La petite histoire des barbiers de la Vallée

Ils étaient monnaie courante au siècle dernier. Chaque petit village avait son barbier. Adélard Mongeau, Jean-Claude Goyette et Fernando Hébert ont tous gagné leur vie de cette façon.

Invité à peindre le portrait de cette profession devant les membres de la Société d’histoire de Coaticook, M. Goyette a d’abord lancé une blague à son auditoire. «J’ai été barbier pendant 54 ans et demi, a-t-il lancé lors d’une conférence tenue le 12 février dernier. S’il fallait ramasser tous les poils que j’ai coupés durant ma carrière, ça prendrait plusieurs dix roues.»

Né à Valcourt en 1941, le futur barbier a déménagé à Dixville trois années plus tard. «Mes parents avaient acheté le magasin général d’Alfred Bellerose, se souvient-il. À 12 ans, on s’est rendu à Coaticook où mon père était barbier à l’hôtel Maurice.»

Jean-Claude Goyette a donc suivi les traces de son paternel. Ce dernier l’a engagé en 1959. Il est resté derrière cette chaise pendant dix ans, jusqu’à ce que l’établissement soit rasé par les flammes. «Ç’a été long avant qu’une décision ne soit prise par les propriétaires. Finalement, ils ont décidé de ne pas rebâtir.»

À la recherche d’un nouveau local, le barbier coaticookois a jeté son dévolu sur un petit local de la rue Child, où il est demeuré pendant 45 ans. Les tristes événements de janvier dernier ont été difficiles pour le propriétaire du commerce. «Nos trois voisins n’y sont plus. Des tonnes de souvenirs se sont envolés. Ç’a été très dur sur le moral.»

Le principal intéressé croit-il que le métier de barbier pourrait revenir à la mode? «Je ne croirais pas. On a connu une certaine baisse d’achalandage dans les années 1950-1960, lorsque le rasoir électrique est arrivé. Mais, ça n’a pas pris de temps avant que les gens ne reviennent nous voir. Ça pinçait ces choses-là et ça donnait des plaques rouges. Par contre, lorsque les rasoirs jetables BIC ont envahi le marché, c’était le début de la fin pour notre profession», raconte celui qui chargeait 50 sous pour raser une barbe à ses débuts.