Fin de la visite royale: le prince Charles et Camilla partent «le cœur lourd»

YELLOWKNIFE — Le prince Charles mentionne que lui et Camilla, la duchesse de Cornouailles, quittent le Canada avec «le cœur lourd» et une compréhension plus profonde des pensionnats après leur visite royale dans les Territoires du Nord-Ouest.

Charles s’est dit profondément ému par les conversations avec les survivants qui ont courageusement partagé leurs expériences des écoles au cours de la tournée royale de trois jours.

«Je tiens à reconnaître leur souffrance et à dire à quel point nous sommes de tout cœur avec eux et leurs familles», a déclaré le prince Charles jeudi soir à Yellowknife devant des centaines de personnes.

Le couple a reconnu que leur visite arrivait à un moment important pour le Canada, a-t-il dit. Le pays tient compte de son histoire, car de possibles tombes continuent d’être découvertes sur les sites d’anciens pensionnats.

Plus tôt durant la visite, les dirigeants de l’Assemblée des Premières Nations et du Ralliement national des Métis ont demandé des excuses à la reine, en tant que chef de l’Église d’Angleterre.

Sans répondre à cette demande, le prince a déclaré que les membres de la communauté et les dirigeants ont souligné à chaque étape l’importance de la réconciliation.

«Nous avons tous la responsabilité d’écouter, de comprendre et d’agir de manière à favoriser les relations entre les peuples autochtones et non autochtones au Canada», a-t-il soutenu.

C’était un sentiment partagé par la première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Cochrane, lors d’une célébration en l’honneur du jubilé de platine de la reine Élisabeth II. Elle a dit qu’elle espérait que le couple royal aurait l’occasion d’apprendre et de réfléchir sur la culture et l’histoire des peuples autochtones.

«Un aspect clé de la réconciliation est l’écoute mutuelle», a souligné Mme Cochrane. 

Il s’agit de la 19e visite du prince de Galles au Canada et de la cinquième visite de la duchesse de Cornouailles. La précédente visite du couple royal au Canada remontait à 2017, où il s’était rendu au Nunavut, en Ontario et au Québec.

Dans un communiqué, le premier ministre Justin Trudeau a souligné la fin d’une «fructueuse tournée royale» de trois jours. «La famille royale a joué un rôle important dans notre passé, mais je sais aussi qu’elle attache une grande importance au travail que nous devons tous accomplir pour bâtir un meilleur avenir pour la prochaine génération et celles qui suivront», a déclaré M. Trudeau. 

Réchauffements climatiques 

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a dit plus tôt dans la journée que, même si le pouvoir effectif appartient au gouvernement et non à la reine, il comprend que les commentaires de la famille royale pourraient être importants pour certains peuples autochtones.

«C’est nuancé, a-t-il déclaré. Certains Autochtones ⁠– comme certains non-autochtones – qui s’en fichent complètement. (Mais) il y en a beaucoup qui entretiennent un lien profond avec la famille royale.»

Le prince Charles et son épouse Camilla ont participé à des cérémonies, à des événements culturels et ont appris à propos de la langue autochtone alors que leur visite se terminait sur le territoire.

Ils ont été accueillis par un grand groupe dans la communauté de Dettah de la Première nation Yellowknives Dene. Cette Première nation à l’est de Yellowknife compte une population d’un peu plus de 200 personnes. Des dizaines de personnes sont venues serrer la main du couple royal et ont participé à une cérémonie d’allumage du feu.

«C’est très émouvant pour moi», a partagé Eileen Drygeese. 

La femme âgée de 53 ans a dit que ses parents et ses grands-parents racontaient des histoires sur leur rencontre avec la famille royale lors d’une tournée dans les années 1970 lorsque le prince Charles était adolescent. Elle a donné à la duchesse Camilla un paquet de médicaments, également appelés paquets sacrés, pour représenter les femmes de sa famille et leur histoire ensemble.

Certains membres des Premières Nations n’appuyaient pas la visite, a déclaré Mme Drygeese, mais ils ont ajouté qu’ils comprenaient le pouvoir de mettre en valeur leur communauté et leur culture.

Beaucoup de ceux qui sont venus portaient des vêtements orange et d’autres articles avec les mots «chaque enfant compte» représentant l’héritage des pensionnats.

Tout au long de la tournée, le couple royal s’est concentré sur la connexion avec les peuples autochtones et sur les changements climatiques.

Charles a marché le long des rives partiellement fondues du Grand lac des Esclaves, le deuxième plus grand lac des Territoires du Nord-Ouest, pour un événement soulignant les impacts des changements climatiques sur la route de glace Dettah, qui relie la Première Nation à Yellowknife en hiver.

Des experts en changement climatique étaient là pour expliquer comment le réchauffement climatique a raccourci les saisons pour les routes de glace, qui sont vitales pour les communautés isolées.

La directrice adjointe de l’Indigenous Leadership Initiative, Dahti Tsetso, a expliqué au prince comment la pratique de la culture dénée prend soin de la terre.

«La terre fait partie de nous et nous faisons partie de la terre», a mentionné Mme Tsetso.

Le prince Charles a dit qu’il avait été témoin de l’impact dévastateur du changement climatique pendant son séjour dans le Nord. Il est clair que des mesures urgentes et décisives doivent être prises par tous les dirigeants, a-t-il déclaré.

«Nous devons simplement tirer des leçons pratiques des connaissances traditionnelles, et grâce à des liens profonds avec la terre et l’eau, sur la façon dont nous devrions traiter notre planète. Et, surtout, reconnaître l’importance vitale de la prise en compte de la septième génération à naître.»

Plus tôt, Robin Weber a ouvert la porte du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles pour le prince Charles, tout comme elle l’a fait il y a plus de 40 ans lorsqu’elle avait 11 ans. Le prince avait ouvert le musée et le bâtiment d’archives en 1979.

«Bienvenue à nouveau», a-t-elle lancé avec un sourire.

Le prince Charles a également été nommé Ranger canadien honoraire lors d’un événement à Yellowknife. Les Rangers font partie de la Réserve de l’Armée canadienne dans les régions nordiques et isolées, et le prince William a reçu le même honneur lors d’une visite précédente.

La dernière visite royale dans les Territoires du Nord-Ouest remontait à 2011, lorsque le prince William et Catherine, duchesse de Cambridge, ont été accueillis par une foule nombreuse lors d’une escale d’une journée dans le Nord.

Le prince Charles et son épouse Camilla ont commencé leur tournée mardi à Terre-Neuve-et-Labrador avant de se rendre à Ottawa pour une réception à Rideau Hall, mercredi. Le couple a également assisté à un service religieux dans une cathédrale orthodoxe ukrainienne et a rencontré une famille déplacée par l’invasion russe.

Avant de quitter Yellowknife, le prince a souligné qu’il avait apprécié l’accueil chaleureux à travers le Canada.

«Nous suivrons de près le prochain chapitre de l’histoire remarquable de ce pays – et ce, avec la plus grande affection et admiration pour tout ce que le Canada et les Canadiens représentent dans le monde.»