À 30 ans, ils choisissent de devenir prêtre

Olivier Mondon et Charles Vallières sont dans la trentaine. Ils auraient pu être médecin, professeur et même fonder une famille. Ces deux hommes ont plutôt choisi la prêtrise. En 2013, comment expliquer l’intérêt que peut avoir cette voie pour de jeunes hommes?

Pour répondre à cette question, il faut replonger à l’adolescence des personnes concernées. «Disons que ç’a été une période assez difficile pour moi. Je suis allé goûter à plusieurs choses négatives et je me suis beaucoup éloigné de ma foi ainsi que des personnes qui me sont chères», reconnaît Charles Vallières. Aujourd’hui âgé de 31 ans, il appose le qualificatif de «délinquance» pour décrire toutes ces années. «Je vivais un profond mal-être. Ma mère et ma grand-mère, qui s’en sont rendu compte, ont un jour organisé une soirée de prière avec le prêtre de la paroisse pour me venir en aide. J’ai accepté et j’ai osé demander à Dieu de se montrer s’il existait. Dans mon cœur, j’ai ensuite fait une rencontre avec Jésus. Ce n’était pas une vision ou une extase, mais, au plus profond de moi-même, je l’ai senti. J’ai alors su que je devais me tourner vers cette voie.»

Originaire de l’Île-de-la-Réunion, Olivier Mondon a toujours baigné dans le catholicisme. «J’ai toujours eu la foi, lance l’homme de 38 ans. Petit, mes parents m’amenaient à l’église. Mais, arrivé à une certaine période de ma vie, il y a des choses que j’ai faites pour faire plaisir à ma famille, plus que par conviction. Cette foi de tradition ne me nourrissait pas à ce moment. Je me suis mis à me poser des questions. Qu’est-ce que je vais devenir? Ça m’angoissait beaucoup.»

En 2000, il fait la connaissance de missionnaires de la fondation Marie-Jeunesse. Lors d’un rassemblement, il est frappé par le sentiment de fraternité des membres. «C’est à ce moment précis que j’ai su ce que j’allais faire dans la vie. J’ai tout laissé. J’avais une maison, un emploi. Il ne manquait plus qu’une épouse. Je suis parti en mission un an avec eux, puis, je ne suis jamais revenu.»

Direction Coaticook

Étudiant à la maîtrise en pastorale au Grand Séminaire de Montréal, les deux futurs prêtres doivent maintenant réaliser en stage. C’est ce qui les amène à Coaticook. «C’est tellement un bel endroit, raconte M. Mondon. Ici, c’est maintenant chez nous. Lorsque ma famille viendra pour mon ordination, je les accueillerai ici, à Baldwin, pour qu’ils connaissent le milieu où j’ai grandi spirituellement.»

«J’adore ce milieu. Ils m’ont tous si bien accueilli. Au départ, j’étais pratiquement un double étranger. Non seulement je ne venais pas d’ici (il est originaire de Granby), mais j’étais un jeune qui s’intéressait à la religion. D’ailleurs, c’est une petite blague que j’aimais bien faire lors de mes premiers baptêmes. Je disais: "Bonjour, je m’appelle Olivier et, oui, j’ai 31 ans et je n’ai pas de cheveux gris», rigole-t-il.

La vie religieuse demande de faire vœu de chasteté et de pauvreté. En faisant ce choix, les jeunes hommes le regretteront-ils un jour? «Je crois que j’aurais été un bon père de famille et un bon époux, mais j’ai décidé de donner ma vie à Dieu. En aucun cas, je n’ai douté de ce choix.»

L’Église autrement

Au Québec, l’Église est en déclin. Mis à part les célébrations de Noël et des cérémonies du mariage et de baptêmes, les églises sont pratiquement vides. Jeunes de cœur et d’esprit, Olivier Mondon et Charles Vallières souhaitent propager les bonnes paroles de façons différentes.

«Aujourd’hui, il faut parler aux jeunes, les rejoindre», disent-ils. Voilà pourquoi il n’est pas rare de voir l’un d’entre eux troquer son habit pour une tenue plus décontractée, question d’aller faire de la planche à roulettes au «skatepark». «Tiens, je pense aller faire un tour au Collège [Rivier] pour jouer au ping-pong», dit M. Vallières en terminant l’entrevue.

Le parcours en vue de devenir prêtre est pratiquement complété pour ces deux hommes. Ils vivront leur ordination le 8 juin prochain, à la basilique de Sherbrooke, en compagnie de l’évêque Luc Cyr. Le lendemain, ils célébreront une première messe à Coaticook, à l’église Saint-Jean, à compter de 10 h.