifs du travail à distance, alors cela continuera certainement d’être une priorité pour nous dans les négociations.»