Le commissaire fédéral à l’environnement s’inquiète des sites contaminés dans le Nord

Ottawa ne parvient pas à assainir les sites contaminés dans le Nord, laissant les Autochtones en danger et augmentant la propre responsabilité financière du gouvernement pour les zones polluées, conclut le commissaire à l’environnement Jerry DeMarco dans un nouvel audit publié mardi.

L’enquête de M. DeMarco a révélé que la responsabilité du gouvernement pour les sites contaminés a augmenté de 7 milliards $ depuis 2005, lorsque le gouvernement a lancé son plan d’assainissement et de récupération des mines abandonnées. 

Ce passif financier total associé aux sites contaminés connus atteignait 10,1 milliards $ en 2022‑2023, indique le commissaire DeMarco. Et plus de 60 % de cette responsabilité se situe dans le Nord.

«Après 20 ans, il reste encore beaucoup à faire pour réduire la responsabilité financière liée aux sites contaminés et pour réduire les risques environnementaux et sanitaires pour les générations actuelles et futures», a déclaré M. DeMarco mardi.

«De plus, le gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour améliorer les avantages socio-économiques, y compris les possibilités d’emploi, et pour soutenir la réconciliation avec les peuples autochtones dont les terres sont souvent touchées par des sites contaminés.»

M. DeMarco souligne ainsi que dans une mine, des travaux sont encore en cours pour empêcher l’eau contaminée de s’infiltrer dans les zones environnantes, tandis qu’une autre abrite encore un grand volume d’arsenic qui doit rester congelé sous terre.

La plupart de ces sites se trouvent sur des terres autochtones, mais M. DeMarco affirme que les communautés ne sont pas pleinement impliquées dans les efforts de restauration.

Le commissaire a estimé que l’assainissement des sites contaminés dans le Nord constitue «une occasion importante de soutenir la réconciliation avec les peuples autochtones et de promouvoir le développement économique».

Il a rappelé que lors des travaux d’assainissement de la mine Giant, près de Yellowknife, le ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada n’avaient pas réussi à atteindre les objectifs d’emploi pour les travailleurs autochtones et du Nord.

Même si ce ministère a commencé à élaborer un cadre socio-économique pour la mine Faro, dans le centre-sud du Yukon, il n’est pas parvenu à le terminer. M. DeMarco souligne toutefois que ce ministère a dépassé les objectifs internes en matière de formation des Autochtones, des habitants du Nord et des femmes pendant les travaux préalables à la réhabilitation.

M. DeMarco rappelle que les Autochtones ont exprimé leurs inquiétudes quant à la gestion des projets par le gouvernement fédéral, affirmant qu’il y a eu un manque d’engagement, de consultation et de prise en compte significatifs de leurs contributions. Il a également constaté un manque de capacité pour les communautés et des charges administratives, ainsi qu’un manque d’avantages socio-économiques.

Le commissaire à l’environnement exhorte le gouvernement fédéral à «chercher des moyens d’augmenter les possibilités pour les populations autochtones de participer à la gestion des sites contaminés dans le Nord et d’en tirer profit» — ce que le ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada ont accepté de faire.

Ottawa a beaucoup de travail à faire non seulement pour réduire sa responsabilité financière, mais aussi pour faire face aux risques environnementaux et sanitaires très réels pour les générations actuelles et futures de la région, a conclu le commissaire DeMarco.