On démystifie la transsexualité à Coaticook

ACCEPTATION. L’important dans la vie, c’est d’être bien dans sa peau, dit-on. Alex et Félicia ont peut-être eu à naviguer dans des chemins sinueux pour y arriver, mais ces deux personnes transgenres ont finalement abouti à leur «bonheur absolu».

La Maison des jeunes de Coaticook a été le théâtre de l’activité «Focus sur la jeunesse trans», tenue mercredi matin (17 mai), dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. C’est à ce rendez-vous qu’on a justement pu entendre d’émouvants et courageux témoignages de jeunes adultes justement en pleine transformation vers le sexe opposé.

Félicia est d’abord née Félix. Aujourd’hui âgée de 18 ans, elle débutera en août prochain ses traitements d’hormonothérapie. «J’ai su que j’étais né dans le mauvais corps depuis l’âge de trois ans, avance-t-elle. Je n’osais pas en parler avant à mes parents, de peur de les décevoir. Lorsque je l’ai fait, on pensait à la crise d’adolescence, mais c’était beaucoup plus que ça. C’était plutôt un problème d’identité.»

Félicia a vécu des moments difficiles depuis qu’elle a assumé sa nouvelle identité. Des membres de ma famille me voient encore comme un garçon, dit-elle. «Mais, aujourd’hui, j’en suis fière. Être trans, c’est la liberté, la joie de vivre et le bonheur absolu. J’en parle, oui, c’est difficile, mais je veux ouvrir des portes, que ça devienne un peu plus accepté dans la société.»

Quant à lui, Alex se considère comme un homme trans. Signe que les temps changent, le Centre de formation professionnelle de Lennoxville lui a offert deux cartes étudiantes, l’une avec son identité légale, l’autre comme il aimerait être représenté.

Sa copine de l’époque, qui a étudié en sexologie à l’université, lui a ouvert les yeux sur sa situation actuelle. «Elle m’a dit que je n’étais pas lesbienne, mais bien hétéro, que je n’étais juste pas dans le bon corps», a-t-il expliqué.

Son changement lui a apporté une grande confiance en soi, lui qui œuvre dorénavant dans le domaine de la menuiserie. «Je suis plus épanoui et je me sens beaucoup mieux», lance fièrement l’homme de 26 ans.

Pour une meilleure représentation

Sao, lui, est non-binaire, c’est-à-dire qu’il ne s’identifie à aucun genre. «J’ai appris à 20 ans qu’il y avait un mot pour ce que je ressens. Si je l’avais appris avant, il aurait été possible que je m’accepte plus tôt.»

Voilà pourquoi Sao mise sur l’éducation et la représentation de personnes trans, notamment, dans toutes les sphères de la société, mais aussi à la télévision et dans les jeux vidéo.

Cette éducation, à son avis, devrait débuter dès l’âge primaire. «Arrêtons aussi de donner un genre aux jouets. Si un garçon veut jouer avec une poupée ou si une fille veut faire des blocs Lego, je ne vois pas ce qu’il y a de mal. Pourquoi humilier cet acte?», se questionne-t-il.

 

L’importance d’en parler en région

  • Parler du phénomène trans revêt une importance particulière, surtout dans des plus petits milieux. Voilà pourquoi la coordonnatrice de la Maison des jeunes de Coaticook,  Line Gendron, a accepté l’invitation du Regroupement estrien pour la diversité sexuelle et de genre à tenir l’événement du 17 mai. «Je voulais d’abord montrer qu’à Coaticook, on démontre une ouverture, alors que j’entends souvent dire qu’on est fermé. Je voulais briser les tabous», insiste-t-elle.
  • «Plus on en parle, plus on tient des événements du genre dans la région, plus on démontrera une acceptation, rajoute Mme Gendron. On parle aussi d’exode des jeunes vers les grandes villes. Si on est plus accueillant, ils voudront peut-être aussi demeurer ici.»