Entre deux campagnes électorales avec Marie-Claude Bibeau

POLITIQUE. Depuis qu’elle a quitté ses fonctions à titre de députée de Compton-Stanstead en avril dernier, Marie-Claude Bibeau affirme être en rattrapage sur sa vie personnelle. L’ancienne élue dit en profiter au maximum ces jours-ci, car un autre défi l’attend déjà: la course à la mairie de Sherbrooke.
Depuis le scrutin fédéral, Mme Bibeau dit à la blague qu’elle est dorénavant “une femme libre”. “Lorsque je prenais la parole à titre de ministre [elle a géré les portefeuilles du Développement international, de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire ainsi que du Revenu national durant ses dix années en poste], ce n’était pas Marie-Claude qui parlait, mais bien le Canada. C’est à la fois un privilège, mais aussi une responsabilité qui est lourde à porter. Disons que je me tournais souvent la langue sept fois avant de parler”, dit-elle en riant.
Ce “rattrapage” s’est traduit, au cours des dernières semaines, en de nombreuses rencontres avec des amis qu’elle n’avait pas vus depuis longtemps. Passer du temps de qualité avec son fils Mathieu, son conjoint Bernard et ses parents demeurent par ailleurs parmi ses priorités absolues. Elle affirme tout de même qu’il est difficile pour elle de décrocher. “Mon loisir, c’est de travailler. J’y retrouve du plaisir”, raconte la principale intéressée.
RETOUR SUR LES ÉLECTIONS
Marie-Claude Bibeau avait annoncé en octobre dernier qu’elle ne se représenterait pas dans Compton-Stanstead pour un quatrième mandat. Elle a donc suivi la campagne, qui s’est terminée le mois dernier, avec un “certain détachement”. “J’étais en pleine confiance de laisser le comté entre les mains de Marianne [Dandurand, la candidate libérale qui lui a d’ailleurs succédé]. Je sais de quoi elle est capable. C’est une femme très professionnelle et compétente. Ça faisait quatre ans que je travaillais avec elle. Elle connaît très bien la machine et possède un gros réseau de contacts. C’est comme si je lui donnais mon bébé. Je n’avais aucune raison d’être angoissée. Je pouvais partir l’esprit en paix. Elle a d’ailleurs remporté une majorité écrasante, que je n’ai même pas eue moi-même. C’est certain que je vais regarder son travail et celui d’Élisabeth [Brière, députée fédérale de Sherbrooke]. Si je suis élue mairesse de Sherbrooke en novembre prochain, elles deviendront des collaboratrices de premier ordre”, insiste-t-elle.
L’ancienne porte-couleurs du Parti libéral du Canada regrette-t-elle toutefois sa décision d’avoir quitté alors que sa formation politique effectuait une remontée dans les sondages avec l’arrivée du nouveau premier ministre Mark Carney? “Aucunement, lance-t-elle avec aplomb. Ma décision a été murement réfléchie. Je n’ai pas décidé de quitter Ottawa, mais plutôt d’offrir mes services à Sherbrooke. J’ai donné dix ans de ma vie à ce palier de gouvernement et je suis très fière de ce que j’ai pu accomplir. Je suis très sereine d’avoir passé le flambeau.”
DÉJÀ ENGAGÉE DANS SA CAMPAGNE
Même si elle n’a pas encore donné le coup d’envoi officiel à sa campagne [celui-ci aura lieu quelque part en juin], Mme Bibeau dit déjà être “110 % engagée” dans ses nouvelles fonctions de candidate à la mairie de Sherbrooke. “J’ai récemment réaménagé mon sous-sol en bureau de campagne. Mon équipe ne cesse de s’élargir. On a récemment tenu une première rencontre de bénévoles et on était une soixantaine à la maison. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui viennent vers moi, qui m’encouragent. C’est très motivant.”
Elle se dit prête à troquer ses lunettes de députée pour celles de mairesse. “La différence est majeure, tient-elle à souligner. Le rôle est bien évidemment différent. Lorsqu’on parle de dossier, comme celui du logement, au fédéral, on avance des programmes. À la mairie, on est dans le concret, dans la planification, on fait des partenariats avec les intervenants. Tu cherches davantage à comprendre le besoin et à influencer ces mêmes programmes pour qu’ils servent mieux ta communauté.”
FAIRE SES DEVOIRS
Avant de lancer officiellement sa campagne, Marie-Claude Bibeau dit être à l’étape de “faire ses devoirs et d’analyser les dossiers prioritaires”. “L’habitation est évidemment un incontournable, plaide-t-elle. Même chose pour la question du développement économique, qui a été mis sur la glace depuis de nombreuses années.”
Elle cite également les sports et la culture à titre d’enjeux sur lesquels elle portera une attention particulière.
“Je veux surtout parler de partenariats. Ce sera réellement important de rebâtir la confiance au sein du conseil municipal ainsi qu’avec les fonctionnaires. Je veux aussi bâtir des ponts avec les organismes, les institutions et les entrepreneurs”, explique la candidate indépendante.