Le père du show-business du Québec, Guy Latraverse, n’est plus

MONTRÉAL — Guy Latraverse, appelé le «père du show-business du Québec» dans le milieu artistique, s’est éteint samedi à l’âge de 84 ans.

La Presse Canadienne a confirmé la nouvelle auprès de deux sources indépendantes.

M. Latraverse a lancé la carrière de toute une génération d’artistes, des chanteurs devenus des légendes ainsi que des humoristes de renoms. Il s’est implanté dans le milieu culturel alors qu’il était un jeune adulte de 23 ans en inventant un métier alors inexistant, celui de producteur de spectacles.

Au fil des ans, il a tour à tour été à l’origine des Francofolies de Montréal, de l’Association de l’industrie du disque et du spectacle (ADISQ) et de son gala télévisé, des galas du théâtre (La soirée des Masques), du cinéma (La soirée des Jutra) et de l’humour (Les Olivier).

L’annonce de son décès, dimanche soir, a rapidement entraîné une pluie d’éloges, dont celles du premier ministre François Legault, qui a qualifié M. Latraverse de l’un des «grands bâtisseurs de l’industrie québécoise du disque et du spectacle».

«Un grand imprésario, mais surtout un homme qui a vu grand pour nos artistes et notre culture, à une époque où tout était encore à faire», a quant à lui souligné le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe.

Au cours de sa carrière, Guy Latraverse a mis en place un réseau de salles pour les tournées de ses artistes, un parcours toujours utilisé de nos jours. Il a aussi tissé des liens entre les scènes culturelles du Québec et de la France.

Parmi les artistes qu’il a pris sous son aile, Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland, Robert Charlebois, Diane Dufresne, Louise Forestier et Yvon Deschamps sont énumérés par l’Ordre national du Québec, dont il a été fait chevalier en 2003, dans sa biographie.

«Si notre industrie du spectacle est désormais symbole de fierté, c’est en grande partie grâce à son travail, haussé à un niveau de professionnalisme exemplaire», est-il résumé sur la page qui lui est consacrée sur le site de l’Ordre de Montréal, dont il a été fait officier en 2020.

Outre ses importantes contributions à l’industrie culturelle au Québec, Guy Latraverse a été impliqué auprès de l’organisme Revivre, aujourd’hui appelé Relief, afin de démystifier le trouble bipolaire, une maladie dont il était atteint.

Il avait pour mission d’encourager les gens atteints du trouble bipolaire à demander de l’aide. 

«Un monument»

Le légendaire photographe Pierre Dury avait déjà fait ses premières armes dans son métier lorsqu’il a rencontré Guy Latraverse, alors qu’il travaillait déjà avec Diane Dufresne.

C’est toutefois «monsieur» Latraverse qui lui a «ouvert les portes de son écurie», ce qui l’a mené à immortaliser des moments de Robert Charlebois, Jean-Pierre Ferland, Claude Léveillée et Yvon Deschamps, pour ne nommer que ceux-là.

«C’est certain que c’est un monument, un géant, dans l’évolution de ce qu’on est», a résumé M. Dury en entrevue avec La Presse Canadienne.

Selon lui, c’est grâce au travail acharné de M. Latraverse que certains artistes ont pu percer le marché français et atteindre un tout autre niveau de succès.

Mais sur une note plus personnelle, M. Dury a réitéré que M. Latraverse l’a toujours beaucoup aidé, et que c’est grâce à lui qu’il est réellement «entré dans le milieu».

«Il m’a toujours encouragé, il a toujours cru en moi, donc je n’ai aucune honte à dire combien j’ai d’admiration pour lui.»

Guy Latraverse laisse dans le deuil sa conjointe Monique, ses sœurs Louise et Michèle et ses enfants Zoé, Rose, Simon et Monica.