La truite mouchetée dans nos cours d’eau agricoles

Depuis 2007, un projet visant l’amélioration de la qualité de l’eau dans quatre ruisseaux agricoles a cours en Estrie. Les producteurs présents dans les bassins versants de ces cours d’eau ont réalisé de nombreux efforts pour réduire l’impact de leurs activités sur le milieu aquatique.

Afin d’avoir une première idée de l’état de santé des communautés de poissons dans ces cours d’eau, des inventaires ont été réalisés à l’été 2010. Ceux-ci ont révélé une nouvelle très encourageante : la truite mouchetée, autrefois retrouvée sur l’ensemble du territoire, est aujourd’hui encore présente dans les quatre cours d’eau étudiés.

Au total, entre 7 et 15 sites ont été échantillonnés dans chaque cours d’eau à l’été 2010. Le bras principal, mais aussi les ramifications secondaires de ruisseaux ont ainsi pu être sondés. Une grande variété d’espèces de poissons a été répertoriée, mais une attention particulière a été portée à la truite mouchetée. Cette espèce est parmi les plus intolérantes à la pollution. Elle est par conséquent une des premières à disparaître lorsque la qualité de l’eau se dégrade. Bien qu’elle ne fût pas présente partout, on l’a retrouvée à près de 50% des sites échantillonnés. Elle a également pu être observée dans chacun des cours d’eau à l’étude. À la lumière de nos résultats, des zones de reproduction ont aussi pu être identifiées. Par ailleurs, des secteurs plus problématiques, où la qualité de l’eau serait à améliorer, ont pu être localisés.

Comment donner un coup de pouce à la truite?

Il est très intéressant de constater que la truite mouchetée est encore présente dans nos cours d’eau agricoles. Par contre, pour accroître ses effectifs et pour élargir son aire de distribution, différentes actions peuvent être préconisées. D’abord, les pratiques culturales doivent permettre de réduire les apports en sédiments. La lutte à l’érosion prend ici tout son sens. La plantation d’arbres aux abords du cours d’eau permet de créer de l’ombrage et aide à garder l’eau fraîche. Voilà une condition essentielle à la survie de la truite.

Par ailleurs, la bonne oxygénation de l’eau est un autre facteur qui permet à l’espèce de bien se porter. Dans ce contexte, les apports d’éléments nutritifs, comme le phosphore, engendrent indirectement une diminution de l’oxygène dans l’eau. Le respect des normes en termes de fertilisation et d’épandage des fumiers est donc une autre condition gagnante. Enfin, des aménagements peuvent être réalisés pour accroître la qualité des sites de reproduction. Des frayères seront d’ailleurs aménagées dans les cours d’eau en question pour permettre d’augmenter la population de truites.

Dans l’ensemble, des résultats très encourageants ont été obtenus dans les quatre cours d’eau échantillonnés. Bien qu’il reste encore bien du travail à accomplir, on peut affirmer qu’une espèce de poisson très convoitée, la truite mouchetée, fait encore partie du décor agricole estrien.

 

Par Gabriel Diab

COGESAF