Forêt Hereford et hausse des tarifs d’électricité: une supercherie!

Invitée la semaine dernière à commenter la décision d’Hydro-Québec de ne pas enfouir la ligne de transport devant passer dans la Forêt Hereford, un milieu protégé, sa porte-parole explique : « (…) on est une société d’État qui a notamment pour mandat de maintenir la hausse tarifaire en deçà de l’inflation. »

L’argument a été repris le jour même par le ministre Pierre Arcand à l’Assemblée nationale : « (…) le 60 millions de coûts supplémentaires d’enfouissement (…) ça va être payé par tous les clients d’Hydro-Québec dans tout le Québec. »

Pourtant, selon les règles en vigueur à la Régie de l’énergie, c’est au demandeur d’un ajout au réseau de transport d’en supporter le coût réel. Dans le cas présent, c’est la division Production d’Hydro-Québec qui requiert la nouvelle ligne afin d’exporter. C’est donc elle qui doit assurer le financement de la ligne, que celle-ci soit enfouie ou non.

Ainsi, la division Production a conclu une convention de service d’une durée de quinze ans pour l’acheminement de 1128 MW (mégawatts) « livrés frontière » avec la division Transport, tel qu’en font foi les documents déposés devant la Régie de l’énergie. Notons que la division Production paie pour réserver la ligne, qu’elle l’utilise ou non, ce qui garantit les revenus pour la division Transport.

Puisque Hydro-Québec Production n’est pas réglementée par la Régie, les coûts éventuels de l’enfouissement de la ligne n’auront pas d’incidence sur les tarifs des Québécois. Ils influeront cependant sur le dividende qu’Hydro-Québec versera au gouvernement.

L’idée qu’une hausse de tarifs suive l’enfouissement de la ligne fait donc fi des rudiments de la réglementation sur les tarifs d’électricité.

Marc-Olivier Moisan-Plante,

Analyste, politiques et réglementation en matière d’énergie Union des consommateurs