Des chercheurs canadiens aideront à trouver les corps de soldats américains disparus

HALIFAX — Des archéologues de l’Université Saint Mary’s, en Nouvelle-Écosse, se rendront en France l’été prochain pour aider les autorités américaines à retrouver et identifier les corps de soldats qui sont portés disparus depuis la Seconde Guerre mondiale.

L’équipe du département d’anthropologie de l’université située à Halifax a accepté de travailler avec la Defense POW/MIA Accounting Agency des États-Unis, qui est chargée de retrouver les corps des militaires américains disparus au combat lors des plus récents conflits.

L’archéologue Jonathan Fowler, qui est l’un des principaux chercheurs canadiens en géophysique archéologique et en télédétection, a reçu un courriel «venu de nulle part» de la part du directeur de l’agence américaine en 2017.

De ce courriel, le responsable américain expliquait que le mandat de son agence était tellement large qu’il «recherche toujours de nouveaux partenaires pour aider à faire ce travail», a raconté M. Fowler en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Nos travaux ont commencé à circuler, donc ils en ont eu connaissance et ils nous ont contactés», a expliqué le chercheur.

Le professeur universitaire se sert notamment d’un géoradar, aussi appelé radar à pénétration de sol, qui utilise les ondes radio pour repérer la profondeur à laquelle certains objets sont enfouis. Il a aussi recours à la télédétection, qui passe par des lasers pour cartographier la surface de la Terre.

Ses précédentes recherches ont, entre autres, servi à cartographier les sépultures associées au naufrage du SS Atlantic, survenu en Nouvelle-Écosse en 1873, et pour identifier près de 300 tombes anonymes dans le cimetière acadien sur le site historique national de Grand-Pré. On a aussi fait appel à lui pour aider la Première Nation Sipekne’katik, toujours en Nouvelle-Écosse, à repérer des tombes potentielles sur le site de l’ancien pensionnat de Shubenacadie.

«Nous avons travaillé avec l’université et nos collègues américains pour en venir à un protocole d’entente pour cette nouvelle collaboration», a mentionné le professeur Fowler.

Pourquoi pas au Canada?

Le professeur auxiliaire de l’Université Saint Mary’s Aaron Taylor dirigera le premier projet sur le terrain, prévu pour juillet, qui se concentrera sur un site d’écrasement de bombardiers de la Seconde Guerre mondiale dans le nord-ouest de la France. M. Taylor emmènera une équipe de 16 personnes, dont huit étudiants.

Le professeur a confiance de trouver les restes d’anciens soldats, puisque le lieu de leur mission a été sélectionné au terme de recherches méticuleuses de l’agence américaine.

M. Taylor, qui se passionne pour l’histoire militaire, est toutefois déçu que le Canada n’ait pas de programme similaire pour retrouver ses disparus au combat.

Il explique que le pays fait plutôt appel à un anthropologue médico-légal — qui travaille avec un petit budget — pour identifier les restes de militaires disparus qui sont découverts par hasard, souvent par des agriculteurs et des promoteurs immobiliers.

«Nous savons où sont les lieux où il y a eu des accidents. Mon but ultime est donc d’avoir un programme pour le Canada, parce que nous avons le devoir sacré de, dans la mesure du possible, ramener nos disparus à la maison», a souligné M. Taylor.