Ils veulent prendre le relais des Vallons maraîchers, mais les fonds n’y sont pas
COMPTON. Les propriétaires des Vallons maraîchers cherchent à vendre leur entreprise agricole depuis quelques années déjà, mais sans succès. Voilà que trois employés lèvent la main pour se porter acquéreurs et reprendre le flambeau. Le match semble parfait puisqu’ils connaissent en fond et en large tous ses rouages. Un problème persiste, cependant, les fonds n’y sont pas.
Évalués à quelque 3,5 millions de dollars, les Vallons maraîchers représentent un véritable joyau du monde agricole. Mado Bernier, Jean-Philippe Bernier et Benjamin Carrier le savent. Ils y travaillent depuis plusieurs années déjà.
« J’ai grandi dans le domaine agricole, dit M. Bernier. J’y ai travaillé une majeure partie de ma carrière. Ce que je fais tous les jours a un sens profond pour moi, celui de nourrir la planète. C’est une grande fierté. Ç’a toujours été aussi un rêve pour moi d’être propriétaire de ma terre et de récolter ce que j’y sème. »
Un obstacle de taille se dresse cependant devant lui et ses compères, celui du financement. La mise de fonds demandée est de 300 000 $, une somme inatteignable, du moins, pour le moment. Une campagne de sociofinancement a d’ailleurs été lancée pour aider les trois travailleurs.
« On n’est vraiment pas les seuls à vivre cette situation, confirme Benjamin Carrier. Ça se voit partout en agriculture. Le prix des terres est tellement élevé. Même ceux qui ont des fermes familiales ont de la difficulté à les céder à leurs enfants. »
« Le problème aujourd’hui, c’est que les gens qui ont les connaissances pour reprendre le flambeau n’ont plus les moyens et ceux qui les ont n’ont pas vraiment d’intérêt de s’acheter une job à 70 ou 80 heures par semaine. Ça prend une véritable passion », rajoute-t-il.
Pourtant, ces intéressés ont tout ce qu’il faut pour garder la roue en mouvement. Jean-Philippe a des contacts avec les clients et prépare les commandes, Mado se spécialise en comptabilité tandis que Benjamin travaille aux champs et fait le lien avec les employés guatémaltèques.
Ils aimeraient bien que leur histoire se rende aux oreilles des différents élus. « C’est une problématique qui devrait être adressée, croit Jean-Philippe. À plus grande échelle, il en va de notre souveraineté alimentaire. »
Parlant d’échelle, les Vallons maraîchers, ce sont 107 acres de terrains, dont près de 90 en production horticole. On y fait pousser une vingtaine de variétés de légumes et de fruits.
LA DERNIÈRE SAISON?
Le temps presse pour ces travailleurs qui souhaitent devenir entrepreneurs. Les propriétaires actuels des Vallons maraîchers soulignent que la présente saison serait « fort probablement » la dernière. « On est prêt à prendre notre retraite, mentionne Jacques Blain. Ça fait quelque temps qu’on reporte tout ça, mais cette année, on veut que ce soit la bonne. »
Sans nouveaux actionnaires, cela voudrait dire que les légumes récoltés cet automne seraient bel et bien les derniers. « On est vraiment limite dans le temps. S’il y a une relève, il faut bientôt faire les travaux pour préparer la saison prochaine. Le temps presse », remarque M. Blain.
La copropriétaire Josée Gaudet trouverait dommage que les Vallons maraîchers ne ferment leurs portes. Si quelqu’un ne reprend pas le flambeau, elle avait déjà avancé l’idée d’en faire une école ou un centre d’études pour la culture.