Factures d’Hydro-Coaticook: le maire Madore avance la possibilité d’un référendum
COATICOOK. La saga des factures rétroactives d’Hydro-Coaticook s’est invitée à l’assemblée du conseil municipal de lundi soir (10 mars). Dans une rencontre particulièrement houleuse, plus d’une trentaine de citoyens touchés par la problématique ont fait part de leur mécontentement aux élus.
Malgré ces témoignages bourrés d’émotions, le maire de Coaticook, Simon Madore, bien qu’empathique face à la situation, a indiqué qu’il entend demeurer sur sa position. Il a cependant ouvert la porte à un possible référendum sur la question pour que la population se prononce sur le dossier. « On va se pencher sur la question, laisse-t-il entendre. Il reste à prouver la légalité du processus. Il faut aussi se poser la question à savoir si c’est légal que les gens ne paient pas leurs factures [en entier]. »
À la suite d’une séance du conseil mouvementée, le maire de Coaticook, Simon Madore, a participé à une mêlée de presse. (Photo Le Progrès de Coaticook – Vincent Cliche)
« On est conscient que ça vient toucher des petits commerces et des familles, poursuit le premier magistrat. C’est normal que ce soit émotif. Ça vient nous chercher, nous aussi. »
Certaines personnes ont avancé que le lien de confiance entre elles et Hydro-Coaticook avait été rompu. « On ne fait pas bande à part dans toute cette histoire. Il y a malheureusement eu une erreur [dans le branchement des compteurs], mais on ne sait pas d’où elle provient. De notre côté, on ne cherchera pas de coupable », explique l’élu.
Le maire Madore exclut donc la possibilité d’une enquête. « Si ç’avait été clair, on aurait déjà sorti les courriels, les gabarits, mais là, on ne peut pas mettre le doigt sur le coupable. On a fait notre travail à l’interne. Je ne m’engage pas à pousser une enquête [qui pourrait mener à ce que la partie responsable puisse payer via une assurance responsabilité civile]. Comment ce travail-là pourrait-il coûter? Quel genre d’enquêteur ça prendrait? On n’en est pas là. On est plus du côté à aider nos citoyens, à faire en sorte de ne pas perdre de commerces. »
Rappelons que la situation des factures d’Hydro-Coaticook touche environ une centaine d’abonnés. Des ententes peuvent être prises avec la Municipalité pour étaler les paiements, et ce, sans intérêts. Coaticook affirme qu’une vingtaine de factures restent à être envoyées aux personnes touchées.
« ÇA FAIT MAL »
Pendant près de deux heures, les citoyens touchés par ces erreurs de branchement de compteurs ont défilé un à un pour raconter leur situation. Parmi eux, Guillaume Nadeau, de la Ferme Rédeau, à Coaticook, qui doit remettre une somme évaluée entre 80 000 $ et 100 000 $ à la Municipalité pour sa consommation d’électricité. « À écœurer les entrepreneurs comme vous le faites, ça se peut qu’ils n’aient plus le goût de faire des projets de développement économique ou social dans votre région. Personnellement, j’étais porteur d’un [tel] projet. Un projet collectif d’une trentaine de fermes, avec une construction de 40 millions de dollars. Avec le comportement de la Ville, je n’ai plus d’intérêt d’en être le porteur. »
Un réajustement de ces factures d’hydroélectricité aura une incidence sur les prix des biens de son commerce, mentionne Yoann Parideans, de la boulangerie Ô Terroir. « De votre côté, vous pouvez vous assoir sur la loi. Moi, en tant qu’entrepreneur, je dois m’adapter. Je suis sur le côté de l’échange volontaire. Ça se peut que mes clients aillent ailleurs. Tout ça affectera mes coûts de rentabilité. Ma facture vient de grimper de 2,8 fois. Ça crée un gros stress. »
Jean Huppé dit être en colère après avoir reçu les comptes supplémentaires. « Ça fait mal, lance le propriétaire de la miellerie Pur délice, un trémolo dans la voix. Pour pouvoir arriver et soutenir mon entreprise, j’ai été obligé de retirer mes rentes et certains placements aussi. Savez-vous ce que ça fait à notre santé mentale? Notre qualité de vie, on n’en a plus. »
Le propriétaire du IGA Coaticook, Dominic Arsenault, souhaite quant à lui une meilleure transparence. « Il faut penser mettre en place un système pour que les gens soient plus vigilants face à leur consommation d’électricité. Hydro-Coaticook a également la responsabilité d’assurer l’exactitude de sa facturation », plaide-t-il.
Mona Riendeau, qui jusqu’à tout récemment, était propriétaire du Coffret de l’imagination, croit qu’il faut trouver un coupable dans cette histoire et que c’est plutôt à lui de payer. « C’est comme si on avait gagné 50 000 $ à la loterie et que, plus tard, on se fait dire que finalement ce n’était que 30 000 $ et qu’on doit redonner les 20 000 $. Ça ne se fait pas. Ces sommes, ça peut faire toute la différence si une entreprise peut passer à travers ou non. »
Parmi les autres organismes touchés par ces erreurs de facturation, notons également l’église Saint-Edmond ainsi que le Centre de services scolaire des Hauts-Cantons et de nombreuses écoles.