République, religion et contrebande à East Hereford

HISTOIRE. East Hereford est connue aujourd’hui comme le royaume des sapins. Mais, au milieu des années 1950, la petite municipalité frontalière servait de toile de fond pour des activités de contrebande. Et, la légende veut qu’Al Capone y soit même déjà passé.

Les quelque 40 personnes rassemblées à l’occasion du déjeuner-conférence de la Société d’histoire de Coaticook ont pu en apprendre davantage sur ce village, le 14 mai dernier.

À la période mentionnée ci-haut, la fièvre aphteuse avait touché une grande partie du cheptel américain. Les veaux avaient donc la cote et les producteurs québécois en ont profité. C’est le cas du père de Claude Boutin, qui a instauré un système pour le moins rocambolesque. «Les échanges se faisaient à la noirceur, sur le chemin Grégoire, tout près de la rivière, se souvient-il. Avec une poulie, on faisait passer les animaux de l’autre côté de la frontière. Lorsqu’ils étaient arrivés à bon port, on nous retournait une canisse de crème. Mais, celle-là était plutôt remplie de cigarettes. Ce n’est pas d’hier que le prix de l’alcool et des cigarettes est beaucoup moins cher aux États-Unis. On en a profité. Même le curé de l’époque le faisait.»

Directrice générale d’East Hereford, Diane Lauzon Rioux a effectué de nombreuses recherches lorsqu’elle était à la tête d’un comité pour nommer les différents ponts et cours d’eau de la petite municipalité. «J’ai appris beaucoup, surtout sur la formation de la République de l’Indian Stream, en 1832. Notre territoire a déjà appartenu à un autre pays. Le traité avait été signé à Pittsburgh, au New Hampshire. L’endroit où tout s’est déroulé existe encore, d’ailleurs. La République a joué un rôle important dans la guerre entre les Britanniques et les Américains.»

Mme Lauzon Rioux a également fait mention de la venue du chemin de fer, en 1887, opérant sous la bannière Hereford Branch Railway. Le train a arrêté de siffler en 1925, alors que les rails ont été détruits à la suite d’une inondation.

Pour sa part, Juliette McDuff s’est longuement étirée sur le patrimoine religieux de la petite municipalité. «À l’époque, les gens ont demandé au curé de Paquetteville s’il ne pouvait pas venir chanter la messe. C’était aux alentours de 1860. Il a refusé, alors Hereford s’est lancé dans la construction de sa propre chapelle. L’abbé O’Neil a été le premier à diriger une messe, laquelle a eu lieu à Noël, en 1907.»

Fière de son travail chez Desjardins, Mme McDuff s’est souvenue des premières années de cette institution financière à East Hereford. ««La caisse était située dans la maison du directeur. Lorsque les gens voyaient la voiture dans l’entrée, ils arrêtaient. Il n’y avait pas vraiment d’heure d’ouverture. Lorsqu’on a commencé à en parler, il y avait certains doutes que ça allait faire diminuer le nombre de membres», raconte-t-elle.