Rustik Bison: du rêve à la réalité dans les champs de Saint-Herménégilde
SAINT-HERMÉNÉGILDE. Toute aventure entrepreneuriale part d’un rêve, dit-on. Et c’est exactement comment l’aventure de Rustik Bison a débuté pour Anouk Caron. Aujourd’hui, le site accueille une vingtaine de bisons sur des terres situées à Saint-Herménégilde.
« Ça fait une dizaine d’années que je rêve à ce projet », confie la jeune femme de 28 ans, un sourire accroché au visage.
Non, elle n’est pas issue du milieu agricole, comme une grande partie des producteurs de la région, mais cela ne lui empêche aucunement d’avoir une grande appréciation pour la nature qui l’entoure et pour les animaux. « Au départ, je voulais devenir vétérinaire. J’ai donc fait un an en biologie à Rimouski. Je me cherchais un peu. Mon amie m’a alors proposé d’essayer l’agronomie, alors je me suis dirigée vers cette discipline. C’est là que je suis tombée en amour avec l’agriculture. J’ai fait un stage à la fromagerie La Station, ici, à Compton. À ma deuxième année, je suis allée sur une ferme de bisons, à Saint-Jean-Port-Joli. Ça m’a fasciné. Son propriétaire m’a contaminée avec sa passion. C’est là que je me suis dit que j’aimerais en avoir une. »
Avec cette idée en tête, elle s’inscrit au cours Lancement d’entreprises au CRIFA de Coaticook. « Je voulais me structurer et développer un bon réseau de contacts. Tout ça s’est passé durant la pandémie. J’y ai fait mon plan d’affaires. Puis, au printemps dernier, j’ai obtenu mon financement », raconte-t-elle.
L’acquisition des bisons, prochaine étape de cette grande aventure, est venue avec une petite surprise. « L’une des femelles était enceinte et on ne le savait pas. On a donc eu notre première naissance seulement quatre jours après l’arrivée des animaux », souligne Patrick Strickler, le conjoint d’Anouk, qui la supporte dans son rêve. « On peut dire que sa passion a été contagieuse, lance celui qui a grandi sur une ferme laitière. On se complète bien aussi. Elle a un côté plus terrain étant agronome de formation, tandis que moi, je m’occupe du côté un peu plus technique de la machinerie agricole. »
Ne restait plus qu’à trouver un endroit pour accueillir toutes ces têtes. Et le choix s’est arrêté sur un terrain de 23 acres à Saint-Herménégilde. Celui-ci a été divisé en sept parcelles, ce qui a nécessité la pose de 2,3 kilomètres de clôtures, une tâche évaluée à plus de 1000 heures de travail. « On a choisi Saint-Herménégilde puisqu’il s’agit d’un terrain qui appartient à mes parents, explique Anouk Caron. On avait besoin d’une certaine stabilité au niveau du bail. On l’a obtenue avec une entente de douze ans, renouvelable indéfiniment. »
UNE VIANDE BIENTÔT EN VENTE
Au total, Rustik Bison compte un mâle reproducteur, dix femelles dédiées elles aussi à la reproduction et dix autres mâles.
L’entreprise offrira d’abord de la viande de bison emballée sous vide. Sa mise en marché est prévue à la fin novembre. « Son goût ressemble un peu au bœuf, quoiqu’un peu plus fort, mais pas tant, explique Patrick Strickler. C’est une viande qui est maigre. On ne peut donc pas la saisir rapidement. Il faut la faire cuire lentement et à feu doux. Il y aura de l’information à donner auprès des consommateurs. »
Les clients pourront se procurer ce produit à la boutique, dont la construction a débuté tout juste de l’autre côté des enclos, sur le chemin Caron. On souhaite également revaloriser certaines parties moins nobles pour ainsi en faire des saucissons, des jerkys et du smoked meat. « Il y a aussi une forte demande pour les crânes blanchis comme items de décoration », note la propriétaire.
Bien que Rustik Bison ne soit qu’à ses premiers balbutiements, sa propriétaire dit encore rêver. « J’aimerais bien que mon troupeau compte pas moins d’une centaine de têtes. Je souhaiterais aussi accueillir des groupes à la ferme dès l’été prochain. Les bisons attirent la curiosité et je voudrais bien raconter leur histoire. »