La région de Coaticook en vedette dans le film « Des hommes, la nuit »

CINÉMA. Il régnait une certaine fébrilité dans l’air, le 20 mai dernier, alors que l’équipe du long métrage « Des hommes, la nuit » est débarquée à Coaticook, Compton et Waterville pour y tourner plusieurs scènes. « C’est vraiment excitant atteindre cette étape, car il s’agit de notre première journée de tournage », raconte le réalisateur sherbrookois Anh Minh Truong, qui planche sur ce projet depuis près d’une décennie.

Il faut remonter en 2014 pour connaître la genèse de ce projet. « Disons que ça ne date pas d’hier, rigole le principal intéressé, qui a écrit le scénario avec son collègue Steve B. Bernard. Comme toutes les productions, nous avons été à la recherche du financement via des institutions comme la SODEC et Téléfilm Canada. À cette étape, il y a beaucoup d’appelés et très peu d’élus. À la fin de 2020, après avoir passé de nombreux tours, notre projet n’a pas été retenu et n’était plus accessible au financement public. Pour plusieurs, c’est là que le projet meurt et que le scénario est remisé sur une tablette. Heureusement, Laurent Allaire et Véronique Vigneault [qui était alors directrice du BEAM à l’époque] ont sauté sur le projet. Nous avons été supportés par de nombreuses entreprises, institutions et par une grande campagne de sociofinancement. C’est là que nous avons adopté une tangente 100 % estrienne. »

Cette particularité du long métrage prend tout son sens lorsqu’on sait que le film a d’abord été créé à Sherbrooke. « Mes racines sont ici. Quand je l’ai écrit, dans ma tête, tout se passait dans la région. S’il se passe une scène dans une pharmacie, pour moi, ça se passait au Pharmaprix, sur le boulevard Bourque. Si le projet avait obtenu le financement public, il y a fort à parier que le film aurait été tourné à Montréal. Je suis quand même heureux de mettre en lumière l’Estrie. »

« L’Estrie n’est pas assez racontée dans ce domaine, rajoute-t-il. Oui, il y a des productions qui s’amènent, mais nous servons seulement de décors ou même de substitutions à d’autres histoires. Là, on reconnaîtra Coaticook, Sherbrooke, Magog, Lac-Mégantic et Val-des-Sources. Ce qui est plaisant aussi, avec notre « timing », c’est que la région est prête à nous accueillir. Il y a encore certains défis, notamment au niveau de la main-d’œuvre, mais c’est fou à quel point nous avons obtenu le soutien de tous nos partenaires. »

UN FILM CHORALE, UNE DISTRIBUTION HORS PAIR

« Des hommes, la nuit », est en fait un film chorale, qui raconte l’histoire de Louis, Steve et Michel. « L’action se passe dans la même nuit, dans la même ville », explique M. Truong.

Louis, incarné par Matai Stevens, vivra son bal de finissants, Steve, joué par Jean-Moïse Martin, deviendra papa, tandis qu’on retrouve Michel (Pierre Verville) à l’aube de sa retraite. « Je voulais mettre l’emphase sur ce vertige que nous vivons lors de ces grandes étapes de notre vie. Ce sera très drôle et très touchant à la fois. »

La distribution comprend aussi de grandes pointures, telles que Édith Cochrane, Sonia Vachon et Richard Turcotte. Certains rôles ont aussi été offerts à des comédiens de Coaticook, comme Marie-Pier Audet et Alice Madore.  

Pour Marie-Pier, qui a côtoyé Anh Minh Truong sur différents plateaux au fil du temps, le courant a rapidement passé entre elle et le réalisateur. « Ç’a vraiment cliqué. J’aime beaucoup ce qu’il fait comme travail. C’est quelqu’un de très inspirant. Le fait qu’il mise sur l’Estrie, qu’il ait cette conscience plutôt que d’aller vers Montréal, ça me rejoint », lance celle qui jouera une collègue de Michel, le futur retraité dans l’histoire.  

UN PLATEAU VERT

En plus des défis imposés par le petit budget disponible pour cette aventure, la production a opté pour un virage vert. Soutenue par la firme Gamma, l’équipe tentera par plusieurs moyens de diminuer l’empreinte écologique laissée par le tournage. « Diminution d’ustensiles et de verres à usage unique, covoiturage, diminution des impressions sont quelques moyens que nous mettrons en place pour réduire notre impact. On ne le fait pas pour flasher ou parce que c’est à la mode, mais simplement parce que c’est nécessaire », affirme la productrice Véronique Vigneault, qui a d’ailleurs fait produire pour chaque membre de l’équipe une gourde et des ustensiles réutilisables. 

RETOUR DANS LA RÉGION

L’équipe du film « Des hommes, la nuit » reviendra tourner quelques scènes dans la région de Coaticook en juin prochain. Au total, 25 journées seront consacrées au tournage du long métrage. 

Le produit final sera présenté en salle à la fin de 2023 ou encore en 2024. « Ultimement, ce n’est pas moi qui décide, commente le créateur Anh Minh Truong. On vise cet horizon. Et disons que j’ai très hâte d’arriver à cette étape. »