«Ça donne tout un coup de se faire réveiller comme ça»

C’est d’une façon fort brutale que le producteur agricole Yvon Leduc de Saint-Herménégilde a été sorti de son sommeil, samedi matin, aux environs de 3 h 45. Son voisin, Guy St-Laurent l’avisait alors que ses bâtiments agricoles étaient la proie des flammes.

«Ça donne tout un coup de se faire réveiller comme ça», a révélé au Progrès Yvon Leduc, très ébranlé par cet incendie qui a causé des dommages s’élevant à plus de 1,5 M $. Sa fille Lyne, avec qui il est associé dans l’entreprise, tente elle aussi de maintenir le moral malgré ces importantes pertes. «On a tout fait pour tenter de sauver le plus de bêtes possible. Quand les pompiers sont arrivés sur place, je leur ai immédiatement demandé de tout mettre en œuvre pour sauver mes taures, c’est ma relève. On a finalement été en mesure de sauver l’étable d’élevage (70 bêtes), mais on a dû mettre une croix sur les deux vacheries. En bout de ligne, en faisant le décompte, nous avons perdu 86 bêtes. C’est ça qui fait le plus mal. Un bâtiment, c’est de la tôle, c’est toujours possible de reconstruire, mais remonter un troupeau exige passablement plus de temps et d’énergies», déplore amèrement celui-ci.

Yvon et Lyne possédaient effectivement plusieurs spécimens de grande qualité au sein de leur troupeau de vaches laitières. Ensemble, ils avaient développé une belle génétique au fil des ans. Tout est à recommencer.

Pour l’instant, on ignore l’origine de l’incendie. Chose certaine, rien ne laissait présager un tel drame vers 2 h du matin, alors qu’Yvon s’est rendu auprès d’une de ses vaches qui devaient bientôt vêler.

Quant à Lyne, elle se rend normalement à l’étable vers 3 h du matin pour la traite des vaches, mais ce matin-là, elle avait retardé sa présence en raison de la maladie qui la tenaillait.

Sympathies

Yvon Leduc réside dans la région de Saint-Herménégilde depuis neuf ans. C’est ici qu’il avait choisi de s’établir afin de miser sur un plus grand potentiel. «Auparavant, je possédais une ferme dans la région de Ste-Martine dans le sud ouest de Montréal, mais je voulais une plus grosse ferme», explique le propriétaire résigné en précisant qu’il s’agit de l’ancienne ferme de l’ex-maire de St-Herménégilde et ex-préfet de la MRC de Coaticook, Jean-Marc Dupont.

«Jean-Marc (Dupont) et son épouse Mireille sont venus ici dans la journée de samedi. On s’est enlacés et nous avons versé des larmes. Eux aussi, ont consacré bien des années (plus de 30 ans) à cette ferme», ajoute Leduc.

Les propriétaires connaissaient assez bien les gens du voisinage, mais ils ont été en mesure de constater l’esprit d’entraide qui caractérise les petites municipalités de notre région. «Je

n’en reviens pas, dit-il, de voir à quel point les gens étaient désireux de nous aider et de nous réconforter. Claire Cotnoir, une voisine, a même pris le temps de préparer un buffet pour les pompiers et les bénévoles qui ont été sur place durant près de 12 heures. Elle a même demandé à ouvrir le dépanneur pour se procurer ce qui lui manquait pour faire à manger. C’était beau de voir ça.»

Des producteurs des environs, Junior Boutin et Jean-Marc Carbonneau, pour leur part, ont accepté d’abriter le reste du troupeau pour les mois à venir.

Les propriétaires disposaient d’une bonne police d’assurance et ils ont bien l’intention de reconstruire. «À 50 ans, je suis encore jeune et Lyne encore davantage. On va repartir tout ça», avoue courageusement monsieur Leduc.