Atteinte d’un cancer du sein, Josée Gaudet pose un nouveau regard sur la vie

COMPTON. Au printemps 2022, Josée Gaudet a reçu une nouvelle que personne ne voudrait entendre. Elle est atteinte d’un cancer du sein assez agressif. « Ç’a frappé fort, mais je refuse de me laisser abattre. Aujourd’hui, j’ai décidé d’arrêter de travailler, de prendre du temps pour moi. J’apprends à poser un nouveau regard sur la vie, tout en vivant avec ce petit crabe qui me gruge de l’intérieur », image-t-elle.

Tout a commencé lors d’un rendez-vous médical il y a deux ans et demi. « C’était pour une prise de sang, la routine, quoi. L’infirmier m’avait alors fait remarquer que ça faisait trois ans que je n’avais pas passé de mammographie. Je n’avais jamais eu de rappel, probablement en raison de la pandémie. J’ai donc décidé de prendre rendez-vous », explique-t-elle.

Deux semaines s’écoulent après le test. On la rappelle et on lui demande de venir accompagnée au bureau du médecin. « Pour ma part, ça n’annonçait rien de bon. En effet, ils ont trouvé une masse dans ma poitrine. On a décidé de faire une biopsie, juste pour confirmer, puisque j’avais déjà eu une réduction mammaire en 2019. Ç’aurait pu simplement être des cellules qui ont été nécrosées. Malheureusement, le résultat a été positif. En quelques semaines seulement, la masse était passée de la grandeur d’un petit pois à celle d’un dé à coudre. »

Le 30 juin 2022, Josée Gaudet passe sous le bistouri pour lui enlever la masse. L’opération a été un succès. Reste que le score de récidive de ce cancer assez agressif est très élevé. 

Lors des traitements, elle n’a opté que pour la radiothérapie. « Je trouvais la chimiothérapie trop invasive. J’ai vu plusieurs de mes amies qui sont décédées du cancer et qui ont eu ces traitements. Je les ai vues dépérir à petit feu et je ne voulais pas que ça m’arrive. La chimio attaque aussi ce qui fonctionne dans notre corps. Et comme j’avais des problèmes de foie et d’estomac, je ne voulais pas prendre de chance. »

Une fois le protocole médical terminé et avec une santé qui allait tout de même mieux, la femme de 59 ans s’est envolée vers le Costa Rica. C’est là qu’elle s’est remise en question. « La vie m’avait envoyé un signal. Avais-je besoin de m’étourdir autant avec le travail et passer à côté de ma vie? J’avais les moyens financiers d’arrêter. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai voulu profiter de la vie. »

Mme Gaudet a donc vendu ses parts au sein du Marché de la ferme Beaulieu, à Waterville. Elle a également arrêté ses activités quotidiennes à la ferme des Vallons maraîchers, à Compton. 

LA BONNE DÉCISION

Un an après avoir pris cette décision, l’agricultrice de Compton ne regrette absolument rien. 

« Au début, je me sentais coupable. J’ai vite appris à bien vivre avec ça. J’ai peut-être arrêté mon travail aux Vallons, mais j’ai conservé mes rendez-vous avec la clientèle du Marché de soir, les jeudis. J’adore aller à la rencontre de clients que je sers depuis maintenant une trentaine d’années. C’était important pour moi de conserver ce lien. Et, après tout, j’adore parler d’agriculture et de légumes. »

LES VOYAGES

Avec un peu plus de temps pour elle-même, Josée Gaudet s’est aussi transformée en globe-trotter. Son voyage au Costa Rica l’a marquée. « C’est un pays avec des valeurs environnementales, ce qui me rejoint particulièrement. J’y ai d’ailleurs acheté une petite villa pour y retourner souvent. »

Plus tôt cet été, elle a également fait un safari photo en Tanzanie. « Quand j’étais jeune, on regardait Tarzan à la télé et on jouait à être ces personnages. Là, cette expérience, je l’ai vécue pour le vrai. L’hormone du bonheur, la dopamine, je l’avais accotée. J’avais toujours le sourire là-bas. C’est ce que je recherche. »

Dans sa « bucket list », elle souhaite également visiter le Chili et la Grèce, en plus de parcourir les quatre coins du Québec.

UN CONSEIL EN TERMINANT

Si elle a un conseil à offrir aux personnes d’un certain âge, c’est de ne pas hésiter de consulter. « Je le sais, ce genre de test n’est jamais agréable, mais il pourrait sauver des vies. La masse que j’avais, on ne pouvait la sentir au toucher puisqu’elle était trop près des pectoraux. Si on ne l’avait pas détectée, peut-être qu’elle aurait pu se propager davantage. Je ne le dirai jamais assez, c’est important de consulter », martèle-t-elle.