Le NPD veut presser les libéraux, avec une motion, de reconnaître un État palestinien

OTTAWA — Les néo-démocrates veulent pousser le gouvernement de Justin Trudeau à reconnaître formellement la Palestine en tant qu’État, soutenant que cette «prochaine étape importante» serait cohérente avec la position de longue date du Canada.

«Si nous croyons en une solution à deux États, il faut qu’il y ait deux États», a dit mardi la porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’affaires étrangères, Heather McPherson, qui a fait un avis de motion en ce sens.

Le libellé n’était pas accessible mardi, mais devrait apparaître au feuilleton plus tard.

Mme McPherson a indiqué ne pas avoir eu de discussions préalables avec les libéraux au sujet de sa motion. Elle les a, du même souffle, accusés d’inaction face à la situation critique au Proche-Orient.

Plus de 28 000 Palestiniens ont perdu la vie, selon les autorités sanitaires locales de Gaza, depuis la riposte israélienne à l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. Cette offensive avait fait 1200 morts et 250 captifs.

Selon le NPD, le Canada n’en a pas fait assez pour demander un cessez-le-feu et encore moins pour cesser l’envoi de matériel militaire à Israël.

«À chaque étape, ils ont traîné les pieds. Je pense que c’est épouvantable et il faut que plus d’actions soient prises», a déclaré leur députée.

Le chef adjoint néo-démocrate, Alexandre Boulerice, a affirmé que la reconnaissance d’un État palestinien est prioritaire pour son parti, et ce, même si l’accord de soutien et de confiance liant celui-ci aux libéraux n’en fait pas mention.

«Évidemment, ce n’est pas dans l’entente qu’on a négociée il y a deux ans, mais ça fait partie des discussions qu’on a sur une base régulière avec les libéraux», a-t-il soutenu.

Le Canada reconnaît les territoires palestiniens comme des entités distinctes d’Israël, mais pas qu’ils forment un État à proprement parler.

Mme McPherson a noté que le gouvernement britannique considère une pleine reconnaissance. Des informations voulant que ce soit un scénario envisagé aux États-Unis ont aussi circulé récemment dans des médias américains.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’a jusqu’à présent pas fait de commentaire en ce sens. 

Dans une déclaration fournie mardi, son bureau a évité de se prononcer sur la reconnaissance immédiate d’un État palestinien.

«Le Canada croit que la seule façon d’atteindre l’objectif d’une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient est sous la forme d’une solution à deux États, y compris la création d’un État palestinien coexistant avec Israël dans la paix et la sécurité», a déclaré l’attachée de presse Isabella Orozco-Madison.

La plupart des pays d’Asie et d’Afrique reconnaissent la Palestine en tant qu’État.

Mme McPherson a spécifié qu’aucune délimitation particulière ne serait mentionnée dans sa motion puisque ce n’est pas au Canada de décider des frontières.

«La reconnaissance de l’État permet à ces conversations de se produire», a-t-elle dit.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a affirmé être «sans équivoque» en faveur du principe derrière la motion néo-démocrate dont la formulation exacte reste à être connue. 

«La mise en œuvre pourrait ne pas être simple, mais le simple et le seul fait de le dire augmente la pression sur Israël», a dit M. Blanchet.

La co-cheffe du Parti vert, Elizabeth May, s’est aussi prononcée pour la reconnaissance bien qu’elle n’ait pas pu lire le texte de la motion.

Les conservateurs n’ont pas répondu à une demande de commentaire de La Presse Canadienne.

– Avec des informations de Dylan Robertson