Marchand de bonheur: enseigner, une véritable passion pour Stéphane Paquette
COATICOOK. Au cours des 30 dernières années, Stéphane Paquette aura enseigné à des centaines, voire même des milliers d’élèves à l’école secondaire La Frontalière. Celui qui se décrit comme un boute-en-train, un touche-à-tout et un éternel optimiste vit cette année des moments forts en émotions puisqu’il se retirera de la profession le 30 juin prochain. Rencontre avec ce passionné de la langue française… et de football.
Le futur retraité cadre parfaitement dans la définition de « marchand de bonheur » car, de son propre aveu, il est un « semeur de petites joies ». « J’ai tellement de plaisir simplement à circuler dans les corridors de l’école, pointer ma tête dans l’embrasure de la porte et pousser un petit coucou à mes collègues. C’est tellement agréable de recevoir un sourire », lance cet enseignant de français.
« Mais la véritable raison pour laquelle je suis ici, ce n’est pas pour mes patrons, rajoute-t-il les yeux brillants. Je le fais entièrement pour ces jeunes qui sont assis devant moi. Tout au long de ma carrière, ç’a été mon mantra. Si ce n’était pas le cas, j’aurais quitté le monde de l’éducation il y a fort longtemps. »
ARRIVÉE À COATICOOK DANS LES ANNÉES 1990
La carrière d’enseignant de M. Paquette a débuté en 1992, du côté de l’école secondaire du Tournesol, à Windsor. Deux années plus tard, il accepte un nouveau poste à La Frontalière, où il y dirigera les cours d’enseignement moral et religieux ainsi que celui de formation personnelle et sociale. « Ç’a été ma tâche pour quelques années, jusqu’aux États généraux, où on a décidé de les retirer du cursus scolaire secondaire. Comme j’avais déjà un poste à temps plein, on m’a offert un changement et c’est là où je suis devenu professeur de français », explique celui qui dit avoir une bonne maîtrise de la langue de Molière.
Plusieurs admettront sans gêne que Stéphane leur a fait aimer ce cours parfois difficile, faut-il l’admettre. « Quand des élèves disent que c’est déjà la fin des classes et que ç’a passé vite, c’est l’un des plus beaux compliments que tu peux avoir. »
Un autre de ces heureux moment peut arriver lors de rencontres entre parents et professeurs. « Des papas et des mamans m’ont déjà dit qu’ils étaient fiers que j’enseigne à leurs enfants parce qu’ils m’ont déjà eu comme prof. Parce que oui, après plus de 30 ans, j’ai enseigné à deux générations », rigole-t-il.
WEB ET FOOTBALL
En plus de ses fonctions à titre d’enseignant de français, Stéphane Paquette est devenu l’un des premiers webmestres du site internet de cette institution d’enseignement en 2001. « Pendant presque dix ans, j’ai tellement eu de plaisir à écrire sur ce qui se passait à l’école et à le faire savoir aux gens de la communauté. Ça m’a permis de découvrir bon nombre de départements et d’activités, en plus d’ouvrir mes horizons. »
Parlant d’ouvrir ses horizons, c’est exactement ce qu’il a fait lorsqu’il a plongé dans cette aventure qu’a été la création du programme de football en 2007. « Je me souviendrai toujours de la journée où Yannick Roberge [alors directeur adjoint de la vie étudiante] m’avait annoncé en primeur que La Frontalière allait avoir son équipe de football. En tant que webmestre, j’ai publié un papier là-dessus. On m’a également invité à être sur les lignes du terrain pour recueillir les commentaires à chaud des jeunes lors des premières rencontres. C’est là que j’ai eu la piqûre. Et je suis fier de dire que durant mon mandat [à titre de webmestre], je n’ai jamais manqué une seule rencontre. »
Bien évidemment, le principal intéressé s’est renseigné sur les différents règlements afin de mieux comprendre ce sport qu’il qualifie d’enlevant et de stratégique. « Les jeunes me demandent toujours si j’ai joué au football quand j’étais jeune parce qu’ils croient que je m’y connais pas mal en la matière. La réponse est non. Tu aurais mis un ballon de football entre mes mains quand j’étais adolescent et on aurait dit que j’avais l’air d’un extraterrestre. »
Son association avec le football ne s’est pas arrêtée là puisqu’on l’a ensuite nommé préposé à l’équipement puis secouriste.
UN SPORT « RACCROCHEUR »
S’il y a de ces petites victoires auxquelles Stéphane Paquette s’accroche, c’est bien d’avoir vu plusieurs jeunes garçons « se raccrocher » à l’école grâce au football. « Combien de jeunes m’ont dit au départ qu’ils ne voulaient plus rien savoir de l’école. Grâce au sport, on a réussi à les garder jusqu’à la toute fin du secondaire. Ça, c’est une belle victoire en soi. »
Qui plus est, deux des cinq élèves du Summum qui évoluent cette année pour les Vulkins du Cégep de Victoriaville [la formation a d’ailleurs atteint les finales du Bol d’or cet automne] croyaient que leur parcours scolaire allait se terminer en 5e secondaire. « Ç’a pris de la motivation, plusieurs speechs, des rencontres avec des recruteurs, mais ils y sont arrivés. Et il y en a même un qui veut poursuivre à l’université. Jamais il n’aurait pensé se rendre à ce niveau si ce n’était du football. »
M. Paquette reprend d’ailleurs le texte d’un élève qu’il a conservé pour la puissance de son message. « Dans une composition écrite, il avait raconté à quel point le football avait transformé sa vie. Grâce à ce sport, il a dit mieux gérer ses émotions, ses colères et ça lui a permis d’obtenir son diplôme. C’est ça ma paie », dit-il en retenant quelques larmes.
PLUS QUE SIX MOIS AVANT LE DÉPART
Les prochains mois seront synonymes de plusieurs « dernières », lesquelles deviendront de plus en plus intenses. « Je vivrai ces moments au maximum. Ce sera peut-être plus difficile, ça, j’en suis conscient. Mais, je suis tellement satisfait de ce que j’ai accompli au cours des 30 dernières années. »
« J’ai fait le choix de ne pas avoir d’enfants, alors, ces jeunes-là, devant moi, c’est comme si c’était les miens. S’ils ont besoin d’aide, je vais tendre l’oreille et je vais tout faire pour les aider à atteindre leurs objectifs, à ce qu’ils réussissent et, ultimement, à ce qu’ils soient heureux. »
« C’est ça être prof. C’est être passionné, être dévoué et ne rien attendre en retour. Bref, c’est une véritable vocation », conclut-il.