La série « Dumas » menée de main de maître par Stéphan Beaudoin
TÉLÉVISION. Au milieu des années 1990, Stéphan Beaudoin a participé à de nombreuses activités à l’école secondaire La Frontalière, dont la fameuse Soirée artistique. Ces projets ont allumé en lui une étincelle qui, des années plus tard, le mèneront à réaliser l’une des émissions les plus populaires du petit écran, « Dumas ».
Le principal intéressé reviendra dans le patelin qui l’a vu grandir, samedi (12 avril), à l’occasion du souper fondue de la Fondation de cet établissement d’enseignement, un événement-bénéfice dont il est le président d’honneur. « C’est un immense privilège qu’on m’ait approché, raconte-t-il. La Frontalière a été un lieu marquant pour moi, dans ma jeunesse. Ç’a été l’instigateur de mes intérêts artistiques. Je trouvais important de redonner et de contribuer à amasser des fonds pour différents programmes qui viendront en aide à des élèves. »
Les souvenirs rattachés à son passage, de 1993 à 1998, sont nombreux. « J’ai pris part à la Soirée artistique et à la mise en scène de différents spectacles, dont le Gala Personnalité. J’avais même fait partie de la distribution de la comédie musicale Grease, qui avait marché très fort à l’époque », se rappelle-t-il.
On a également pu l’entendre au micro de la radio étudiante, un projet créé par l’enseignant de français Stéphane Paquette.
« Il faut se rappeler que tout ça, pour un p’tit gars en région, semblait inaccessible. On était loin des ressources que ça nécessitait, alors qu’aujourd’hui, on peut pratiquement tout faire avec nos cellulaires. Que ce soit le chant, la scène ou l’animation d’émissions de radio, tout ça m’a permis d’accumuler un certain bagage. Ça m’a aussi servi de tremplin vers ma carrière professionnelle. »
DE L’HEURE BLEUE À DUMAS
Après avoir réalisé les séries « Yamaska » et « L’Heure bleue », sur les ondes de TVA, on a pu observer le travail de Stéphan Beaudoin dans des séries un peu plus lourdes, comme « Alertes Amber », « Classé Secret » ou bien « Chaos ». Il a même été à la barre de l’émission « Wong & Winchester », au Canada anglais, diffusée à CityTV.
« Je cherchais à délaisser les drames familiaux pour me concentrer sur des projets qui bougeaient un peu plus », décrit-il.
La productrice Fabienne Larouche l’approche alors pour lui confier la réalisation de la dernière saison de la comédie « Le Bonheur ». « Ç’a été un mandat assez ponctuel, mais c’est là que j’ai appris à la connaître. Ç’a bien cliqué avec elle. C’est aussi pendant ce temps qu’elle m’a parlé de « Dumas », un projet très attendu dans le milieu. C’était sous la plume de Luc Dionne, qui venait de terminer « District 31″. Je l’ai rencontré et ç’a été un déclic avec cet auteur. Le reste, c’est de l’histoire. »
M. Beaudoin dit être toujours aussi impressionné de travailler avec deux monuments de la télévision québécoise. « Je regardais leurs émissions quand j’étais au secondaire. « Omerta » et « Fortier » marchaient très fort. Ils ont pondu des séries qui cartonnaient et, surtout, qui tirent énormément d’audience dans notre microcosme nord-américain. C’est assez exceptionnel. Pouvoir me joindre à eux, ce n’est pas inespéré, parce qu’on fait quand même notre chance dans ce milieu et qu’on travaille fort. Toutefois, je me sens privilégié et très reconnaissant de pouvoir mener ce projet-là. »
Passer d’une série familiale à un opus rempli d’action demande un certain ajustement dans la façon de travailler. « C’est certain qu’il y aura des scènes qui vont se recouper, comme des discussions autour d’une table ou encore dans un restaurant. Ce qu’il y aura de différent, c’est que les personnages demeureront en mode actif. La caméra va bouger d’une manière différente. Dans « Dumas », par exemple, on peut aussi se permettre certains éléments visuellement plus spectaculaires, comme des explosions ou des poursuites en voiture. Il faut cependant laisser place à toute l’humanité des personnages. Il faut aussi pouvoir s’attacher émotionnellement à eux. C’est mon rôle de bien équilibrer l’action et le drame. »
En gros, le métier de réalisateur peut s’apparenter à celui d’un chef d’orchestre sur le plateau. « Je me retrouve devant mon équipe qui est composée des comédiens, des gens de l’éclairage, des monteurs, des preneurs de son et des musiciens. Il faut que je les guide, à partir d’une partition écrite par Luc [Dionne, dans le cas de « Dumas »]. Je veux la magnifier et la rendre à son plein potentiel et, parfois, aller vers des endroits insoupçonnés », image-t-il.
PROJETS À VENIR
En mai prochain, Stéphan Beaudoin entreprendra le tournage de la deuxième saison de « Dumas ». Celle-ci devrait atterrir sur les écrans lors de la prochaine rentrée télévisuelle, cet automne.
Le Coaticookois d’origine a également déposé un projet aux dirigeants de Netflix, la plus importante plateforme de diffusion en ligne au monde. « Ç’a très bien été reçu. On est en attente. J’ai aussi un projet en chantier avec d’autres collègues producteurs. Celui-ci abordera la thématique de l’espionnage », conclut-il.