Les femmes sont sous-représentées parmi les chefs des Premières Nations

Même si le nombre de cheffes d’une Première Nation est en hausse depuis les 10 dernières années, les femmes demeurent sous-représentées.

Cora Voyageur, professeure de sociologie à l’Université de Calgary et membre de la Première Nation  Athabasca Chipewyan, dit constater une certaine stagnation.

«De 15 % à 18 % des chefs sont des femmes. C’est plutôt constant depuis les 15 dernières années», signale-t-elle. 

Et pour celles qui choisissent cette voie, «la route sera difficile», ajoute-t-elle.

Et le pays en a été témoin au cours du dernier été. Le conseil exécutif de l’Assemblée des Premières Nations a suspendu sa première cheffe nationale, RoseAnne Archibald, soupçonnée d’intimidation et de harcèlement.

Elle a allégué qu’elle avait été sanctionnée pour avoir tenté d’enquêter sur la corruption au sein de l’assemblée et a demandé une vérification judiciaire des livres de l’organisation pour les huit dernières années. Elle est revenue au poste.

Mme Voyageur dit que cet épisode a été déchirant.

Selon le ministère fédéral des Services aux Autochtones, le pourcentage de cheffes a grimpé de 18 % à 24 % de 2012 à 2022. Le pourcentage de femmes siégeant à un conseil de bande a augmenté de 29 % à 31 %.

Le ministère mentionne que ces données sont une estimation s’appuyant sur ce que rapportent les responsables électoraux. Elles n’incluent pas les conseils qui se gouvernent en dehors de la Loi sur les Indiens.

Au Manitoba, Sheila North, une journaliste crie, tente de devenir la première femme en près de 35 ans à diriger l’Assemblée des chefs du Manitoba, plus d’un an après sa vaine tentative.

Elle dit que les dirigeants, hommes et femmes, tentent de corriger ce déséquilibre.

«Je réponds à l’appel de ma communauté, explique M. North. J’ai assez d’énergie pour le faire.»

Plusieurs experts soutiennent que plusieurs communautés autochtones étaient matriarcales, mais la colonisation européenne et la Loi sur les Indiens ont perturbé les structures sociales.

«Selon ce que certains pensent, diriger n’est qu’une affaire d’homme. C’est le résultat de la colonisation et de la façon dont notre pays a évolué. Les femmes ont été rejetées à l’arrière et leurs voix ne sont plus entendues», dit Mme North.

Peu à peu, les choses évoluent. La nation crie Nisichawayasihk, au nord du Manitoba, a élu une première cheffe.

Angela Levasseur a décidé de mettre sur pause sa brillante carrière d’avocate et s’est portée candidate après avoir reçu les encouragements de membres et d’anciens de sa communauté.

Dans le système actuel, Mme Levasseur est considérée comme la première femme à être cheffe de la nation, mais elle souligne que plusieurs autres l’ont précédée, si on recule plus loin dans l’histoire.

«Nous avons toujours eu des femmes comme leaders. Nous devons restaurer l’équilibre si nous voulons que nos communautés se rétablissent et que les peuples autochtones avancent dans la bonne direction.»

Depuis son élection, Mme Levasseur dit avoir écouté d’autres femmes intéressées à devenir cheffes ou membres d’un conseil de bande.

«Je les encourage fortement à se porter candidates et de ne pas avoir peur. Il faut avoir du courage et en appeler à la sagesse de nos grand-mères et de nos ancêtres pour les appuyer.»