Le parcours inspirant du judoka Sébastien Fecteau

BARNSTON-OUEST. En à peine huit ans, le parcours du judoka Sébastien Fecteau a connu une trajectoire des plus spectaculaires. Alors qu’il a commencé la pratique de cette discipline pour canaliser ses énergies et vaincre son TDAH, voilà qu’il brille maintenant sur la scène canadienne.

Un large pan du mur de la chambre de l’athlète de 15 ans est réservé aux honneurs qu’il a remportés tout au long de sa jeune carrière. « Cette médaille de bronze, c’est la dernière que j’ai gagnée à l’Ontario Open [deuxième étape du circuit canadien de judo cette saison, tenue les 21 et 22 octobre derniers] », lance-t-il fièrement. 

On sent également un brin de modestie chez l’adolescent de Barnston-Ouest, puisqu’il aurait tout aussi bien pu montrer sa médaille d’or qu’on lui a accrochée au cou, lors du Manitoba Open, la semaine précédente. 

Cette passion qu’il entretient pour ce sport de combat a débuté il y a maintenant sept ans. « J’avais tout un caractère quand j’étais plus jeune. J’étais très impulsif à l’école et je faisais beaucoup de niaiseries », admet-il candidement, en parlant de son trouble de déficit de l’attention et d’hyperactivité (TDAH). 

« Mes parents voulaient trouver une activité que je pourrais faire pour dépenser toute cette énergie, poursuit-il. Mon ami Gaspard [Lefebvre-Côté] faisait du judo et ses frères aussi. Ma mère a donc contacté sa famille pour savoir comment ça se passait. Elle m’a inscrit à un cours à Coaticook et c’est là que j’ai eu la piqûre. »

Tout comme les apprentis judokas, il a commencé avec sa ceinture blanche autour de la taille. « Vers 12 ans, j’ai commencé à performer au provincial. On disait que j’étais dominant. Je faisais plus de compétitions et à des niveaux un peu plus élevés par la suite. Je combattais contre des gars qui avaient un peu plus d’expérience et qui étaient un peu plus forts aussi. C’est comme ça que je suis devenu meilleur, je pense. »

Dans son parcours, il a également dû faire face à un adversaire qu’il n’aurait jamais pensé affronter: la pandémie. « Ça n’a pas été si évident passer à travers ça, raconte-t-il. J’ai dû m’entraîner à l’extérieur, dans un parc à Sherbrooke, avec les membres du club, mais à deux mètres de distance. Le judo, c’est un sport de contact. C’est difficile de s’améliorer sans se pratiquer. Il y en a qui auraient pu lâcher, mais j’ai persévéré durant ces années. »

UN SPORT PHYSIQUE… MAIS AUSSI PSYCHOLOGIQUE 

Le judo est un sport des plus physiques, aux dires de Sébastien Fecteau. « Je m’entraîne trois fois par semaine et c’est souvent intense, raconte-t-il. Lorsque vient le temps d’un combat, la préparation, ça se fait aussi dans ma tête. »

Performer sur la scène nationale vient aussi avec un poids supplémentaire sur les épaules. « Il y  a tellement de choses qui peuvent se passer, mais j’essaie de visualiser ma victoire. Je passe tous les mouvements que je pense utiliser dans mon combat. C’est ça mon rituel d’avant-match. »

Bien évidemment, il y a aussi le stress. Celui-ci est d’ailleurs partagé par les parents de Sébastien. « Regarder ses combats, ça me met un peu sur les nerfs, raconte sa maman, Annie Corriveau. La dernière fois que j’ai assisté à une compétition, je voulais filmer sa performance, mais je shakais tellement qu’on ne voyait pratiquement rien. Reste que je suis vraiment fière de ce qu’il a accompli jusqu’à maintenant. Le fait qu’il veuille devenir champion, c’est bien. Mais, pour moi, le simple fait qu’il s’accomplisse dans ce sport, que ça l’aide dans ses études, c’est une victoire en soi. »

Son père, Ghislain Fecteau, abonde dans le même sens. « C’est vraiment extraordinaire ce qu’il a fait jusqu’à maintenant, dit-il. J’ai de la fierté pour lui, mais ça m’inquiète aussi un peu chaque fois qu’il monte sur un tapis pour combattre. J’essaie de ne pas trop penser aux blessures et plutôt mettre l’emphase sur le positif. »

UN RÊVE OLYMPIEN

Si on lui demande quel serait son rêve ultime, Sébastien n’hésite pas une seconde. « J’aimerais un jour participer aux Jeux olympiques, lance-t-il, des étoiles dans les yeux. Il me reste cependant beaucoup à faire. »

La prochaine étape serait de faire partie de l’Équipe du Québec. Il est présentement classé parmi les meilleurs espoirs de la province par Judo Québec.

Le judoka souhaite obtenir son grade de ceinture noire d’ici l’été prochain [il porte maintenant la brune]. Il participera aussi à l’Omnium du Québec, l’une des plus importantes compétitions du circuit canadien. « On y retrouve des athlètes qui viennent des États-Unis et du Brésil. Le calibre est relevé. J’ai hâte de voir ce que ça va donner. Avec le début de saison que je connais, je me sens en position de force. Je compte bien aller chercher un autre podium », conclut-il.