De la scène et des conférences pour Jean-François Dubé
Jean-François Dubé (chanteur de Noir Silence) est d’abord et surtout connu pour ses talents d’auteur-compositeur et interprète, mais il s’avère également un conférencier fort intéressant. Le chanteur de Noir Silence, qui connaît incidemment une belle renaissance avec le lancement d’un nouvel album (Immortellement célèbre), l’a prouvé une fois de plus, récemment, en acceptant une invitation du CRIFA.
C’est dans le cadre de la Semaine de l’éducation aux adultes au CRIFA que ce dernier a accepté de venir partager ses expériences dans le domaine musical.
Et notre chanteur n’a pas fait que parler de ses bons coups. En fait, il s’est surtout attardé à rappeler toutes les embûches qui se sont pointées devant lui au cours des quinze dernières années. «Depuis trois ans, j’offre des conférences devant des étudiants de tous les âges. Pourtant, je ne suis pas une référence sur le plan académique. Je n’ai même pas terminé mon cégep. Mais j’avoue être une bon communicateur, j’ai des aptitudes pour passer des messages», de confier celui qui a entretenu son auditoire (15 élèves) durant près de deux heures. Deux heures à nous raconter son cheminement. Le tout ponctué bien sûr de quelques chansons qui ont marqué sa carrière jusqu’ici. «Percer sur la scène musicale au Québec, c’est loin d’être facile. Oubliez Star Académie, notre vie ne ressemble pas à ça pantoute (!!!).» À l’école, Jean-François était plutôt du genre rêveur. Des basses notes dans la plupart de ses matières. Mais son amour des mots et de la poésie lui ont permis de tirer son épingle du jeu en français. Ce qu’il aimait par-dessus tout : les arts plastiques. Quand il pénétrait dans la classe d’arts plastique, il se sentait au paradis. «En fait, je voulais devenir professeur d’arts plastiques», affirme sans détour le chanteur de Noir Silence.
Incidemment, c’est dans le but de payer ses études au Cégep qu’il a commencé à bourlinguer dans les bars avec sa guitare et ses chums de musique.
C’est de là qu’est né Noir Silence. Puis, d’un concours à l’autre, le groupe est parvenu à attirer l’attention des gens de l’industrie du disque. «Participer à des concours musicaux, c’est très formateur, dit-il, mais c’est pas évident de le faire devant des juges, des gens qui connaissent ça. En fait, c’est bien plus facile de jouer devant 10 000 fans que de se retrouver devant des juges qui analysent tout.»
Un album
Un bon jour, un homme de l’industrie a cru en eux. «Il disait qu’il y avait un trou à combler dans notre créneau. Je me suis lancé dans l’écriture durant huit mois. J’écrivais et je composais durant mes moments libres au dépanneur, là ou je travaillais la nuit.
Quand je suis arrivé avec tout le matériel, il nous manquait une chanson pour compléter le CD. Mais surtout, il en fallait une qui allait accrocher l’oreille. J’étais un peu frustré et désemparé. Surtout après avoir travaillé si fort. Quelques jours plus tard, en l’espace de 15 minutes, j’ai composé ce qui allait devenir notre premier grand succès : «ON JASE DE TOÉ». Mais il y avait tout un vécu derrière ce 15 minutes.».
L’année 1996 sera celle de Noir Silence avec trois (3) Félix. Une année de 233 shows!!! «Cette année là, raconte Dubé, j’ai perdu un paquet de mes amis, j’ai perdu ma blonde, j’ai manqué les funérailles de mon grand-père, j’étais absent à la fête de mon père. Bref, j’ai vu l’autre côté de la médaille. C’est dangereux la popularité. Plus t’es populaire et plus tu t’éloignes du vrai monde. Pour moi, c’est pas ça la vie. Ce n’est pas dans ma nature de courir les shows de télé, les promos à la radio, les lancements de disques, etc. Ça peut paraître paradoxal, mais on dirait que plus t’es connu et moins tu as de temps pour faire de la musique»
La popularité est éphémère et d’autres ont pris la relève de Noir Silence.
Quelques années plus tard, après la diffusion d’un troisième album, il quitte Noir Silence et part en solo. Les résultats sont catastrophiques sur le plan des ventes. «J’ai vendu 700 albums. C’est peu puisque ça m’avait coûté 34 000 $ pour le réaliser. À l’époque de Noir Silence, on en vendait 250 000. Mais derrière tout ça, il y a plein de leçons à retenir, mentionne le principal intéressé. Dans la vie, tu apprends bien plus en te plantant d’aplomb qu’en recevant une statuette à un gala.»
Des problèmes financiers et des problèmes de santé (burn out) ont suivi cette déconfiture.
Mais à force de volonté, il est parvenu à remettre de l’équilibre dans sa vie et à s’imprégner d’une belle sérénité. Si bien qu’aujourd’hui Noir Silence renaît de ces cendres avec un nouvel album. Mais Dubé est loin de se péter les bretelles. «Je n’ai aucune attente. Je sais maintenant que la gloire est éphémère et que le bonheur ne se compte pas selon le nombre d’albums vendus. J’ai compris qu’il vaut mieux réussir SA vie que réussir dans la vie ($$$). La passion de la musique, je l’ai toujours et ça passe bien avant l’argent.»