Importance des ressources en santé mentale: «Grâce à L’Éveil, je suis encore en vie aujourd’hui»

À l’aube de la Semaine nationale de prévention du suicide (4 au 10 février), Lise [seul son prénom sera utilisé dans ce texte afin de préserver son identité] souhaite rappeler toute l’importance du rôle que jouent les ressources en santé mentale dans une communauté. « Grâce à L’Éveil, je suis encore en vie aujourd’hui », tient-elle à souligner.

Il y a un peu plus de deux ans, cette femme à la chevelure dorée, et à qui tout semblait sourire, a tenté de s’enlever la vie à deux reprises, à quelques mois d’intervalle. « J’ai failli y passer. Sans nécessairement rentrer dans les détails, c’est une relation amoureuse qui a été l’élément déclencheur. Je suis embarquée dans une spirale très noire, au point où j’ai vraiment voulu en finir. »

Ces événements l’ont bien évidemment fragilisée. « Quand tu ne vas pas bien et que tu te sens très bouleversée, tu n’as pas nécessairement envie de faire des recherches pour t’aider à aller mieux. Et pourtant, je me décris comme une personne excessivement débrouillarde. Mais là, c’était un « black out » total. »

C’est sa fille, qui demeure pourtant en Californie, qui l’a dirigée vers L’Éveil, ressource communautaire en santé mentale, du côté de Coaticook. « Quand je me suis approchée du bâtiment une première fois, j’ai fait ouf et je me suis demandée si j’étais vraiment rendue là, se souvient celle qui habite Waterville depuis un peu plus de quatre ans maintenant. Il y a eu une certaine période d’acceptation. Ça n’a pas été évident et ça m’a pris un peu de temps avant de me sentir bien dans ce nouvel environnement. »

Une fois les premières rencontres terminées et les nombreuses larmes versées lors de celles-ci, Lise a commencé mieux aller. « Au niveau de l’accueil, ç’a été formidable, dès les premiers instants. Je me suis sentie comme si j’entrais dans une nouvelle petite famille. Au départ, je m’attendais à quelque chose de froid, d’aseptisé, mais non, je suis plutôt rentrée dans un bungalow chaleureux, avec des pièces comme un salon, une cuisine, comme on en retrouve dans toutes les maisons. Ce n’était pas trop dépaysant. »

En plus d’avoir été référée à d’autres services au sein du système de santé, elle a participé à de nombreuses séances avec l’intervenante Christine Lynch. « J’aimerais souligner son ouverture et, surtout, son écoute. Pour moi, ç’a été beaucoup plus facile de me livrer à elle qu’à des gens de ma famille ou encore de mes amis. Ici, on ne te juge pas. Il faut dire aussi que les gens de notre entourage, souvent, ils ont aussi leur limite. Quand tu leur parles de santé mentale, ils ne savent pas trop quoi dire. Ils n’osent pas non plus te demander comment ça va, car ils ont peur de la réponse qu’ils recevront. Il y en a aussi qui diront que j’ai juste à me donner un p’tit coup de pied au derrière. Mais, ce n’est pas ça que j’avais envie d’entendre. Je ne voulais qu’une personne qui soit là pour moi, à mon écoute. »

Lise a également participé à plusieurs ateliers d’art à L’Éveil, une forme de thérapie en soi. « Je n’écoutais pas nécessairement les instructions, lance-t-elle, un sourire en coin. Ç’a fait tellement de bien. L’une des œuvres dont je suis la plus fière, c’en est une que j’ai appelée « La fracture et l’embellie », qui exprimait tout mon parcours. »   

SORTIR DE L’OMBRE

Bien que de parler de son expérience ait été difficile pour la principale intéressée, elle se devait de le faire, insiste-t-elle. « Le message que j’aimerais lancer, c’est celui de ne pas hésiter avant d’aller chercher de l’aide. Si tu n’as personne autour de toi, essaie de t’entourer. La solitude, l’isolement, ce ne sont pas des solutions. »

Et aux décideurs, son cri du cœur est fort limpide. « J’aimerais que le gouvernement soutienne davantage les ressources en santé mentale, qu’il accorde plus d’importance à ce volet de notre santé qui est tout aussi important. »

UNE PRÉSENCE DANS LA COMMUNAUTÉ

L’Éveil tiendra une « soirée en gang » mercredi prochain (7 février), au Diva orange, ce local collaboratif situé au centre-ville de Coaticook, au 59, rue Child. En plus d’une séance d’information sur les ressources en prévention du suicide, on y tiendra un quiz mythes et réalités. Des témoignages sous forme de vidéo de personnes qui ont surmonté des difficultés seront également présentés. L’activité se terminera avec un film et du popcorn. « Cette soirée vise à encourager le soutien mutuel et l’entraide, souligne l’intervenante sociale à L’Éveil, Christine Lynch. Nous voulons que les gens invitent un ami à se joindre à nous. Ça peut aussi bien être un ami qui se sent seul, vit une épreuve ou est seulement timide. Si tu as envie de faire de nouvelles connaissances, tu peux aussi te joindre à nous. »

Le rendez-vous est donc donné de 16 h à 18 h.