L’armée retire le dernier chef d’accusation pesant contre Steven Whelan

GATINEAU, Qc — Le lieutenant-général Steven Whelan a essuyé ses larmes, lundi matin, lorsque les procureurs militaires ont demandé au juge de la cour martiale de retirer la dernière accusation contre lui, alors que son avocat se préparait à contre-interroger la plaignante dans l’affaire.

M. Whelan avait plaidé non coupable à un chef d’accusation de conduite préjudiciable au bon ordre et à la discipline pour avoir modifié un rapport de rendement en 2011.

L’armée a allégué qu’il avait donné à la plaignante dans ce dossier, une femme qui était sous ses ordres à l’époque, une meilleure note pour l’empêcher de parler aux commandants supérieurs des courriels coquins que M. Whelan lui avait envoyés avant qu’ils ne travaillent ensemble.

«Mon client a traversé cette épreuve pendant deux ans, à un coût énorme pour les contribuables et pour lui personnellement, à cause de ce que je crois être une fausse allégation motivée par des intérêts financiers, a déclaré l’avocat de la défense, Phillip Millar.

«Il est décevant de ne pas avoir la possibilité de faire éclater la vérité et de répondre aux allégations qui hantent cet homme depuis la fuite du 15 octobre 2021, qui l’a placé dans une catégorie de personnes dans laquelle il n’avait rien à faire.»

M. Whelan a été démis de ses fonctions de chef du personnel militaire lorsque les médias ont rapporté qu’il faisait l’objet d’une enquête de la police militaire en octobre 2021. Il est en congé payé depuis lors et figure sur la liste des généraux de haut rang qui ont été sanctionnés après avoir été accusés d’inconduite sexuelle.

M. Whelan a été inculpé en janvier 2022 de deux chefs d’accusation pour conduite préjudiciable au bon ordre et à la discipline.

Les procureurs ont abandonné le premier chef d’accusation la semaine dernière, lié à ce que l’armée a qualifié de relation inappropriée avec une subordonnée.

Lundi matin, les procureurs ont demandé au juge militaire Martin Pelletier de retirer le dernier chef d’accusation, sur la base «d’une évaluation de la preuve».

Le juge Pelletier a statué vendredi que les courriels au centre de l’affaire ne pouvaient être admis comme preuve.

Dans sa décision, il a souligné que si la défense devait attaquer la crédibilité de la plaignante lors du contre-interrogatoire, les courriels pourraient être utilisés pour la «réhabiliter» lors d’un nouvel interrogatoire.

M. Pelletier a mentionné qu’il a été établi au tribunal que «les courriels sont très embarrassants sur le plan personnel et professionnel» pour M. Whelan. Leur contenu fait l’objet d’une interdiction de publication.

M. Millar a affirmé que son client envisageait d’intenter une poursuite civile contre le gouvernement fédéral et «tous ceux qui ont participé à la destruction de sa carrière sans faire leur devoir d’enquête».

Les procureurs ont refusé une demande d’entrevue lundi matin.