L’art de tirer profit d’une situation pénible

PSYCHOLOGIE. Pendant que la majorité des gens s’isolent et s’inquiètent en pleine crise sanitaire de la COVID-19, la psychologue Pierrette Desrosiers voit déjà des effets bénéfiques au terme de cette intense période de confinement.

Cette spécialiste qui habite la MRC de Coaticook ne banalise pas pour autant ce coronavirus qui fait des ravages aux quatre coins de la planète. Selon elle, il faut évidemment se distraire et se prendre en main pour éviter la déprime. Elle espère aussi que certaines nouvelles habitudes prises pendant le confinement demeurent pour que les gens retrouvent les valeurs de base et les éléments essentiels à la vie, dès le retour au train-train quotidien.

«On pourrait réduire l’individualité et le consumérisme, suggère Mme Desrosiers. Misons plutôt sur de meilleurs choix collectifs. Retrouvons nos valeurs fondamentales et traditionnelles, comme l’histoire mondiale l’a prouvé lors de précédentes pandémies.»

Elle cible plus particulièrement l’industrie alimentaire. Elle espère que les gouvernements et les consommateurs profiteront de l’occasion pour développer une réelle souveraineté alimentaire et une politique d’achat local.

«Les gens prennent de plus en plus conscience qu’il faut acheter des aliments produits dans la région, observe-t-elle. Ce mouvement prenait déjà de l’ampleur, mais j’ai l’impression qu’il va s’installer dans la vie de tous les jours de la population. Je pense que les consommateurs éviteront les denrées provenant de l’extérieur du Québec, surtout après avoir vécu une phobie d’attraper des microbes et des virus.»

Mme Desrosiers estime qu’il s’agit d’une excellente occasion pour comprendre l’importance de bien se nourrir. Selon elle, cette philosophie mettra en valeur le travail des producteurs agricoles de la région, «qui œuvrent déjà inlassablement pour mettre des aliments de qualité dans les assiettes».

Ce geste de solidarité aidera grandement les producteurs agricoles, une industrie marquée par de nombreux problèmes. «La COVID-19 contribue au stress des producteurs, qui sont déjà aux prises avec des changements de température, la pollution, des inondations, des taxes à la hausse et des revenus à la baisse, par exemple», énumère-t-elle.

Selon cette spécialiste, certains producteurs risquent la détresse si on ne les encourage pas et s’ils ne se prennent pas en mains. Malgré la lourdeur de la tâche, elle suggère souvent et encore aux producteurs de penser davantage à leur santé mentale et physique. «Je leur répète de s’occuper d’eux autant qu’ils cajolent leur bétail ou entretiennent à la perfection leurs terres, dit-elle. La famille et l’entreprise agricole n’iront pas mieux si leur leader est malade», prévient-elle.

Pierrette Desrosiers accorde une grande importance à la santé mentale des producteurs agricoles. À ses yeux, le degré de détresse est plus élevé en agriculture que dans toutes les autres sphères d’activités. Plusieurs seraient déjà à bout de ressources.

«Le coronavirus est un tracas de plus, prévient-elle. Il risque de faire déborder la marmite, de faire chambouler l’esprit. Je suggère d’emprunter de bonnes habitudes de vie, comme bien dormir et relaxer, avant que le stress force un producteur à s’évader dans l’alcool. Les décisions à prendre sont meilleures lorsqu’on est reposé. Chaque producteur doit se demander s’il a les moyens de ne pas gérer son stress?»