Aucun retour à l’équilibre budgétaire à l’horizon, au grand désarroi d’économistes

OTTAWA — Le nouveau budget des libéraux fédéraux a annoncé de nouvelles dépenses principalement pour l’économie verte et les soins de santé, mais malgré cette orientation relativement serrée, Ottawa devrait continuer à enregistrer des déficits au cours des cinq prochaines années. 

De nombreux économistes expriment une déception face au budget fédéral et à ses projections budgétaires, notant que le gouvernement pourrait être en difficulté si l’économie devait ralentir plus que prévu. Ils affirment aussi que les libéraux auraient pu s’épargner des maux de tête avec une meilleure planification au cours des années précédentes.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, avait promis que le budget de mardi serait soumis à des restrictions budgétaires compte tenu du ralentissement de l’économie, qui pourrait peser sur les coffres du gouvernement. 

Mais les projections budgétaires du budget montrent que le déficit a été révisé à la hausse depuis l’automne, et qu’aucun retour à l’équilibre budgétaire n’est dans les cartes, alors que la mise à jour budgétaire de l’automne dévoilée en novembre en prévoyait un pour le budget de 2027-28. 

«L’idée que vous n’atteignez même pas un budget équilibré dans cet horizon budgétaire n’est, à mon avis, pas responsable sur le plan financier», a soutenu James Orlando, directeur des affaires économiques de la TD.

Le budget de mardi visait un déficit de 14 milliards $ en 2027-28, et des déficits plus élevés que prévu précédemment pour chaque année d’ici là.

L’ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, estime qu’il n’est pas surprenant que le déficit soit plus élevé que ce qui avait été prévu à l’automne, étant donné que les perspectives économiques se sont détériorées depuis. 

Les projections économiques du budget, qui sont basées sur un sondage auprès d’économistes du secteur privé, montrent que l’économie ralentit plus que ce qui était prévu à l’automne. Le gouvernement fédéral s’attend maintenant à une légère récession cette année, car les taux d’intérêt élevés pèsent sur la croissance.

Cela signifie moins de recettes fiscales pour financer les dépenses prioritaires du gouvernement fédéral. Si l’économie ralentit plus que prévu, le gouvernement fédéral risque d’enregistrer des déficits encore plus importants.

Alors que le budget annonçait près de 60 milliards $ de nouvelles dépenses, une grande partie était destinée à investir dans l’énergie et les technologies propres, ainsi que dans les soins de santé.

Selon M. Page, il est «difficile de critiquer les priorités du gouvernement».

Les libéraux étaient confrontés à des pressions pour égaler les mesures incitatives américaines en matière d’énergie et de technologie propres, tout en assumant des dépenses en santé et pour la création d’un régime dentaire fédéral promis dans l’accord de «soutien et de confiance» avec le Nouveau Parti démocratique.

Cependant, avec le recul, le gouvernement fédéral a eu l’occasion de mieux se positionner en réduisant les dépenses lors des budgets précédents, fait valoir M. Page.

«Nous aurions pu économiser un peu, a-t-il affirmé. Alors oui, nous nous retrouvons dans une situation où il n’y a pas beaucoup d’argent dans la caisse en ce moment.»