Absolution inconditionnelle pour Michèle Gérin

L’ex-avocate Michèle Gérin risquait une peine d’emprisonnement maximale de dix ans pour avoir fabriqué un faux document, mais cette femme de 52 ans de Coaticook est ressortie du Palais de justice de Sherbrooke avec une absolution inconditionnelle, aujourd’hui (4 avril).

En février dernier, Mme Gérin avait reconnu sa culpabilité d’avoir fabriqué et utilisé un faux document de divorce. L’avocat de la défense, Giuseppe Battista, proposait l’absolution inconditionnelle, mais la procureure aux poursuites criminelles, Julie Beauchesne, recommandait une peine sévère car le geste était prémédité par une femme de justice en devoir. Selon elle, ces agissements ébranlent énormément la confiance du public à l’égard de l’appareil judiciaire.

Le juge de la Cour du Québec, Paul Chevalier, a opté pour une absence de peine après avoir énuméré une série de facteurs atténuants. Il a cependant rappelé que le faux document de divorce a malheureusement servi à un notaire et à une institution bancaire pour un prêt hypothécaire, sans savoir qu’il s’agissait d’un faux. Même le couple aujourd’hui séparé n’était pas au courant.

Selon le juge Chevalier, le stress de Mme Gérin a été causé par une charge de travail immense, le départ de sa secrétaire, le décès de son frère, la maladie de sa mère, une détresse psychologique et une dépression. «Elle était dans un contexte d’enlisement forcé par l’insistance d’un client réclamant son divorce, et ce, pendant qu’elle n’avait pas ses pleines capacités intellectuelles», a conclut le juge.

Le juge Chevalier pense également que la publicisation des problèmes juridiques de Mme Gérin, en plus de sa radiation totale de 7 ans émise par le Barreau du Québec, représentent également des facteurs atténuants.

L’absence d’une peine lui permettra également de reprendre son travail de directrice générale à l’Association pour la protection du lac Massawippi. La réinsertion sociale de Mme Gérin a également été soulignée par le juge Chevalier. L’absence de pertes financières ainsi que l’absence de conséquences négatives aux personnes touchées ont également été mentionnées par le juge. «Elle n’a pas l’intention de pratiquer de nouveau le droit, ce qui réduit énormément les risque de récidive. Elle ne représente plus de danger pour la société», allègue-t-il.

Maryse St-Laurent est sortie estomaquée de la salle d’audience. Cette femme de Coaticook impliqué dans le divorce en question n’en revient pas qu’une femme de loi s’en sorte indemne après avoir volontairement étiré les procédures du divorce sur quelques années. «Ce n’est pas vrai que personne n’a été lésé ni perdu de l’argent dans cette aventure», a-t-elle lancé avant de fermer la porte sur ce dossier.

Rappelons que l’ancienne avocate de Coaticook, Michèle Gérin, a été radiée de sa profession pour 7 ans par le Conseil de discipline du Barreau du Québec, en janvier dernier. On lui reprochait une série d’infractions commises à Coaticook entre 2004 et 2008.