Huit élus de la région de Coaticook ont quitté leurs fonctions en à peine deux ans

POLITIQUE. Depuis les dernières élections municipales en novembre 2021, huit élus de la grande région de Coaticook ont abandonné les fonctions pour lesquelles ils avaient été choisis par leurs concitoyens. Problèmes de santé, épuisement, charge de travail trop lourde. Les raisons sont multiples pour évoquer ces départs. Entretien avec quelques-uns de leurs anciens collègues pour démystifier ce rôle qui « pèse parfois lourd sur les épaules ».

D’abord, dressons le portrait de la situation. Les plus récents départs ont été enregistrés du côté de Saint-Venant-de-Paquette, alors que les conseillers Luc Dallaire (siège #1), Isabelle Loignon (siège #5) et Marie-Andrée Vanzeveren (siège #6) ont décidé de se retirer de la vie politique au cours des dernières semaines. À Martinville, le conseiller Jonathan Henri est lui aussi parti en juin 2023. Deux élus, André Nadeau et Thierry Beloin, ont délaissé leurs fonctions du côté d’East Hereford, l’an dernier. D’ailleurs, l’un de ces sièges demeure toujours vacant au moment d’écrire ces lignes. 

Du côté de Dixville, Danielle Lamontagne a quitté son poste l’an dernier, tandis qu’à Saint-Herménégilde, Suzanne Lefrançois a fait de même à l’automne 2022.

« ÇA PREND UNE BONNE CARAPACE »

Bien qu’aucun de ses collègues autour de la table des élus n’ait quitté depuis le dernier scrutin général en 2021, le maire de Coaticook, Simon Madore, peut comprendre les gens qui décident de se retirer. « Le municipal, c’est un gouvernement de proximité. On peut se faire interpeller à l’épicerie ou en allant prendre une marche. »

« Et il y a aussi les commentaires qu’on peut lire en ligne, rajoute-t-il. Parfois, il y a l’anonymat et les gens s’en permettent davantage. Ça joue sur ton moral. Ça prend une bonne carapace pour faire face à tout ça. »

Le maire de Coaticook avait d’ailleurs cessé de consulter ses réseaux sociaux à la suite de l’élection de 2017. « C’était assez intense, se souvient-il. Comme j’avais eu de l’opposition, je sentais qu’il y avait encore des gens de l’équipe adverse qui me scrutaient, qui me jugeaient. Ça m’affectait beaucoup. J’y suis revenu quelques années après. Outre les commentaires négatifs, je trouve ça tout de même instructif. J’y trouve de bonnes idées et je m’en nourris. »

M. Madore mentionne également que le concept d’équipe ou de parti peut inciter les gens à quitter la vie politique. « C’est quelque chose qu’on retrouve moins dans les petites municipalités. Mais, lorsqu’il y en a, il faut que tu votes en bloc, avec la ligne de parti. C’est un climat, à mon sens, qui n’est pas favorable. Tu ne peux pas être toi-même. À Coaticook, on n’est pas toujours d’accord, mais on s’en parle, on en jase en atelier de travail pour ensuite arriver avec un front commun en assemblée », explique-t-il.

UNE LOURDE CHARGE DE TRAVAIL

Maintenant directrice générale de la Municipalité d’East Hereford, Marie-Ève Breton a d’abord été mairesse de cette petite localité. En plus de leurs fonctions d’élus, elle croit qu’il faut que ceux-ci mettent les bouchées doubles. « Les élus doivent souvent s’impliquer au niveau de l’organisation d’activités, car les ressources sont moindres que dans les plus grandes municipalités », note-t-elle.

Actuel conseiller municipal du côté de Compton, Benoit Bouthillette estime à 13 heures par semaine le travail relié à ses fonctions d’élu. « La plupart d’entre nous occupent un autre travail. Ça vient donc s’ajouter aux heures qu’on fait. Il n’est pas rare que je fasse des journées de 12 heures. Ça peut en décourager quelques-uns. Heureusement, le climat est généralement bon à Compton. »

Même constat à Stanstead-Est. « L’harmonie règne entre les élus et les citoyens. Contrairement à bien des municipalités, on n’a pas été obligé de rappeler personne à l’ordre dans les interactions avec le personnel ou encore avec les conseillers et la mairesse », mentionne la directrice générale, Claudine Tremblay.