Michel Jean, envoyé spécial à… Coaticook

Le métier d’envoyer spécial pour les grandes chaînes de télévision peut être un boulot fascinant, mais aussi terrifiant. Le journaliste et auteur Michel Jean a levé le voile sur cette profession lors d’une conférence à la Bibliothèque Françoise-Maurice, le 26 mars dernier.

La rencontre avec cette personnalité et les quelque 30 personnes venues l’entendre s’inscrit dans les activités du 55e anniversaire de la maison de livres coaticookoise.

D’entrée de jeu, Michel Jean a noté qu’il exerçait l’un des plus beaux métiers. Il a également vite fait de signaler la principale ressemblance entre sa passion pour le journalisme et son côté amoureux de la plume. «Dans les deux cas, l’écriture est prépondérante, dit-il. Pour les romans, c’est un style plus descriptif. À la télé, on peut laisser les images parler d’elles-mêmes. Mais, ça prend un style bien précis, comme si on parlait aux téléspectateurs. C’est quelque chose qu’on acquiert avec l’expérience.»

Avant son arrivée au réseau TVA, le journaliste a évolué à Radio-Canada, où il a couvert de nombreux événements internationaux, dont les attentats du 11 septembre 2001. «J’ai été le premier journaliste canadien à avoir accès à Ground Zero. J’avais l’impression de voir le mal incarné. Vous savez, quand vous faites "wow!", mais en négatif», a-t-il raconté aux curieux.

Son métier l’a également mené au Liban, où il a couvert la traversée en bateau de ressortissants canadiens, jusqu’en Turquie. Ce qui devait être un voyage en mer de quelques heures seulement s’est transformé en cauchemars de plus de 22 heures. Ce reportage lui a d’ailleurs valu le prix Judith-Jasmin. «Le gouvernement conservateur m’en a voulu à mort d’avoir diffusé ce reportage», mentionne-t-il à propos de cet épisode de la guerre au Liban, en 2006.

M. Jean a aussi parlé de la première chose qu’il devait faire en terre étrangère. «Il faut se trouver ce qu’on appelle dans le jargon, un "fixer", quelqu’un qui est de la place, qui nous guidera et qui nous servira d’interprète. Après le départ d’Aristide, en Haïti, je m’apprêtais à faire une intervention en disant que le calme était revenu à cet endroit. Mon "fixer" m’avait alors dit que ce n’était pas le cas, qu’habituellement, ces rues sont bondées et que les gens avaient peur. Je m’en allais dire le contraire en ondes et il m’a corrigé.»

Quant à son côté écrivain, cette activité lui permet de raconter certaines histoires qui n’intéressent pas réellement ses patrons. Son dernier ouvrage, «Le vent en parle encore», en est un bon exemple. «Ça raconte l’histoire d’Amérindiens, un sujet pas assez sexy pour plusieurs. Ça me permet une certaine liberté dans les histoires que je raconte», se plaît-il à dire.