La ferme Valleyclan de Compton démontre que la conciliation travail-famille existe aussi en milieu agricole

COMPTON. On entend souvent parler de la conciliation travail-famille au bureau. Mais qu’en est-il à la ferme? Mère de deux jeunes enfants, Veronica Enright, de la ferme Valleyclan à Compton, croit que ce concept est aussi applicable dans le milieu de l’agriculture. 

Le nom de l’entreprise comprend un indice pour que la principale intéressée puisse jongler entre ces deux sphères de la vie. « On est un clan tissé serré, lance-t-elle. J’ai la chance de travailler avec mes parents et mon conjoint. On a chacun notre domaine. Mon chum, c’est Bob le bricoleur. Quand quelque chose brise, on l’appelle. Mais quand vient le temps de prendre des décisions pour l’avenir de l’entreprise, on se rejoint tout le monde dans la cuisine et on discute. Normalement, on arrive sur la même longueur d’onde. Ç’a été le cas quand est venu le temps de prendre de l’expansion. »

Le fait d’être à quelques pas seulement du lieu de travail aide énormément, souligne l’agricultrice. C’est aussi le cas des grands-parents qui habitent également une maison sur ces mêmes terres agricoles. « On a une belle synergie. Par exemple, il y a quelques jours, on a eu un vêle d’urgence. Je n’ai eu qu’à déposer les filles chez mamie. En revenant les chercher, la plus vieille m’a dit que je pouvais rester à l’étable plus longtemps. Elles étaient en train de faire des biscuits avec leur grand-mère », rigole-t-elle.

En marchant à l’étable, on peut s’apercevoir que des enfants s’y sont promenés un peu avant nous. Sur le plancher, un jeu de marelle multicolore dessiné à la craie contraste avec le noir et le blanc des vaches. Des instruments de travail en version miniature sont aussi éparpillés ici et là. « Naomi et Callie adorent venir à la ferme. On leur a acheté des petites pelles parce qu’elles voulaient nous aider dans nos tâches. Lorsqu’on ensile, elles veulent toutes venir s’assoir dans le tracteur pour faire une balade. »

« Si la plus jeune a un peu de difficulté à s’endormir, souvent, je l’amène dans son siège faire un tour à l’étable. Ça ne lui prend même pas trois minutes pour fermer les yeux. Les bruits de la ferme ont un effet apaisant pour elle. » 

Être son propre patron aide aussi à concilier travail et famille. « Si je passe ma nuit avec Callie sur la chaise, je n’ai qu’à texter mon père et lui dire que je ne rentrai pas à 4 h 30, tout simplement. Ça ira un peu plus tard. On peut bien s’ajuster. Honnêtement, sans mes parents et toute ma famille, je ne sais pas si je serais capable d’y arriver », dit Veronica, en versant quelques larmes. 

LA FERME À TRAVERS LES ANNÉES

L’histoire de la ferme Valleyclan prend ses racines du côté de Bromont, alors que Mary et Clair Enright y achètent une terre en 1944. Laura et Paul Enright prennent ensuite la relève en 1982. Quinze années plus tard, ce même couple décide de quitter cette région et achète une nouvelle ferme à Compton. « Lorsqu’on a débuté dans la région, on avait 57 kilos de quota. Aujourd’hui, on a triplé notre production », lance fièrement Paul Enright.

Avec un total de 245 têtes, dont 125 vaches en lactation, la ferme Valleyclan produit près de 4500 litres de lait quotidiennement. 

Au cours des dernières années, l’établissement du chemin de Hatley, à Compton, a ajouté une nouvelle étable dotée de trois robots et de matelas d’eau pour le confort des animaux. Quelle est maintenant la suite pour l’entreprise familiale? « Nos projets d’agrandissement sont terminés, alors je pense qu’il faudra continuer à être les meilleurs dans tous les aspects. Ça sent peut-être aussi la retraite pour mon père », avance Veronica. 

« Je commence tranquillement à l’être », mentionne le principal intéressé. « Un agriculteur n’est jamais retraité », le corrige rapidement sa conjointe. 

« C’est vrai, mais je prends un peu plus de siestes et de vacances », finit-il par dire.

Bien qu’elles n’aient que deux et quatre ans, la relève de la ferme Valleyclan pourrait-elle passer par Callie et Naomi? « Si c’est ce qu’elles souhaitent, j’en serai très fière, lance leur maman. Mais ce sera leur choix. Je ne leur mets vraiment pas de pression. Mon but, c’est qu’elles soient heureuses. »