Des documents de cour identifient un suspect lié à l’incendie dans le Vieux-Montréal

MONTRÉAL — L’homme reconnu coupable de meurtre soupçonné par la police d’avoir déclenché un incendie dans un bâtiment historique ayant tué sept personnes dans le Vieux-Montréal en mars dernier a admis qu’il était sur les lieux du crime, tout en ajoutant que quelqu’un d’autre avait allumé l’incendie.

Des documents du Service correctionnel du Canada citant des témoignages de la police de Montréal allèguent que Denis Bégin a été filmé dans les environs du bâtiment qui a pris feu avant et après l’incendie. Cependant, la police n’a jamais identifié publiquement Denis Bégin comme étant un suspect et aucune accusation n’a été portée dans cette affaire.

Ces documents, rapportés pour la première fois par La Presse, indiquent que Denis Bégin nie avoir mis le feu, mais affirme détenir une photo du responsable sur un compte sécurisé. Les documents, qui ont été obtenus par La Presse Canadienne, font partie d’une requête déposée par Denis Bégin devant la Cour supérieure du Québec s’opposant à son transfert dans une prison à sécurité maximale; il a fait cette demande après avoir été identifié par La Presse en octobre en lien avec l’incendie mortel.

Denis Bégin, âgé de 63 ans, a passé 51 mois en cavale après s’être évadé d’une prison fédérale à sécurité minimale en février 2019 et a été arrêté en mai dernier après avoir été identifié lors de l’enquête sur l’incendie mortel.

Les responsables correctionnels affirment avoir été informés par un enquêteur de la police de Montréal qu’un véhicule relié à Denis Bégin avait été filmé par une caméra de surveillance le 16 mars près du site de l’édifice patrimonial. La vidéo montre une personne se dirigeant vers le bâtiment, entrant puis ressortant environ cinq minutes plus tard avant de repartir en voiture. Le feu s’est déclaré peu après.

Selon les documents, Denis Bégin utilisait un autre nom lorsqu’il s’est fait interroger en tant que témoin par la police. Les enquêteurs ont remarqué qu’il ne ressemblait pas à l’homme qu’il prétendait être et il a rapidement été identifié comme étant Denis Bégin grâce à l’analyse de ses empreintes digitales. Celui-ci a dit aux autorités qu’il n’était qu’un témoin de l’incendie et qu’il était entré dans le bâtiment pour récupérer des outils en ajoutant qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment.

Selon les documents correctionnels, Denis Bégin a confié à la police avoir vu la personne qui a mis le feu à l’édifice, ajoutant qu’il avait une photo pour le prouver. Il a ensuite promis à la police de dévoiler l’image en échange d’une immunité dans l’affaire de l’incendie criminel. Cette offre a été refusée.

Denis Bégin est par la suite revenu sur sa demande, en proposant de collaborer avec la police pour prouver son innocence et améliorer ses chances d’obtenir une libération conditionnelle. Les documents correctionnels ne donnent pas plus de détails, mais disent que les autorités étaient préoccupées par son comportement.

«De deux choses l’une : ou cette photo existe et il préfère exploiter le système plutôt que d’accomplir son devoir de citoyen en dévoilant l’identité de l’homme ayant tué 7 personnes, ou cette photo n’existe pas et il tente de se trouver une porte de sortie», peut-on lire dans les documents.

L’enquêteur de la police de Montréal affilié à cette affaire a déclaré aux responsables correctionnels que Denis Bégin demeure un suspect/témoin dans l’enquête sur l’incendie criminel.

Une peine d’emprisonnement à perpétuité pour meurtre

Denis Bégin purge actuellement une peine d’emprisonnement à perpétuité pour le meurtre de Ricardo Gizzi survenu le soir de l’Halloween en 1993, un crime qui lui a valu le surnom du «tueur d’Halloween». L’admissibilité à la libération conditionnelle avait été fixée à 10 ans, mais il n’a pas réussi à obtenir une libération avant de s’échapper de prison en 2019.

Denis Bégin a un casier judiciaire remontant à 1979 pour meurtre et incendies criminels ainsi que pour vol, conduite avec facultés affaiblies et fraude.

Les documents correctionnels ont jeté également un peu de lumière sur ses quatre années de cavale, durant lesquelles il était considéré comme l’un des criminels les plus recherchés au Québec. Denis Bégin a déclaré aux autorités qu’après son évasion de prison, il avait rapidement obtenu de faux documents pour commencer une nouvelle vie sous différents noms, dont Claude Therrien et Maurice Boucher.

Il a travaillé pour diverses entreprises avant de créer sa propre entreprise d’entretien; il a également développé une relation avec une femme qui ne savait pas qu’il fuyait la loi.